dimanche 28 juin 2009
Dans la brume...
mercredi 24 juin 2009
Vols...
Hier soir, veille de la Fête Nationale, 21h passé.
J'avais presque terminé. Il ne me restait qu'à placer le tissu sur la table et à tailler la jupe, lorsque j'entendis un bruit étrange… Mon estomac? Non. Ça semblait plutôt venir du vestibule. Jules alors? Peut-être.
En sortant de l'atelier, par la porte française qui donne sur l'entrée arrière, je vis que celle qui mène à l'extérieur était restée grande ouverte. Il était temps de faire rentrer le chat et de fermer pour la nuit. Alors que je me dirigeais vers la porte, je faillis marcher sur quelque chose qui était tombé sur le plancher de l'entrée. Malgré ma
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… aussitôt, je compris qu'un voleur avait sans doute pénétré dans la maison, profitant du fait que mon ventre affamé n'avait pas d'oreille. Mais il me fallait une autre preuve et je savais où la trouver. Courageusement, je repoussai de la main les noctuelles qui me tournaient autour et allai tirer le rideau qui cache habilement le désordre de la penderie. Rien… j'eus beau regarder attentivement… plus rien. Le sac de graines pour oiseaux qui était là quelques heures auparavant, avait disparu. Il ne restait pas la moindre écaille, ni même un petit bout de sac de plastique. Rien…
Malgré l'absence d'indice, je reconnus le modus operandi de mon voleur. Nul besoin de faire une enquête; le coupable, c'était lui. Maintenant que je connais son audace, il ne me reprendra plus à oublier la porte de mon moulin grande ouverte le soir venu.
Comment? Vous vous demandez pourquoi diable j'étais encore à l'atelier en cette soirée de festivités, alors que Baladine m'avait invitée à aller la rejoindre pour écluser quelques bières? Et que je travaillais sur la jupe de S.E. alors qu'il restait plus d'une semaine avant son cours?
Voilà… c'est que demain je m'envolerai à destination d'Halifax. Ce que j'y ferai pendant sept jours? La grasse matinée, des balades sur le port et la découverte de jolis coins de la Nouvelle-Écosse. J'en profiterai aussi pour me délester de mes préoccupations et pour ne penser qu'au moment présent. Je ferai bombance: de bonne bouffe, d'air marin et de bonheur. Je m'en mettrai plein les yeux. Je m'en mettrai plein le cœur.
dimanche 21 juin 2009
La farce cachée…
Hier, c'était l'anniversaire de Bôf-Adoré. A-t-il eu droit à son "very early morning tea" au lit? À un souper entre amis bien arrosé? À un gâteau sur lequel il restait de moins en moins d'espace pour les bougies? L'histoire ne le dit pas.
Cependant, ce que je sais, c'est que Grande Sœur lui réservait une surprise. Parce que son époux est adorable, enfin, c'est ce qu'elle dit, elle lui a offert une escapade dans une ville magnifique. À l'heure où j'écris ces lignes, ils doivent déjà y être. Ah… comme c'est romantique!
De mon côté, j'ai profité du Solstice d'été pour entreprendre une activité que je remettais de mois en mois… depuis plus de deux ans! Si c'était romantique? Non, pas du tout. Je dirais plutôt: étonnant, saisissant, un brin insolite et très salissant. Très très salissant, même.
Ceux qui habitent une maison depuis plus de dix ans le savent. C'est incroyable ce qu'on peut accumuler des choses inutiles et parfois même, étranges. Je dois dire qu'Ex n'avait pas son pareil pour conserver tout plein de trucs "au cas où".
Si le contenu du grenier ne m'inquiète pas trop, comme celui de la cave, ce qui s'est amassé au fil des ans sous la galerie et dans l'espace que surplombe le vestibule arrière qui est sur pilotis, lui, me faisait craindre le pire. Alors je m'y attaquai.
Dans un premier temps, je commençai par retirer tout ce qui m'empêchait d'accéder à la partie plus éloignée qui était fermée par une bâche. Les sept boites à fleurs fraîchement repeintes furent installées sur les équerres aux fenêtres, des pelles rouillées et des râteaux surnuméraires furent déposés sur ma pelouse en avant et trouveront sûrement preneur, et le vieux BBQ qui n'a plus de brûleurs sera probablement récupéré pour le métal. Des dizaines de sacs de terre… vides furent jetés aux ordures et un énorme contenant de goudron qui faisait "flic-flac" sera dirigé vers un éco-centre avec quelques gallons de peinture vides. Puis, je fis une trouvaille intéressante: 4 pneus d'été sur leur roue, en très bon état. Mon garagiste, après leur avoir jeté un coup d'œil, m'a assuré qu'ils pourront être installés sur mon véhicule en remplacement de ceux, usés, sur lesquels je roule depuis trop longtemps. Cool, hein?
Une fois l'espace sous la galerie vidé, je soupirai de soulagement. Le plus gros était fait. Enfin, c'est ce qu'il me sembla au premier coup d'œil.
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Mais c'était avant d'avoir soulevé la bâche et découvert la face cachée du dessous du vestibule. Je compris que, loin d'en avoir terminé avec le ménage, il ne faisait que commencer.
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.C'est drôle comme je pense à Ex dans ces moments là…
vendredi 19 juin 2009
Le temps des marguerites…
Hier après-midi, en revenant de mon traitement d'acupuncture, je vis que de gros bouquets de Leucanthemum vulgare avaient fait leur apparition sur le bord des routes. Le blanc immaculé de leurs ligules contrastait joliment avec le vert éclatant de l'herbe mouillée.
La marguerite est une de mes fleurs préférées; elle est humble, robuste et sait parler d'amour … un peu, beaucoup, passionnément.
En admirant cette profusion de chrysanthèmes, j'ai réalisé à quel point le printemps était avancé. Vous ne serez sans doute pas surpris d'apprendre que je n'ai pas la notion du temps qui passe. Et que je remarque très peu celui qu'il fait. Avons-nous eu de la pluie au point de ne pas m'apercevoir que l'été se pointait? Fus-je si occupée à l'intérieur que je n'ai pas réalisé que les fleurs étaient en pleine éclosion?
Ah! Le temps des marguerites… celui des vacances estivales, des terrasses et de la peau qui prend une jolie teinte dorée. C'est aussi le temps des rencontres entre amis, des retrouvailles avec Grand Frère, Grande Sœur, Maman et Frérot. Celui où on laisse la porte grande ouverte pour que Jules puisse faire de la maison un moulin où on entre et on sort à sa guise comme le font les mouches et autres bibittes qui ont rapidement compris le principe.
Cette année, l'apparition des Chrysanthemum leucanthemum coïncidera avec ma disparition graduelle du paysage estrien. Arrivée le 1er septembre 1991, ce seront dix-huit années que j'aurai passées en Estrie dont seize à North Hatley.
Contrairement à la marguerite, je n'ai pas encore senti le besoin de m'enraciner quelque part. L'Abitibi m'a vu naître, Québec m'a vue sortir de mon cocon, Montréal m'a électrisée, St-Jérôme n'a fait que passer, Sherbrooke m'a accueillie et North Hatley m'a enchantée. Si aucun grain de sable ne vient enrayer l'engrenage, ce seront les Laurentides qui me verront renaître.
Il me tarde de découvrir des paysages tout neufs, d'ajouter à mon panorama de nouveaux visages, se sentir une énergie nouvelle et de troquer ce confort enlisant pour des défis stimulants. Vivement aussi qu'il y ait moins de kilomètres entre moi et l'Abitibi où vit encore une partie de ma famille et de nombreux amis.
Pour moi, le temps des marguerites sera synonyme de fermeture de mon entreprise, de finalisation des contrats en cours, de recherche d'un nouveau nid et de déménagement. Ce sera également le temps des aurevoirs et des adieux, des sourires et des larmes, des promesses et des ruptures. Après tout, c'est aussi ça, la vie...
Comme Grand Frère est très perspicace et reconnaît de loin les gros sabots lorsqu'il en voit venir, il doit déjà comprendre que je délaisserai, pour un moment, mes Contes de Fée.
Pour me faire pardonner, il y aura des photos de ce grand branle-bas qui visera à mettre en carton quatorze années d'accumulation de livres, de vaisselle, de dossiers, de garnitures, de tissu, d'outils, de machins-trucs, de bibelots, de tableaux et une multitude de souvenirs éparpillés de la cave au grenier.
Si les prochaines semaines risquent d'être un peu, beaucoup occupées, il y aura cependant un doux entracte. Et je compte le vivre passionnément, à la folie…
mardi 16 juin 2009
Une image vaut mille mètres...
lundi 15 juin 2009
Refiler au suivant...
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dimanche 14 juin 2009
Bon débarras...
Soixante dollars; c’est tout ce que j’ai pu tirer de mes quelques vieilleries étalées sur le bord du trottoir de la rue Principale à St-Georges de Windsor, hier. Parce que je n’ai pas l’habitude des ventes-débarras et que le marchandage n’est pas dans ma nature, c’est au second client que j’ai décidé de réduire mes prix afin que plus personne n’ait envie de négocier. C’est pendant un creux, entre deux averses, que je me suis souvenue pourquoi, les années passées, je me contentais de déposer mon fourbi sur mon terrain, devant de la maison. Le lendemain, il ne restait plus rien.
Malgré ma fourgonnette qui était remplie à craquer, il me reste encore trop de choses dont il me faudra me débarrasser. Il y a quelques trucs que j’essaierai de vendre via les petites annonces, d’autres qui sont sans valeur et bons que pour la casse, d’autres encore trouveront preneur au bord de la rue, mais il y en a tout plein qui ont beaucoup de valeur… sentimentale. Comme cette couchette pour bébé dans laquelle Grand-Frère, Frère Disparu, Grande Sœur et moi avons dormi. L’ancienne chaise-haute en bois et cette très vieille lampe sur pied qui provient d’un salon funéraire d’Amos.
Comment me résigner à vendre pour leur valeur en métal, mes pancartes de boutique qui ont été fabriquées par Indra, un ami artisan? Puis les deux magnifiques pôles en demi-lune qu’il a fignolées et qui seraient géniales dans un loft. Quant à la grande enseigne asymétrique, elle ferait une si originale table de jardin! Me déciderai-je à vendre les trois élégants meubles qui étaient utilisés comme présentoirs, eux qui sont ultra solides et lourds et qui peuvent servir de bureau pour ordinateur ou de console pour la télé? Et ces splendides coupons de toile de Jouy : ne pas les conserver alors que je les imagine en ravissants coussins de lecture? Et que dire du vieux mannequin ajustable avec son pied en métal ouvragé qui serait si charmant une fois restauré?
D’un autre côté, j’aimerais bien oublier la dizaine de caisses d’archives qu’il faudra descendre du grenier; je pourrai sans doute en jeter une ou deux, mais les autres, je devrai les conserver. Les plus récents bilans, rapports, factures et autres paperasses me suivront jusqu’en 2016. Brrrr… juste à y penser, j’en ai froid dans le dos. Quant aux autres boites, trop nombreuses, il me faudra les ouvrir une à une pour vérifier ce qu’elles contiennent : certaines datent de 1995. J’y trouverai sans doute des babioles, des souvenirs, des photos et peut-être quelques mystères.
En pensant à ce déménagement qui semble vouloir se concrétiser, il me vient une grande envie de légèreté. J’aimerais me libérer de tout ce qui m’encombre, de tout ce qui est inutile et ne conserver que l’essentiel, que ce qui me touche. Parce qu’il arrive parfois que nos acquis deviennent fardeau, nous empêchant de nous envoler plus haut, de voyager plus loin.
Je crois que je suis prête pour un grand débarras!
vendredi 12 juin 2009
Les poules et moi...
mercredi 10 juin 2009
À la mode de Saint-Pierre...
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Les âmes vagabondes...
Les âmes vagabondes. Vous connaissez? C'est le titre du roman qui me retient prisonnière depuis une semaine. L'auteure est Stephenie Meyer, celle qui a écrit la série Fascination (Hachette Jeunesse) dont je n'avais jamais entendu parler mais qui, selon Camille, héritière de Baladine, était époustouflante.
Alors, pour titiller votre esprit curieux, voici le résumé du premier roman pour adultes qu'a écrit cette auteure au talent hors du commun (des mortels…).
"La Terre est envahie. L'humanité est en danger. Nos corps restent les mêmes, mais nos esprits sont contrôlés. Melanie Stryder vient d'être capturée. Elle refuse cependant de laisser place à l'être qui tente de la posséder. Quelque part, caché dans le désert, il y a un homme qu'elle ne peut pas oublier. L'amour pourra-t-il la sauver?".
S'il est bon ce récit? Mieux que ça. Excellent? Le mot est faible. J'utiliserais plutôt les épithètes captivant, prenant, envoûtant…
Tellement que … euh, vous ne le direz pas à ma mère si je vous confie un secret? Promis? Alors voilà… un jour de la semaine dernière, je ne sais plus trop lequel, au lieu de retourner à l'atelier après mon dîner, et bien… j'ai dévoré des pages et des pages du roman. J'étais à ce point ensorcelée que je n'arrivais plus à m'arrêter. Car, dans l'histoire, M. qui en fait, est V. mais s'est fait rebaptiser G., ne savait plus où elle en était ni d'ailleurs, où elle était. Puis soudain, vlan! Tout a basculé et … Driiiiiiiiiiiinnnnnnnnnngggggggg! Mon cœur a fait une pirouette dans ma poitrine et j'ai bien failli tomber en bas de ma chaise berçante.
C'était mon ami le Scarabée au téléphone. Alors j'ai pris ma voix de designer très très occupée et je lui ai dit que je l'étais vraiment et que je le rappellerais plus tard. Bon, ce n'était pas tout à fait un mensonge…
Fée-brile, je repris ma lecture. Les événements se mirent à se bousculer sans que je n'aie rien vu venir (quand même…) puis M., alias V. et dorénavant G., comprit où elle était et surtout, qui elle était…C'est à ce moment précis que je perdis tout à fait le contrôle de mon esprit. Malgré l'heure qui passait, mes mains refusèrent obstinément de lâcher le roman auquel elles se cramponnaient. Il ne me restait plus qu'un choix; un seul. Continuer à lire.
Des 617 pages du roman, j'en ai lu plus de 500 et l'angoisse me gagne à chaque mot, à chaque paragraphe. La fin est pour bientôt… J'ai bien peur que de tourner la toute dernière sera humainement impossible et que j'y perdrai mon âme.
lundi 8 juin 2009
Mille excuses...
Ça y est, il ne m'en reste plus aucun. De nombreux et motivés, ils sont passés à nuls et obsolètes.
Oh! Ils ne sont pas disparus comme ça. Au contraire, cela leur a pris un certain temps, quelques uns d'entre eux semblant prendre un malin plaisir à s'étirer. Je n'allais quand même pas m'en plaindre!
Au début, il y en avait tout un tas, plus incontestables les uns que les autres. Mon esprit en avait même fait une liste qu'il s'empressait de me faire énumérer dès qu'on lui en donnait l'occasion. Comme s'il avait voulu se justifier et ainsi paraître sincèrement embêté de me contraindre à l'immobilisme.
Mais c'est bel et bien terminé, comme vous pouvez le constater:
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Considérant que je n'ai plus rien à raturer sur ma liste de prétextes;
Considérant que j'ai honte chaque fois que quelqu'un vient chez moi;
Considérant la cécité qui menace ma petite maison rouge et avec elle, la disparition des arbres, du lac et même du ciel, enfin, vus de l'intérieur;
Je suis dans l'obligation, que dis-je, dans la nécessité, de commencer le nettoyage des fenêtres. Vingt-quatre en tout… Ou seize plus huit… Bref, deux douzaines.
Misère…
samedi 6 juin 2009
vendredi 5 juin 2009
Pauses-café...
Claudine n’eut pas besoin d’insister pour que je l’accompagne au Café North Hatley cet avant-midi. J’escamotai les deux-trois petits contrats qui pouvaient bien attendre à ce soir, à demain ou pourquoi pas, à après-demain…
Il va sans dire que c’est notre café préféré. Pour elle, il évoque une oasis paisible où elle prend le temps de s’arrêter. Elle s’assoit toujours au même endroit, à la table pour quatre dont les fenêtres donnent sur la rue Main, dans la section du fond. Il m’est arrivé de la découvrir attablée seule, la tête appuyée sur sa main, le regard tourné vers l’extérieur et ses pensées, vers l’intérieur.
C’est à ce café que j’y rencontre Céline, parfois la semaine, souvent le samedi. Il lui suffit d’entendre claquer mes talons sur le plancher de son atelier de couture, situé au rez-de-chaussée, pour qu’elle délaisse ses travaux d’aiguille et me suive à l’étage. C’est notre rituel. Notre table à nous, c’est celle tout au fond, près de la fenêtre nord. Toujours, Céline s’assoit dos à l’ordinateur et, immanquablement, les feuilles de la plante monstrueuse posée derrière moi me chatouillent la nuque.
Il m’arrive aussi d’y aller seule. Je choisis alors la petite table au fond, loin des fenêtres où il fait bon lire, ou encore celle près du comptoir d’où je peux observer le ballet de Charlène et d’Olivier qui sont les âmes du Café North Hatley.
Ce café fut le témoin de ma rencontre avec l’ami Steeve, au lendemain d’une tempête de neige. J’y fis la connaissance de Lise et de son amie Claudine qui devint, par la suite, aussi la mienne. J’y amenai mes amis de passage, Abitibiens, Campivallensien, Montréalais et même mon unique et très lointain Saint-Pierrais.
J’aime cet endroit vieillot, avec son papier peint qu’on dirait d’origine, avec ses vieux planchers de bois joliment usés par les pas de ceux qui y ont défilé, avec son plafond de lattes blanches et ses larges boiseries. Construit en 1907 pour la Banque des Cantons de l'Est, l’édifice a conservé toute sa splendeur. Loin de l’agitation et du bruit, l’ambiance y est calme et le temps prend plaisir à s’écouler lentement, comme si demain n’existait pas.
mercredi 3 juin 2009
Que la lumière soit...
Ce soir, j'ai suivi le chemin qu'emprunte Baladine chaque semaine. Le soleil descendait sur l'horizon lorsque je traversai la ville, me dirigeant vers le nord. À peine quelques kilomètres plus loin, la verte campagne s'étira paresseusement sous les derniers rayons, exhalant ses suaves parfums d'herbe fraîchement coupée. Des oiseaux sautillaient dans les champs à la recherche d'insectes et malgré les tièdes 15 degrés au thermomètre, on aurait cru que l'été venait de se poser sur le paysage vallonné.
J'avais, à mon tour, rendez-vous avec le seigneur des nuits de Baladine. Toutefois ma quête à moi n'était pas celle de l'extase et des plaisirs épidermiques, ravissements qui parfois jettent de la poudre aux cœurs.
Ce que je cherchais, c'était la lumière. Une belle, une puissante. Pas de celle qui éclaire l'extrémité du tunnel, mais le tunnel tout entier. Je n'en pouvais plus de ce voile qui cachait l'essentiel. J'en avais assez de ne pas voir plus loin que le bout de mon nez…
Ce que je désirais, le seigneur me l'offrit sur un plateau d'argent. Ce soir, après avoir emprunté la route qui mène Baladine au 7e ciel, les ténèbres des jours passés firent place à l'illumination. La lumière jaillit devant moi, éclaboussant l'obscurité.
Et la lumière fut… deux fois plutôt qu'une…
Merci S. d'avoir si gentiment remplacé les phares de ma fourgonnette qui étaient atteints de cataracte héréditaire, la rendant presque aveugle et moi, un véritable danger public!
lundi 1 juin 2009
La rencontre ...
La première chose que je remarquai fut la couleur de ses cheveux. Ses fines boucles rousses et décoiffées auréolaient sa petite tête ronde, lui donnant un air sauvage.
Malgré ses langes blancs, je devinai que l'enfant était une fille. On l'avait couchée dans un porte-bébé lequel avait été déposé sous l'escalier qui menait au restaurant, à l'étage. Ses parents furetaient dans la boutique, profitant vraisemblablement du sommeil de leur fillette.
En général, je craque davantage pour les bêtes que pour les petits des humains. Mais, cette enfant m'attirait comme un aimant et je m’approchai d’elle pour admirer sa chevelure de feu. Comme si elle avait senti ma présence, elle ouvrit les yeux et me fixa gravement.
Au milieu de son visage à la peau très claire, qu'on aurait dit translucide, ses yeux d'un bleu étrange semblaient aussi lumineux qu’un ciel d’été. J’étais littéralement captivée par ce regard à la couleur indicible. Alors, au lieu de me détourner, je me penchai au-dessus de l’enfant. Comme si elle m'attendait, la petite fille tendit vers moi ses deux bras minuscules. C'est à ce moment que je remarquai que le droit se terminait avant le coude, pauvre petit moignon inachevé.
Sans me soucier de ce qu'en penseraient ses parents, je pris la fillette tout contre moi et mes yeux s'attachèrent aux siens. Nous restâmes ainsi de longues minutes, silencieuses, immobiles.
Soudain, derrière moi, une voix murmura :
- Elle ne parle pas.
Par ces quelques mots, sa mère m'informait que je ne devais m'attendre à aucun babillage, à aucun mot car son enfant était autiste. Sans rien ajouter de plus, elle s'en retourna, me laissant avec sa fille qui, elle, ne me quittait pas des yeux.
De manière irréfléchie et sans me soucier d’inquiéter ses parents, je gravis l'escalier avec mon léger fardeau et j'allai me réfugier sur le palier, dans un angle étroit où, je le savais, personne n'allait jamais. Je m'assis à même le sol et m'appuyai le dos au mur. Les genoux fléchis, je déposai la petite fille sur moi, mes cuisses lui servant de dossier.
Alors, l'inimaginable se produisit… L'enfant ouvrit la bouche et prononça un premier mot, puis un deuxième. Ensuite, ce fut un flot de paroles qui franchirent ses lèvres, comme si le temps lui était compté. De ses confidences, je ne retins absolument rien, subjuguée que j’étais par l'étrange situation. J'étais bouleversée car je comprenais qu'elle m'avait choisie, entre tous, pour être le témoin de sa guérison.
Ses parents, des touristes de passage, vinrent me dire qu’il était temps pour eux de partir. Une vague de tristesse me submergea et j'eus du mal à me séparer de la fillette. Malgré le peu de temps passé ensemble, un lien indescriptible s’était noué. Solide et insolite…
De la fenêtre de la boutique, je regardai la voiture grise dans laquelle prenait place la petite famille. Soudain, comme mue par une force intérieure, je sortis et me précipitai vers le véhicule.
- Attendez! Criai-je.
Ses parents me dévisagèrent un instant, surpris.
- Ne bougez pas! Je reviens tout de suite!
Au pas de course, je retournai à la boutique. Sur une tablette, j'avais déposé des pierres fines et précieuses. Sans hésiter, je choisis celle qui était d'un bleu ciel intense, comme les yeux de l'enfant.
Je me précipitai à nouveau vers la voiture et, par la vitre baissée de la portière, je remis à la fillette, devenue entre temps une jeune femme au visage ingrat, la pierre bleue.
- C'est un souvenir afin que tu ne m'oublies pas. Lui dis-je.
Émue, elle saisit la pierre et la porta à son cœur en étouffant un sanglot. Ses mains nouées se tendirent une dernière fois vers moi en signe de reconnaissance et elle fit un effort pour me sourire à travers ses larmes. Je réalisai soudain que son bras droit n’avait plus aucun handicap.
Un vieil homme, que je devinai être son grand-père, était assis à côté de la jeune femme. Il se pencha un peu vers moi et me dit:
- La dernière fois que c’est arrivé, c'était en Chine.
Puis la voiture démarra, fit demi-tour et s'éloigna.
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Samedi matin, lorsque je m’éveillai, ce rêve étrange, au lieu de s’estomper, se fit tenace. Malgré que ce ne fut qu’un songe, je me souviendrai longtemps de cette rencontre fascinante et surtout, de ce regard de saphir brut.