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Depuis des semaines, c'est une lourde chape grise et humide qui pèse sur le moral des troupes déployées dans le Nunavik.
Presque du jour au lendemain, le mi-automne s'est installé, nous privant des parfums de fin d'été et des tièdes journées qui nous auraient rappelé que l'hiver est encore loin. Le soleil se fait rare en cette saison des pluies; il peine à percer la masse nuageuse compacte et s'il y réussit, l'espace d'un trop court instant, il est vite relégué au dernier plan par les stratus annonciateurs de mornitude et de vague à l'âme.
Les nombreuses journées de pluie ont transformé les chemins et les terrains en bourbiers où les piétons pataugent pour se rendre au travail, envieux de ceux qui ont la chance de posséder un véhicule. Même les inconditionnels de la marche-matin-et-soir se laissent aller à quémander une place auprès du premier collègue-automobiliste ou VTTiste venu.
Au travail, chacun tente d'afficher son plus beau sourire malgré le ras-le-bol de l'attitude, qu'on dit inhabituelle, de dame Nature. Alors, pendant les pauses et sur l'heure du lunch, on y va de sa future destination de vacances, de la date du prochain "annual leave" ou, pour ceux qui sont au Nord temporairement, de la joie que sera le retour au "Sud".
Les activités de plein air se raréfient et, à l'exception des vrais mordus, on pratique le cocooning. On est plus nombreux à se rejoindre au Kuujjuaq Inn le vendredi à 17h et les invitations aux 5 à 7, aux soupers entre amis ou aux "tea parties" se multiplient.
Pour ma part, je profite de ces retraites forcées pour refaire le plein, pour lire et, le week-end, faire des siestes avec Mimi. Nous n'allons plus marcher, puisque le vent et la pluie rebutent mademoiselle qui préfère, et de loin, le farniente aux rencontres impromptues de ses pairs quelquefois envahissants ou belliqueux qui, eux, ne se formalisent pas d'avoir le pelage trempé. Son exercice ne consiste plus, si le temps lui plait, qu'à un bref tour du pâté de maisons. Je me demande parfois si nos promenades dans les rues de Saint-Sauveur lui manquent.
Avec le soleil qui se lève de plus en plus tard et qui, bientôt, se couchera à l'heure des poules, il faut s'armer de patience et trouver sa propre recette qui nous permettra de passer à travers les prochains mois sans trop y laisser de plumes, sans trop avoir le cœur à la flotte.
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