Je ne l’avais pas revu depuis l’accident. Dès notre arrivée à l’hôpital, on l’avait transporté dans une salle au fond du corridor. Il avait fallu faire vite et le stabiliser pour éviter que sa blessure ne s’aggrave. Les larmes aux yeux et le cœur serré par l’angoisse, j’avais décliné son identité et répondu à la préposée à l’accueil tant bien que mal, l’esprit embrouillé.
«Il devra être opéré. Immédiatement.», m’avait annoncé le docteur un instant ou un siècle plus tard.
Puis il avait été question d’autorisation, de risques postopératoires, de cicatrices importantes, de … je ne sais plus trop.
«Si vous le voulez, je vous téléphonerai après l’opération pour vous donner des nouvelles.», avait dit le médecin, compatissant.
Le lendemain, en poussant la porte du petit hôpital, j’avais senti mes jambes trembler. Une odeur de désinfectant m’était montée aux narines, me soulevant l’estomac que j’avais déjà au bord des lèvres.
Comment allait-il réagir en me voyant? Allait-il s’agiter? Allais-je flancher?
«Il ne sera pas beau à voir… nous avons dû lui faire de nombreux points de suture et installer un drain afin que le liquide s’écoule…», m’avait-on avertie.
Puis, on m’avait conduit à la salle où d’autres patients impatients récupéraient, certains en gémissant, d’autres silencieusement.
Mes yeux avaient rencontré les siens, tout au fond de la pièce tamisée… il m’attendait.
Mon Jules fut victime d’un étrange accident lundi dernier; il s’en fallut de peu qu’il lui soit fatal. Après avoir manqué à l’appel toute la journée, ne réapparaissant pas toutes les heures pour venir croquer quelques grains de moulée comme il le faisait d’habitude, je l’aperçus près de la porte qui donne sur le jardin. Une fois à l’intérieur, son comportement me parut insolite et malgré qu’il m’ait signifié qu’il voulait retourner dehors, je décidai de ne pas le laisser sortir.
C’est au moment où je voulus le prendre pour aller le porter dans «sa chambre» le temps que je m’occupe d’une cliente qui venait d’arriver et éviter ainsi qu’il ne se faufile à l’extérieur, que je vis qu’il avait un trou énorme et béant au ventre.
Opéré d’urgence, moins d’une heure plus tard, l’intervention se déroula bien et à la lumière de l’examen préopératoire, on m’assura qu’aucun organe n’avait été touché. La déchirure était à ce point importante et la peau tellement abimée, que le médecin n’eut d’autre choix que de découper tout le tour de la plaie. Lorsque vint le temps de recoudre le ventre de Jules, il dut tirer ce qui restait, effectuant involontairement un drapage très peu esthétique.
Le drain fut retiré samedi et les points le seront vendredi prochain. D’ici là, minet est au repos complet, doit porter un collier élisabéthain et subir le très désagréable moment, deux fois par jour, d’ingérer un antibiotique en comprimé jeté au fond de sa gorge. Pauvre, pauvre Jujules…
Quant à la clé des champs, mon chat n’est pas prêt d’être autorisé à la prendre. D’ici à ce qu’il soit entièrement guéri, j’aurais trop peur qu’il y laisse sa peau …
Le drain fut retiré samedi et les points le seront vendredi prochain. D’ici là, minet est au repos complet, doit porter un collier élisabéthain et subir le très désagréable moment, deux fois par jour, d’ingérer un antibiotique en comprimé jeté au fond de sa gorge. Pauvre, pauvre Jujules…
Quant à la clé des champs, mon chat n’est pas prêt d’être autorisé à la prendre. D’ici à ce qu’il soit entièrement guéri, j’aurais trop peur qu’il y laisse sa peau …