dimanche 13 septembre 2015

Le bonheur en berne ...


Vendredi prochain, j'irai me recueillir à l'Église Sainte-Rose.  Si les cathédrales sylvestres m'émeuvent davantage que celles des hommes, mon cœur déserté trouvera peut-être un certain réconfort en écoutant les chants et les louanges qui retentiront entre les murs de pierres.

J'y serai entourée de parents, d'amis, d'anciens collègues, de clients et de fournisseurs, tous encore sous le choc d'un départ tout aussi subit qu'inimaginable, tant celui dont nous célébrerons la mémoire était  rieur, passionné et débordant de projets excitants.

C'est en septembre 2014 que notre collaboration avait débuté, quelques mois seulement après la réalisation de son rêve d'ouvrir une boutique-atelier à Saint-Sauveur, notre ville d'adoption à tous deux.  Nous avions rapidement sympathisé et, à ce moment, je ne savais pas encore qu'il détenait la clé qui devait me permettre de quitter cet emploi qui barbouillait ma nature et ma joie de vivre depuis plus de 2 ans.

D'abord quelques heures, puis quelques jours amputés à mon premier emploi et nous avions convenu que le temps était venu pour moi de faire le saut, même si nous reconnaissions que le parachute n'était peut-être pas à toute épreuve.  C'est ainsi qu'à la fin d'avril dernier, je m'étais offert LE cadeau d'anniversaire: l'annonce à mon employeur principal que je quitterais mes fonctions d'adjointe administrative avant le prochain Noël ou dès qu'il aurait trouvé à me remplacer, afin que je puisse épauler mon complice couturier dans son projet d'expansion.

Nous avions bon espoir que ce serait une réussite;  sa passion, son charisme, sa folie et nos expériences complémentaires allaient faire de ce rêve, un fantasme réalisé.  De son côté, des négociations allaient bon train pour le déménagement de l'atelier-boutique dans un local plus grand et prestigieux en plein cœur de l'effervescence de Saint-Sauveur;  du mien, j'avais réussi à recruter celle qui prendrait ma relève chez mon employeur principal et qui me permettrait, non seulement de consacrer plus de temps à la couture, mais aussi à la création d'une minicollection réclamée par notre clientèle.

Nous en étions là, mercredi dernier le 2 septembre, lorsque je suis allée lui livrer une robe de chambre que je venais tout juste de terminer; nous avions échangé sur nos préoccupations familiales et domestiques, il m'avait montré le contrat laborieux sur lequel il s'échinait et je lui avais raconté le dernier prototype sur lequel je travaillais.

C'est en fin d'après-midi, lundi le 7 septembre, à mon retour d'un court séjour en Abitibi, je j'appris que Sylvain Labelle, mon complice, mon confident, mon "Boss préféré" et mon co-rêveur avait subitement perdu la vie.

Malgré mon bonheur en berne et un cœur rempli du vide de ton absence, je te promets Sylvain que je me retrousserai les manches et que tu seras fier de moi.  Je te fais la promesse qu'après t'avoir pleuré, je trouverai la force de me réinventer un rêve, même si la déchirure provoquée par ton départ sera bien longue et difficile à raccommoder…




Mes pensées vont à ton amoureux Peter, à ta maman Annette, à ta fratrie ainsi qu'à tes "filles" Doris et Athéna qui guetteront ton retour, jour après jour…