dimanche 31 janvier 2010

Matière à sourire ...


«Vous savez ce que vous devriez faire? », dis-je à ma cliente qui était venue chercher deux pantalons qu’elle m’avait demandé d’ajuster.

«Non ?»

«Vous devriez attendre d’avoir trois ou quatre pantalons à faire raccourcir et les confier à votre ancienne couturière. Ainsi, vous rentabiliseriez votre visite à Ste-Adèle en plus d'économiser sur le coût des ourlets. »

«Euh… non, je n’ai pas envie de retourner à Ste-Adèle, j’aime ça venir ici!» s’empressa de répondre la dame.

Bon! Une chose de réglée!

En fait, cette cliente trouvait que mon tarif de $15, pour avoir raccourci son pantalon de laine et avoir cousu l’ourlet à la main, était trop élevé. Car, me disait-elle, son ancienne couturière ne lui réclamait que $10 pour un travail similaire. D'où ma suggestion…

Cette cliente, somme toute plutôt gentille, est toujours inquiète lorsqu’elle me confie un vêtement. Chaque fois qu’elle me demande de rétrécir un pantalon ou une jupe sur les côtés, elle me souligne que je devrai faire attention pour ne pas arrêter ma couture abruptement, que ça pourrait faire une bosse, mais qu’évidemment, elle n’y connait rien et que je saurai sûrement comment faire. Puis, en examinant les corrections que j’ai apportées, elle trouve toujours une anomalie.

«Je vais le porter et si ça m’agace trop, je reviendrai…», me dit-elle alors. Et jamais je ne revois ledit vêtement.

Vous savez quoi? Cela me fait sourire... J’ai bien l’impression que cette cliente n’a pas fini de me fournir de la matière à écrire!

vendredi 29 janvier 2010

Introduction sans effraction ...


«Il y a quelqu’un?» lançai-je par la porte entrouverte?

«Y a-t-il quelqu’un?», répétai-je un peu plus fort en m’avançant dans l’embrasure. Ma voix résonnait entre les murs de l’appartement vide. Mais l’était-il vraiment? Sincèrement, je l’espérais. J’hésitai à entrer, mais d’un autre côté, il fallait que j’en aie le cœur net. Comme il n’y avait pas de carpette, je déposai le pied sur les lattes de bois et retirai une botte neigeuse, puis la seconde avant de refermer la porte.

«Hou! Hou!», fis-je en m’avançant dans la grande pièce qui faisait office de salle à manger et de salon, mes chaussures dans une main. Un poste de radio était allumé quelque part. Je jetai un coup d’œil dans la minuscule cuisine à ma droite: personne.

Je retournai dans le salon et empruntai le corridor qui menait vraisemblablement aux chambres.

«Ho! Il n’y a personne?”, dis-je d’une voix de moins en moins assurée, regrettant de ne pas avoir apporté mon cellulaire, un bâton ou ma poivrière remplie de Cayenne.

En face de moi, une porte vitrée était fermée et, au travers, je ne vis rien de suspect. Au bout du corridor, à droite, j’aperçus une baignoire ancienne dont le contour avait été repeint en brun. Elle était heureusement vide tout comme la pièce. Puis soudain, un bruit me fit sursauter. Je n’eus que le temps de faire un pas en arrière, qu’une forme noire surgissait d’une chambre à ma gauche, pour disparaître dans le salon.

«Y a-t-il quelqu’un?», criai-je une dernière fois avant de rebrousser chemin. J’hésitai un instant et, des yeux, je balayai la table à la recherche d’un bout de papier et d’un crayon. Ne trouvant ni l’un ni l’autre et n’ayant pas trop envie que la propriétaire des lieux me découvre dans sa salle à manger, je sortis précipitamment, sans toutefois verrouiller la porte.

De retour chez moi, et après quelques recherches sur internet, je signalai un numéro et laissai ce message sur une boite vocale.

«Bonjour Madame L., j’habite en face de chez vous. Vers 10h45 j’ai aperçu la porte de votre maison grande ouverte et comme c’était plutôt étrange, je suis allée voir de quoi il en retournait. D'ailleurs, vous remarquerez l’empreinte de mes pas sur votre galerie et, j’en suis désolée, deux petites flaques de neige fondue sur le parquet de votre salle à manger. Ah, oui, j’ai croisé un chat noir dans votre maison ; j’espère que c’est le vôtre…»

Mon esprit fertile avait imaginé un tas de scénarios, passant du cambriolage au braquage à domicile, de l’attaque cérébrale à la jambe cassée et de l’amnésie à la maison hantée. Heureusement, je n’eus à effectuer aucune manœuvre de réanimation, à simuler être ceinture noire en karaté, ni à appeler en renfort un exorciste ou des représentants de la force policière.

Dans cette aventure qui n’en est même pas une, les seules qui en conserveront peut-être des séquelles, sont les pauvres plantes qui ont passé un mauvais quart d’heure, si ce n’est davantage, près de la porte béante qui laissait entrer le froid de canard qui sévissait aujourd’hui.

mercredi 27 janvier 2010

En mille miettes ...


Ce matin, j’ai appris que mon p’tit homme n’était plus. Celle à qui je l’avais confié me l’a annoncé dans un courriel qui ne donnait que peu de détails. Je n’aurais pas dû lui demander qu’elle m’explique comment, à 6 ans seulement, Pixel avait quitté ce monde prématurément. Parce que maintenant, je sais que j’aurais pu faire quelque chose, comme payer pour les soins d’un vétérinaire qui lui aurait sauvé la vie ou, du moins, qui aurait abrégé ses souffrances lorsqu’il n’y eut plus rien à faire. Mais, dans les deux cas, il est trop tard…

Pixel fut mon complice, mon ami, presque mon enfant. Avec lui j’ai ri, j’ai joué, je me suis brouillée puis réconciliée.

Jamais plus je ne verrai sa petite bouille impayable, sa queue en tirebouchon et ses yeux si expressifs, si intelligents. Je n’aurai plus à réfréner mon envie d’aller le réclamer à celle qui était sa nouvelle maîtresse. Je n’ai plus aucune chance de le croiser lorsque je retournerai à North Hatley, ni de le caresser et de le laisser me mordiller les doigts et me lécher le nez.

Maintenant qu’il est trop tard, je regrette de m’être séparée de lui… et mon cœur est en mille miettes.


Si le vôtre vous en dit, voici les liens de billets dont Pixel fut la vedette :

La fin des regrets / 4 kilogrammes de terreur / Les carottes sont crues / Chien chaud / Joyeuses Pâques / L’amour / Repos du guerrier / Comme chien et chat / Avant de partir



lundi 25 janvier 2010

Piège à sourires ...


Nous avions craint de ne plus jamais la revoir. Nous l’avions pourtant cherchée partout où elle aurait pu trouver refuge. Je crus même l’avoir aperçue, samedi dernier, chez le marchand de nourriture pour animaux, mais si l’autre lui ressemblait comme une sœur, ce n’était pas notre amie.

Je songeai même à lancer un avis de recherche sur Facebook, mais je n’avais aucune photo récente de Simone. Sans sa présence, la maison semblait bien silencieuse. Sa voix, un peu stridente, nous manquait. Comme sa mine réjouie et la patience dont elle faisait preuve même lorsqu’on lui marchait sur les pieds.

Simone est entrée dans nos vies il y a presque deux mois. Si au début elle eut du mal à faire l’unanimité sous mon toit, elle devint rapidement une compagne appréciée, enjouée et toujours prête à rebondir, quoi qu’il arrive

La semaine dernière, sans crier gare, elle disparut, comme ça… Au début nous ne nous sommes pas trop inquiétés, persuadés qu’elle allait réapparaître. Mais les jours passèrent et son absence perdura. Où était-elle? Que lui était-il arrivé? Comment avait-elle pu disparaître ainsi, comme aspirée par le temps ou par quelque force obscure, lesquelles étaient peut-être les mêmes, allez savoir …

Et puis ce matin, un miracle se produisit. Alors que je me versais un thé brûlant, j’eus une intuition… j’aurais parié tout ce que j’avais, euh… pas vraiment tout, mais au moins $0.50, que je savais où s’était réfugiée Simone.

Je la découvris, prise au piège sous la desserte de la cuisine. Avec pour seule compagnie quelques moutons gris, la petite chose attendait que je la sorte de là.

Devinez qui fut le plus heureux?

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C’est l’anniversaire de Maman et de Grande-Sœur aujourd’hui.
Bon anniversaire!
Happy Birthday!

dimanche 24 janvier 2010

Dear John ...


John est un homme de peu de mots, tout comme son père, dont la seule passion dans la vie était de collectionner de la monnaie ancienne. Sa mère? Elle les a quittés alors que John n’avait pas encore un an.

Depuis hier, John se confie à moi, il s’ouvre comme jamais il ne l’avait fait auparavant. Malgré sa réserve, il se raconte et, dans ses mots, je sens la douceur des souvenirs, la nostalgie qu’ils éveillent et, peut-être, de la résignation.

«Dear John», écrit par Nicholas Sparks, est le cadeau de Noël que je me suis offert. Ma connaissance de la langue de Shakespeare est limitée, toutefois j’arrive sans peine à suivre le déroulement de l’histoire, à ressentir l’émotion qui s’en dégage et je parie qu’avant d’arriver au 11e chapitre, j’aurai versé quelques larmes.

J’ai renoncé à chercher dans le dictionnaire anglais-français chaque mot qui m’est inconnu, sinon j’en serais encore au prologue. Cependant, de temps à autre, j’ouvre mon Harrap’s et c’est ainsi que j’ai appris que «odd» signifie «bizarre» et que «nod» est un signe de tête ou un hochement. Bon, c’est un début…

Si au fil des pages il m’est agréable de découvrir des expressions et d’observer la structure des phrases, je ne crois pas réussir à saisir toutes les subtilités de la plume de Nicholas Sparks. Peu importe, ce roman me procure un réel plaisir et, même si le magazine Life assure qu’il me brisera le cœur, j’irai jusqu’au bout. Mais ça, vous le saviez déjà…




vendredi 22 janvier 2010

Fée-blesse littéraire ...


Vous aimez les navets et les très mauvais films de série B? Vous raffolez des clichés remâchés? Vous vous tordez de plaisir devant des analogies inimaginatives? Vous bavez salivez lorsqu’on vous sert des histoires insipides dont les personnages sont sans intérêt et les scénarios franchement mal ficelés?

Si oui, vous aimerez peut-être «Coup de foudre au zoo» de Zoë Barnes. Misère! J’ai finalement réussi à en tourner la dernière page tantôt et, entre nous, il était temps! Je n’ai pas aimé ce bouquin. Je ne me suis pas attachée à ses personnages. Je n’ai pas ri, même pas souri. J’ai bougonné devant l’insignifiance du récit, maugréé en parcourant ce roman bâclé qui aurait pu, comme ses œuvres précédentes, être raisonnablement drôle et honnêtement peaufiné.

Ce roman d’une auteure anglaise traduite dans plus de dix pays ne m’a procuré aucun plaisir. Non, aucun. Alors, direz-vous, pourquoi diable me suis-je torturée à lire chaque mot de ses 404 pages? Simplement parce que je suis comme ça : je déteste ne pas aller jusqu’au bout de ce que j’ai commencé.

Bon, je sais, ça aussi ça peut être assez insignifiant…

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jeudi 21 janvier 2010

Au-delà de toute attente ...


Je sais bien qu’il me faudra l’attendre encore un peu. Que je devrai me contenter de rêver de lui, de l’imaginer rayonner sur ma vie. Et pourtant, chaque jour, je pense à lui. J’aimerais sentir sa chaleur sur ma peau, me délecter de ses odeurs.

Dans l’attente, je continue ma route, malgré les obstacles qui s’y accumulent certains jours, malgré le froid qui me glace les mains, jamais le cœur.

Que puis-je faire d’autre que l’attendre? M’évader peut-être? Pour tenter d’oublier son absence? Sous quels cieux se trouve celui qui, bientôt, sera là? Est-il possible qu’il soit déjà en route? Qu’il me revienne plus tôt que prévu?

Aujourd’hui, avec ce chaud soleil qui brille, je reprends espoir… bientôt il sera là.

Le 21 mars, le printemps me reviendra...

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Coeur à gagner ...


J’étais profondément endormie lorsqu’on vint me secouer. «Je reviendrai te chercher dans une demi-heure!», dit une voix d’homme.

Encore dans le brouillard, je me demandai comment j’allais arriver à me préparer en si peu de temps. N’empêche, je sautai en bas du lit et, vingt-neuf minutes plus tard, j’étais prête …

En le voyant, j’avoue que je ne le reconnus pas; grand, ses cheveux blonds coupés court, il ressemblait à Brian Adams. « Te voilà enfin! » s’exclama-t-il en me tendant la main.

Nous nous retrouvâmes dans un grand hall d’exposition où il me fit découvrir ses œuvres. J’y vis des pièces ravissantes dont plusieurs coqs en papier mâché, des bols, des sculptures et d’étranges petites sphères multicolores. Un visiteur me fit remarquer à quel point l’artiste était ingénieux : quand des pièces s’abimaient pendant leur fabrication, il les assemblait pour en faire de nouvelles ce qui, entre autres, donna des coqs à quatre pattes, mais à une seule tête.

Je me promenais entre les étagères lorsqu’on m’interpella : «Salut! Que fais-tu ici?», me dit en souriant un homme grand, mince et à la tignasse brune et bouclée que je n’eus aucune peine à reconnaitre.

J’étais dans de sals draps! Le sosie de Brian ne connaissait pas l’existence du grand brun et vice-versa. Comment avais-je pu me mettre dans un tel pétrin? L’heure des choix venait de sonner, toutefois je me sentais tellement tiraillée que je ne savais que faire. Et puis, il me répugnait de décevoir l’un ou de chagriner l'autre.

Je ne sais trop ce qui fit pencher la balance. La détermination du blond intrépide? Le renoncement du trop effacé grand brun? Il n’en demeure pas moins que, lorsque le premier me dit avec un sourire plein d’assurance « Dans 24 heures, j’aurai gagné ton cœur…», je le crus.

Plus tard, à la fin de la soirée, l’artiste m’amena dans son atelier, un ancien garage reconverti, où je l’aidai à transporter un très long et très lourd tapis en coco coloré. Nous montâmes ensuite l’escalier qui menait à un petit appartement et, sans détour, le grand blond m’annonça qu’il désirait que je l’accompagne aux États-Unis la semaine suivante où il allait participer à une grande exposition.

Je ne pus m’empêcher d’avoir une pensée teintée de regret pour l’amant que j’avais éconduit quelques heures plus tôt et c’est à ce moment que … la voix de René Homier-Roy m’arracha à mes rêves. Il était 6h30.

mercredi 20 janvier 2010

Dumbo peut aller se rhabiller ...


Hier soir, une demi-heure plus tard que ma résolution ne l’aurait souhaité, j’étais dans la salle de bain à me brosser les dents. Soudain, la porte s’entrouvrit et, hésitante, une tête apparut dans l’embrasure.

«Entrez, monsieur», dis-je en me poussant un peu pour faire de la place.

Le «monsieur» en question ne se fit pas prier et, malgré une évidente timidité, il se faufila derrière moi. J’avais sorti de l’armoire tous les petits pots de lotion et de crème qu’il me fallait pour me démaquiller lorsque …

«Prrrrrrprrrrrrrrr...»

En me retournant, je vis mon Jules assis sagement, la tête levée vers moi et les yeux quémandeurs. «Rrrrrprrrrrr», répéta-t-il pour s’assurer que j’avais bien compris.

Lorsque je lui montrai la bouteille d’huile d’amande douce, il ronronna de plus belle et souleva sa patte droite. Je ne lui en avais pas donné depuis plus de cinq mois, mais «monsieur» se souvenait de notre rituel de fin de soirée.

En plus d’être le plus beau et le plus intelligent, mon chat n’a-t-il pas une mémoire Fée-noménale?
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mardi 19 janvier 2010

À gorge déployée ...


Malgré mon réveil qui avait sonné l’alarme dès 6h30, une heure et demie plus tard, j’étais encore au lit. Ma seule excuse: la nuit blanche passée à gigoter pour trouver une position qui me ferait oublier la tension musculaire qui sévissait près de mon omoplate droite. Je commençai donc ma journée un peu en retard, ce qui ne m’empêcha pas de me livrer à ma séance d’exercices nettement moins matinale que celle d’hier.

Trente minutes plus tard, après avoir enfilé un jean et des chaussettes de laine, j’étais en train d’étaler une épaisse couche de crème hydratante sur mon visage rosi par le dernier mouvement, le «squat sur une jambe» que Josée Lavigueur qualifie d’exercice «plus intense que les autres», lorsque le téléphone sonna. Il était 8h50.

Au pas de course je me précipitai sur l’appareil qui reposait sur son socle dans l’atelier.

«Bonjour! Est-ce que je te dérange?». C’était H., propriétaire de la boutique de Chicoutimi à qui je n’avais parlé depuis mon départ de North Hatley.

«No-non, pas du tout!», répondis-je en essuyant le surplus d’«Élastine de Swiss Herbal» sur ma gorge et mes bras. Ce faisant, je coinçai le combiné entre mon oreille et mon épaule gauche et … ouch! Je sentis une vive douleur quelque part près de mon grand rhomboïde droit.

Pendant une vingtaine de minutes, j’échangeai des nouvelles avec H., l’écoutant me raconter le succès inattendu qu’eut la version originale (1999) de mon pantalon Cléopâtre à un salon de la mariée qui se tenait la semaine dernière, et de la réaction de la foule, enfin de 3 ou 4 personnes qui, après l’avoir vu défiler sur le podium, avaient assailli H. en scandant « J’en veux un! J’en veux un!) …

Tout en parlant à H., je déambulais dans la maison, passant du salon à la cuisine et de la cuisine à la salle de couture. «Brrr, c’est drôlement frisquet ce matin!», me dis-je en remontant les toiles du solarium et en ouvrant les rideaux qui cachent les portes vitrées de l’atelier. Et là, dans le reflet du verre je vis quelque chose de très peu professionnel … moi, babillant au téléphone, à demi vêtue…

Encore heureux que la mère de mon client-comptable, ce matin, se soit annoncée avant de venir chercher les pantalons de son fils!

dimanche 17 janvier 2010

Mise en scène ...


«Désolée, j’ai les mains froides», lui dis-je en remontant un peu sa chemise. Sur la peau de son ventre légèrement enrobé et couvert d’une fine toison brune, son pantalon était tendu et je lui demandai de défaire le bouton et de descendre sa braguette.

«Oh! Six centimètres!», m’exclamais-je.

«Vous pouvez faire quelque chose avec ça?», me demanda le jeune homme, en retenant son pantalon.

«Hum, sans aucun doute…», fis-je en soutenant son regard.

Puis, après lui avoir intimé de ne plus bouger, je m’agenouillai à ses pieds tandis qu’il s’abimait dans le reflet de la glace et peut-être aussi, qui sait, dans de sombres calculs.

Entre 13h30 et 14h15 cet après-midi, le même scénario se répéta trois fois et, à la fin, l’homme parut visiblement plus détendu. Avant de partir, la main sur son portefeuille, il me demanda combien il me devait.

En souriant, j’assurai à mon nouveau client, un jeune et sympathique comptable, qu’il pourrait me payer à sa prochaine visite lorsqu’il viendra chercher ses 3 pantalons que j’aurai raccourcis et dont deux auront été agrandis à la taille.

vendredi 15 janvier 2010

Question d'habitude ...


Mes Anglais, après avoir entassé leurs bagages dans la voiture de leurs amis adélois, m’ont quittée pour aller casser la croute sur la rue Principale. Un peu plus tard, ils empruntaient l’autoroute 15 qui allait les mener à leur dernière escale avant leur retour en Angleterre. La semaine prochaine, ils reprendront leur routine et retrouveront leurs vieilles habitudes.

De mon côté de l’océan, je me lèverai un peu plus tôt ce qui ne m’empêchera pas de me coucher tout aussi tard. Dès demain, je rétablirai la règle qui veut que tout repas soit servi avec un bouquin, malgré le risque qu’il encourt de finir avec des taches de sauce tomate ou de vinaigrette.

C’en sera fini des exercices sommaires exécutés dans ma chambre dont le thermostat est réglé à 17C. Après avoir déroulé mon tapis de yoga dans le salon, je me remettrai à la salutation au soleil, suivie de trois ou quatre mouvements qui, selon Josée Lavigueur, raffermiront certaines parties de mon anatomie. (Yes!!!)

En compagnie de HabsFanDan, je reprendrai l’habitude d’aller marcher une quarantaine de minutes, cinq matins par semaine. Ensemble, nous irons nous attabler de temps à autre à la Brûlerie des Monts, elle devant un thé au jasmin et moi, un Jour-blanc. J’irai aussi parfois seule, dissimulée derrière un roman ou griffonnant dans mon cahier d’exercices en création littéraire, épiant d’un œil le torréfacteur et ses sourires.

Ce sera le retour des siestes occasionnelles et paresseuses du milieu d’après-midi, auxquelles Jules participera sans se faire tirer les moustaches. Je reprendrai mes longues conversations téléphoniques avec mon ami Martin; il me dira mes quatre vérités et se moquera gentiment de moi, de mes rêveries d’adolescente et de mes attentes insensées, mais tellement romantiques.

Et je penserai à Grande-Soeur et Bôf-Adoré qui ont dû renouer avec leurs cours de dessin, de piano et, avec un peu de chance, peut-être même avec le golf. Je me dirai que malgré ma nature sauvageonne, il m’est toujours agréable de les recevoir et que ce sera une joie d’attendre leur prochain séjour, quelque part en juin.

D’ici là, Jules et moi réintégrerons notre précieuse bulle, en ronronnant de bonheur et de contentement.

mercredi 13 janvier 2010

S.O.S. Haïti ...


Au lendemain de la catastrophe sans nom qui a frappé nos lointains voisins haïtiens, j’ai vaqué à mes occupations toutes bêtes, toutes simples.

En avant-midi, j’ai réalisé un échantillon de couvre-mitaines en prévision du cours de couture pour lequel j'ai commencé à recevoir des inscriptions. Puis, en compagnie de ma nouvelle amie HabsFanDan, je suis allée siroter un «jour-blanc» à la Brûlerie où le torréfacteur, me reconnaissant, me fit un gentil sourire. En sortant sur la rue Principale, je me suis rendue à mon marché d’alimentation préféré où je remplis trois gros sacs de victuailles. Un saut à une pharmacie du chemin du Lac-Millette me permit d’acheter un petit pot au rayon des cosmétiques et pour Grande-Sœur, un bracelet Pur Noisetier. À mon retour chez moi, inspirée par le contenu du frigo et talonnée par mon estomac qui avait un petit creux, je mijotai une soupe aux légumes.

Pendant que Radio Canada diffusait son bulletin de nouvelles qui faisait état d’une centaine de milliers de victimes suite au tremblement de terre qui a dévasté Haïti, des effluves de potage au chou et poireau envahissaient ma cuisine, promesse d’un repas savoureux et sain.

Pour nous, ce qui est d’une désarmante banalité peut, pour d’autres, ressembler au paradis. Chaque fois que j’entends ces nouvelles bouleversantes de séismes, de guerres, de famines ou de peuples privés de leur liberté, je remercie la vie, le ciel et le destin pour le toit au-dessus de ma tête, pour l’eau qui coule à flot de mes robinets et pour l’existence qui est la mienne et que j’ai pu choisir sans avoir à me battre.

Si on n’y prend garde, on peut oublier la chance incroyable qui est la nôtre. Il devient alors facile de nous plaindre: de l’été trop pluvieux, de l’hiver trop long, de ce qu’il en coûte pour aller au cinéma, pour s’offrir un café ou prendre un taxi.

Pour ceux et celles qui en ont envie et qui le peuvent, il est possible de partager un peu de leur bonne fortune en cliquant juste ICI. La Croix Rouge a un urgent besoin de nos dons pour fournir des abris, des vivres, de l’eau potable et des soins médicaux aux nombreuses personnes ayant besoin d’aide suite au séisme qui a frappé Haïti, hier.

Et avant d’oublier, pourquoi ne pas aussi prendre le temps de dire merci.

lundi 11 janvier 2010

Maudit karma ...


Elle est riche, célèbre et sexy. Animatrice du talk-show le plus populaire d’Allemagne, Kim Lange a tout. Tout, sauf des amis, le temps de voir grandir sa fillette, d’assister à la fête donnée pour son 5e anniversaire et de partager des moments avec son mari, homme au foyer.

«Celle qui marche sur les cadavres et revient en arrière pour remarcher dessus» va devoir payer pour avoir accumulé, au cours de son existence, de trop nombreux mauvais karma.

Frappée par une météorite quelques instants après avoir ajouté une faute supplémentaire à son palmarès, elle se réincarne en … fourmi.



Depuis que j’ai posé les yeux sur la première des 392 pages du roman Maudit Karma de David Safier, je dois me faire violence pour ne pas céder à la tentation de jeter par-dessus bord les règles de bienséance qui m’empêchent de dévorer ce bouquin à l’heure des repas.
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Comme le jour j’ai continuellement des petits boulots à accomplir ou du ménage à faire et que la nuit venue je suis trop crevée pour ouvrir mon livre, ma lecture n’avance qu’à pas de fourmi. Tant mieux! Car ce roman est succulent, drôle et complètement fou. Mes Anglais quitteront mon nid vendredi pour un court séjour dans la Métropole avant de s’envoler vers le leur qui, semble-t-il, a troqué son climat tempéré pour un, hivernal.

J’ai bien l’impression que Maudit Karma ne fera pas long feu et que j’engloutirai ses dernières pages en même temps que mon premier petit-déjeuner en solitaire.

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samedi 9 janvier 2010

Plaisirs dé-coupables ...



Depuis qu’elle a goûté aux plaisirs coupables, Grande-Sœur récidive dès que l’occasion lui en est donnée. La première fois, c’était en janvier 2009 pendant son séjour dans ma petite maison rouge à North Hatley. Alors que Bôf-Adoré s’était transformé en menuisier et garnissait les fenêtres de l’étage de cadrages sur mesure, ma sœur taillait ici un chemin de table, là des napperons qu’elle avait matelassés et, pour ce faire, qu’il lui avait fallu marteler pour réussir à les glisser sous le pied de ma Pfaff industrielle.

Si l’an passé elle avait prémédité son coup en apportant dans ses valises des coupons de tissu coordonnés à un fauteuil qu’elle avait fait recouvrir, cette fois elle improvisa presque car dans ses bagages elle ne glissa que des mesures, entre autres celles d’un «table runner» pour sa salle à manger. Comme par magie, elle trouva son bonheur sous la mienne, dans l’atelier. Il s’agit d’une tapisserie qu’une usine de la Beauce avait tissée pour mon entreprise au début des années 2000. Des vestes avaient été coupées dans ce tissu et, récemment, je l’ai utilisé pour réaliser des escarcelles que mon ami le Scarabée distribue via sa boutique virtuelle.

Si ma sœur ménagea ses efforts en me cédant sa place pour que je fasse l’ourlet tout le tour de son chemin de table, il en fut tout autrement pour son dernier projet. Ne pouvant résister à l’attrait du patron qui montrait, sur sa pochette, de beaux rectangles aux contours contrastants taillés à 45 degrés, elle se lança tête première dans la réalisation de quatre napperons doublés.

Elle y aura passé toute la journée et, au moment où j’écris ces lignes, j’entends la machine à coudre qui ronronne encore. Lorsqu’elle se lance un défi, Grande-Sœur est prête à tout… même à en découdre de temps à autre…


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mercredi 6 janvier 2010

Tables des matières ...

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En ce jour de l’Épiphanie pour nos cousins et de la Fête des Rois pour nous, j’ai souligné l’événement en me livrant à une occupation mercantile qui, en fait, était un investissement. Un tout petit, soit dit en passant. Après avoir fureté dans deux commerces jérômiens, je me suis procuré quelques mètres de tissu, quatre tables à cartes et une chaise pliante.

Comment? Si j’ai décidé de me mettre au poker? Je ne parierais pas là-dessus! J’ai du mal à retenir les règles du jeu «Jungle Speed», alors s’il fallait que je me risque à jouer mon argent, j'en perdrais sûrement ma chemise et celle de mon Jules!

En fait, les coupons permettront à mes futurs élèves de réaliser leur premier projet qui consistera à confectionner un tablier avec une poche au devant. Ils découvriront de quelle façon sont tissés les fils qui forment la trame et la chaîne d’un tissu, ils apprendront ce qu’est le droit fil et comment s’y prendre pour obtenir une coupe parfaite. Quant aux tables pliantes, légères et juste de la bonne grandeur, elles seront déployées dans l’espace libre de mon atelier et recevront les machines à coudre portatives de mes apprenties couturières. Une fois les cours terminés, il ne me restera qu’à les escamoter, comme les chaises pliantes.

Ce sera mercredi prochain, dans le journal indépendant Accès, que paraîtra ma première annonce qui dira à peu près ceci : «Apprendre à coudre? Facile! Cours privés et semi-privés.»

Ça vous tente?

lundi 4 janvier 2010

Une bonne fois, je t’en voudrai plus…


Chaque fois que j’entends Maxime Landry interpréter la chanson qu’a écrite pour lui Lynda Lemay, mon cœur se déchire. Son texte raconte la douleur d’un enfant qui cherche son père même s’il sait qu’il ne reviendra plus. Il parle de l’absence et de l’attente; il parle du vide laissé par le suicide. Et moi, quand j’entends ces paroles, je pense à mon frère qui s’est enlevé la vie il y a 17 ans et à ses fils qui, alors, n’étaient que des petits garçons.

Maintenant qu’ils sont devenus grands de tout leur corps, j’espère qu’ils ne lui en veulent plus…
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dimanche 3 janvier 2010

Un Anglais aux chaudrons ...

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Ce fut un dimanche comme je les aime; pas de rendez-vous ni aucune obligation. Rien d’autre à faire que d’improviser ou, mieux, éviter même de le faire.
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Quelque part autour de 7h00, je fus tirée du lit par les miaulements de Jules qui me réclamait et ce fut mon pied gauche qui toucha, le premier, le plancher froid de ma chambre. Malgré tout, une tasse de thé réussit à me réveiller et vers 9h00, si mes idées n’étaient pas encore tout à fait limpides, elles avaient néanmoins repris leur place.
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Déclinant l’invitation de mes Anglais à les accompagner pour une séance de magasinage, je profitai de leur absence pour leur couper l’herbe sous le pied. Je sais, ce n’est pas «très gentil de moi» de leur enlever une occupation pour eux si exotique, mais ce faisant, je m’assurais d’être exemptée de la corvée du souper. En comparaison, celle du pelletage n’était pas trop cher payée.
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Ainsi, c’est après avoir cassé la croûte d’une baguette garnie de brie fondu et de compote aux cerises acidulées et amandes (merci ma Baladine, ton cadeau fut délicieux!) que Bôf-Adoré se mit à l’œuvre. Dans un excès de politesse, j’offris mon aide pour couper les légumes, mais ayant réglé mon débit sur ultra rapide, le cuistot n’y comprit absolument rien et, dans le doute, répondit «euh… no…». Je sais, je suis assez habile dans l’art de l’échapper belle…
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De mon poste d’observation, je peux voir l’époux de ma sœur qui s’active à la cuisinière. Dans un gros chaudron mijotent des morceaux de céleri, de poivrons rouges, jaunes et verts, des oignons, de l’ail et des tomates étuvées. Dans un poêlon, un peu de bœuf haché extra maigre termine sa vie en compagnie d’une huile d’olive de première pression. Il se fera discret et ne se mêlera qu’aux portions de mes invités carnivores. Un peu de poivre de Cayenne, du basilic et une feuille de laurier viennent d’être ajoutés à la sauce à spaghetti que Bôf-Adoré est en train de nous concocter. Ça sent drôlement bon!
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Vous ne trouvez pas que ça commence bien l’année?
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Bôf-Adoré, you're a sweetie!
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samedi 2 janvier 2010

Venu d'ailleurs ...

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Il écrit aimer Foglia. Moi, c'est pour lui que j'ai un faible. Enfin, pour la couleur de sa plume, on s'entend.
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Voici ce que vous auriez pu lire sur le blog de Patrick Dion aujourd'hui si vous étiez passés par là:
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"Ce qui est un peu plate, c'est qu'on ne rêve plus."Pour l'année qui vient, tiens, souhaitons-nous de ne pas nous habituer à ce que l'on a mais essayons plutôt de garder ce regard d'enfant sur les belles choses qui nous entourent. Faisons l'amour avec la vie comme si c'était la première fois. Soyons fébriles, un peu gênés, remplis d'attentes et surtout, tâchons de ne pas venir trop vite... "
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