mercredi 29 septembre 2010

Entre deux joints ...


Chez mes voisins depuis mardi, il se passe des choses inhabituelles: de drôles de moineaux, visiblement de la famille des échassiers, vont et viennent, la démarche incertaine et le visage blafard. Il n’en fallait pas davantage pour me mettre la puce à l’oreille.

Intriguée, j’attendis qu’ils aient quitté les lieux pour aller jeter un coup d’œil. À peine avais-je passé la tête par l’entrebâillement de la porte que je découvris un décor singulier … Sur le sol, une fine poudre blanche et volatile s’était déposée jusque dans les moindres recoins. Mais le plus étonnant se trouvait à l’étage: des joints, partout! Des dizaines et des dizaines de joints avaient été roulés tirés et séchaient lentement, à l’abri des regards.






Si à l’intérieur tout semblait avoir été fait dans les règles, avec diligence et la plus grande prudence, il n’en était pas de même à l’extérieur…




Mes voisins ne savent-ils pas qu’il ne faut jamais, au grand jamais partager ses aiguilles?
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dimanche 26 septembre 2010

Beau temps pour les regrets ...


«Tu vois, elle te va comme un gant!», dis-je à l’homme vêtu de ma robe de chambre jaune poussin, posté devant ma cuisinière.
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Cette histoire avait commencé beaucoup plus tôt, ce dernier vendredi au milieu de l’après-midi. Alors que j’étais au téléphone avec mon ami Vieux-Dan, j’avais vu une camionnette se stationner devant chez moi.

«Salut, je m’en vais faire une randonnée sur le Mont-Habitant, t’as envie de venir?» m’avait demandé CC, nouvelle connaissance et habitué du Bistro-Inter-Café où j’aime aller bouquiner, à qui j’avais confié, il y a quelques semaines, mon désir de fouler des sentiers inconnus. C’est donc vers 15h30 que je disais au revoir à une Mimi-Fée regrettant visiblement de ne pas être conviée, elle aussi, à se perdre dans les bois.

CC avait stationné son véhicule tout près de l’endroit où débutait le sentier. La température était douce et, malgré le ciel nuageux, il y avait une belle lumière qui pénétrait dans la forêt. J'avais immédiatement regretté de ne pas avoir apporté ma caméra. Le long de la piste, de gros rochers recouverts de mousse d’un vert inimaginable nous frôlaient, de drôles de champignons qui colonisaient des troncs morts se rendaient intéressants et de robustes Inuksuit montaient la garde. Dame Nature avait fait du beau travail, c’était grandiose et je n’étais hélas pas en mesure de l’immortaliser…

À mi-pente, une pancarte nous avait indiqué qu’il fallait bifurquer à gauche; à droite, à travers les taillis, on avait aperçu le toit de quelques maisons d’un nouveau développement. CC, qui connaissait ce sentier pour l’avoir emprunté l’hiver dernier, avait pris les devants et me guidait.

Outre les racines et les pierres, il fallait prendre garde où on posait les pieds; après la pluie des derniers jours, la piste était glissante et j'avais bien vite regretté de ne pas m’être munie d’un de mes nouveaux bâtons de marche.

Au bout d’une demi-heure, après avoir contourné une longue paroi moussue, nous avions atteint un sommet où s’arrêtait le sentier. CC avait repris son souffle, forçant au repos sa langue habituellement bien pendue. La paix qui régnait tout là haut faisait contraste avec l’effervescence du centre-ville de Saint-Sauveur pendant les week-ends automnaux. Le silence, à peine égratigné par la rumeur de la circulation sur la Principale tout en bas, était la plus douce des musiques. Même les oiseaux semblaient être occupés ailleurs. Ç’aurait été un bel endroit pour casser la croute, ce qui me fit regretter de ne pas avoir glissé dans mon sac des noix, des pommes, un morceau de fromage et un bout de baguette.

Après être redescendus, nous étions arrivés à une intersection. Deux choix s’offraient à nous : poursuivre sur le même sentier ou emprunter celui qui avait été baptisé «Nomade».

«J’ne connais pas le Nomade; l’hiver dernier lorsque j’suis venu, j’ai suivi celui-ci», m'avait dit CC. La lumière était encore belle et la piste inconnue semblait nous inviter à l’emprunter, ce que nous avons fait d’un pas léger.

Dessinés pour éviter la monotonie, les sentiers du Mont-Habitant sinuent, font des boucles, serpentent en descendant, se contorsionnent en montant, bref, ils sont des plus attrayants. Après avoir suivi le Nomade pendant près d’une heure, nous étions arrivés près ce qui fut un marécage. Une certaine beauté se dégageait de cette petite vallée enclavée entre deux versants. Des individus graves et fiers dans la mort se dressaient encore. À leur pied, des troncs émergeaient du sol tourmenté, exhibant leur extrémité taillée en pointe, preuve irréfutable que des castors y avaient besogné fort jadis.

«Il commence à se faire tard » m'avait annoncé CC en jetant un œil sur le ciel grisonnant. «Vaudrait mieux faire demi-tour si on ne veut pas se faire surprendre par la noirceur».

Nous avions donc repris le sentier à rebours, mon guide hésitant à peine aux embranchements. Nous marchions depuis plusieurs minutes lorsque je lui avais confié:

«Mon problème, lorsque je vais en forêt, c’est que j’oublie d’enregistrer des repères visuels. Ainsi, lorsque je fais le trajet en sens inverse, j’ai souvent l’impression de ne jamais être passée par là…».

En réalité, mon sentiment de «jamais-vu» ne m’avait pas trompée : par mégarde, nous avions emprunté un sentier différent. C’est lorsque nous avons réalisé que nous tournions le dos au bruit de la circulation et que la piste semblait monter alors qu’elle aurait dû descendre, que nous avons décidé de revenir sur nos pas. «Devrais-je commencer à regretter de ne pas avoir apporté un chandail plus chaud?», avais-je songé lorsqu’une petite brume s'était mis à s’élever du sol, flottant autour de nous.

Le ciel s’assombrissait de plus en plus et nous marchions d’un bon pas, évitant les racines traitresses, contournant les flaques boueuses, pressés de retrouver le premier panneau indicateur et la vue rassurante des maisons construites à flanc de montagne.

«On est chanceux, au moins il ne pleut pas!», avait déclaré CC, tant pour faire la conversation que pour me rassurer.

S’il avait semblé facile, à l’aller, de prendre la bonne direction, au retour devant une intersection que je ne me souvenais pas d’avoir vue, CC avait hésité. À gauche? À droite? Unanimement, nous avions choisi le sentier de gauche… pour refaire le trajet inverse quinze minutes plus tard après avoir eu l’impression, encore une fois, de tourner dos à la ville.

Entre-temps, le ciel s’était encore obscurci et nous avions dû ralentir le pas, voyant de moins en moins où nous les mettions. Bientôt, cependant, on avait pu distinguer la lumière des maisons qui filtrait à travers les arbres, au loin. Ouf… jamais lueur ne m'avait semblé si accueillante… En outre, cela nous indiquait que nous étions presque rendus au dernier embranchement qui allait nous conduire jusqu’à la rue.

«Tiens, il est là! C’est le panneau!» m'avait dit CC du ton de celui qui, depuis le début, sait que nous étions dans la bonne direction. «On est presque arrivés!». À peine avait-il terminé sa phrase que les premières gouttes de pluie, perçant le toit végétal, s'étaient mises à nous tomber dessus. Oui, vous avez deviné… je regrettais ne pas avoir songé à apporter un imperméable.

Nous marchions depuis dix minutes lorsque, devant moi, CC s’était exclamé : «J’aurais dû apporter une lampe de poche, je ne vois plus rien!», un soupçon de regret dans la voix. «Oups…», avait-il ajouté avant de s’arrêter net, «On a perdu le sentier…».

«OK! Il fait trop noir, on essaie de retourner sur nos pas jusqu’au panneau indicateur plus haut et ensuite on se dirige droit sur les maisons, quitte à devoir abandonner la piste! », avais-je affirmé en prenant les devants.

Plusieurs minutes de tâtonnement plus tard, nous avions débouché dans le jardin d’une maison où de réconfortantes lumières plantées dans la pelouse nous avaient indiqué la direction à prendre pour retrouver le bon vieux bitume. C’est un crachin tiède qui nous tombait dessus tandis que nous nous demandions, où diable nous avions atterri.

«J’ai un imper dans mon sac, tu le veux?», m'avait demandé CC pendant que nous marchions au beau milieu de la rue déserte.

«Non, merci, ça ira», lui avais-je répondu. Lorsque la pluie s'était mise à tomber dru et que tout effort de coquetterie me sembla vain, j'avais changé d’idée et endossé l’imperméable de CC qui me couvrait jusqu’aux genoux.

Quelques minutes plus tard, c’est un monsieur méfiant en robe de chambre qui m’avait ouvert sa porte. Après lui avoir appris que nous nous étions un peu égarés en montagne, je lui avais demandé quelle direction nous devions prendre pour retrouver la rue de la Colline et la camionnette de CC qui y était garée.

«De la Colline? J’sais pas où c’est!», avait-il répondu.

«Ah… La rue Principale, alors?» avais-je demandé, un peu lasse.

«Oh! C’est assez loin! Prenez à droite, descendez jusqu’au bout puis tournez à gauche; vous allez arriver à la Principale. Mais, c’est pas mal loin», avait-il ajouté, avant de nous souhaiter bonne chance.

Nous avions marché ainsi une vingtaine de minutes sous la pluie, frôlant les fossés lorsque des voitures venaient dans notre direction. Puis… elle fut là, la rue de la Colline.

«Il ne manquerait plus qu’une chose», avais-je dit à CC alors que nous avancions au milieu de la route non éclairée.

«Quoi?»

«Qu’on ait remorqué ta camionnette!».

Par chance, elle était encore là, à nous attendre dans la nuit noire. Lorsque CC avait démarré le moteur, l’horloge indiquait 20h15. Nous avions passé plus de quatre heures à marcher en forêt. Si nous étions vraiment heureux d’être enfin à l’abri, nous étions aussi drôlement trempés, un peu crevés et très très affamés.

«Allez, monsieur l’Égareur des bois ! Je t’invite à souper; tu pourras mettre tes vêtements dans la sécheuse pendant que je préparerai des pâtes».

Mon guide n'avait pas protesté et c'est la raison pour laquelle, aux environs de 21h00 vendredi soir, vous auriez pu voir dans ma cuisine un homme drapé dans une mignonne robe de chambre jaune parsemée de nounours cosmonautes, occupé à surveiller la sauce à spaghetti pendant que je me faisais sécher les cheveux.

Ah, et puis… c'est trop tentant! Vous n'aurez rien manqué!




mercredi 22 septembre 2010

Des voisins branchés ...

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La construction de la maison de Grande-Sœur et Bôf-Adoré a bien progressé depuis le passage de Grand-Frère, le 24 août dernier.
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Durant son séjour, il avait pu constater l’ajout du premier étage :
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Cependant, il a manqué les manœuvres du grutier, lequel dut se faufiler entre les branches des pins et éviter le fil électrique à haute tension pour soulever les lourdes poutres jusqu’au toit, où les ouvriers devaient les attraper avant de les fixer.


Ce fut un spectacle pour le moins enlevant!

Il aurait sans doute été impressionné de voir Neveu Bâtisseur et son frangin juchés tout en haut, occupés à clouer les fermes de toit en défiant le vide.

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Il n’a pas vu non plus la maison s’orner de ses balcons.



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Comme il a raté l’arrivée des fenêtres et des portes de garage.
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Je crois qu’il aurait été estomaqué de découvrir la quantité de feuilles de gypse qui sera nécessaire et que, même sans avoir tiré le moindre join joint de sa vie, il aurait pu imaginer le travail que cela représentera pour amener les murs à l’étape de l'application de la peinture.
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Finalement, Grand Frère aurait probablement souri en apercevant l’activité intense qui régnait dans la rue ce matin.


Tout ce tohu-bohu ... pour que mes voisins soient branchés!

PS: Grand-Frère, comme souhaité, tu as maintenant vu!
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dimanche 19 septembre 2010

L'Odyssée de Mimi-Fée ...


«J’suis allé en Australie, à la chasse au Brontosau euh … Brontosau-Brutus. Ça n’a pas été facile, vraiment pas facile! J’ai dû batailler fort pour terrasser cette bête colossale, mais j’ai réussi!», racontait l’ami Chris Lam à une Mimi qui ouvrait grand ses jolis yeux.

«Puis, avec mon couteau de poche, j’ai tranché un orteil. Tout un travail, je vous dis pas! Je te l’ai rapporté. Tiens, c’est pour toi Mimi-Fée…», ajouta-t-il en déposant à ses pattes un os gigantesque.

Mimi, qui est née de la dernière pluie, crut naïvement à cette histoire invraisemblable et, sans se faire prier, elle se jeta férocement sur l’os. Son plaisir était si beau à voir que je n’ai pas osé lui dire que Chris la menait en bateau. Un orteil de Brontosau-Brutus! N’importe quoi! Moi, j’ai vu tout de suite que c’était un fémur de Gomphotherium: une bête inoffensive et même pas plus grosse qu’un éléphant! Pfffff…
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C’était notre première vraie balade en voiture, Mimi et moi. Vendredi était là, avec son ciel d’un beau bleu de fin d’été. L’ami Chris Lam ayant manifesté, en juillet dernier, le désir profond d’avoir un poncho-cape-gris-noir-ou-brun-mais-pas-vert, je décidai d’aller lui porter celui que j’avais confectionné expressément pour lui et, par le fait même, faire l’école buissonnière.


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Mimi trouva la route longue. Haletant, râlant, gigotant et quémandant le réconfort d'une main, parfois d'un bras entier, ce ne fut pas tout à fait une partie de plaisir pour elle. Pas étonnant qu’une fois arrivée à Saint-Alphonse-Rodriguez, après une très brève exploration de la maison de Chris Lam, elle s’étende sur sa couverture sans demander son reste. Même l’apparition de Ti-Ours, un mec à la belle gueule et à la dégaine de voyou, ne réussit pas à la troubler.
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Nous passâmes l’après-midi à profiter des rayons de soleil, Mimi sur son piédestal, Chris Lam et moi confortablement installés dans des chaises de jardin, un verre de rouge à la main, devisant et nous obstinant à savoir qui des deux était le plus opiniâtre. Évidemment, j’eus raison sur toute la ligne. Ah! De bien bons moments… en plein comme je les aime!
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Avant de repartir vers Saint-Sauveur, j’entassai dans le coffre, outre l’orteil de Brontosau- Brutus le fémur de Gomphotherium, un duo de jolies boites remplies d’aromates pour le thé et deux superbes réalisations de Chris Lam : des bâtons de marche dont la matière première fut puisée au cœur même de la mystérieuse Forêt Myrelle
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La route nous sembla moins longue au retour; nous avions tout plein de choses à raconter. Mimi, visiblement Fée-brile, me posa une foule de questions, entre autres sur les Brontosau-Brutus et sur les relations homme-femme chien-chat.

Après une telle aventure, Mimi-Fée était épuisée. Dès notre arrivée à la maison, elle passa rapidement au jardin puis regagna le confort de sa causeuse. Entourée de ses nouveaux compagnons, elle ferma bientôt les yeux, rêvant peut-être de contrées lointaines peuplées de beaux et sombres inconnus au regard perçant …
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jeudi 16 septembre 2010

De meilleurs jours pour Mimi ...


«Vous lui avez probablement sauvé la vie…» me dit l’homme au bout du fil. «C’était une question d’heures, de jours...», ajouta-t-il.

Cette histoire avait débuté plus tôt cette semaine. Denise, une cliente, m’avait raconté qu’un vieil homme, habitant à deux coins de rue, devait quitter sa maison à la fin du mois pour aller vivre en résidence et qu’il devait se résigner à se séparer de son chien. Ça m’avait touchée…

Hier en fin de journée, me dirigeant vers la petite épicerie Tradition, j’aperçus le vieux monsieur assis sur sa galerie et non loin, attaché à une corde, un chien jaune qui me sembla en piteux état.

«Bonsoir Monsieur! On m’a dit que vous vous apprêtiez à déménager…» Bon, c’était plutôt facile à deviner: sur le terrain de sa maison décrépite, une pancarte VENDU surmontait celle d’un agent immobilier et était entourée de meubles disparates, de vieux trucs et de bricoles destinés au camion de ramassage des ordures.

Lorsque je m’approchai de l’homme, la boule de poils émit quelques jappements puis, de peine et de misère, retourna se coucher en boitant.

«Amenez-vous votre chien?» lui demandai-je, connaissant la réponse.

«Non, j’peux pas. Va falloir que j’m’en débarrasse!»

«C’est triste… Tenez, je vous laisse ma carte, si parfois vous ne trouvez pas preneur, je pourrais peut-être …»

«Voulez-vous payer pour l’avoir ou si vous la voulez gratisse?» me coupa le vieil homme.

«… Euh… enfin, j’avais cru comprendre que vous désiriez la confier; je pourrais vérifier auprès de mes clients pour savoir si quelqu’un désire l’adopter.»

«Est à ma fille; a devrait arriver dans pas long; vous vous arrangerez avec elle».

Au moment où je m’apprêtais à poursuivre mon chemin vers le marché, une voiture se gara dans le stationnement et une femme corpulente, la cigarette au bec, en sortit.

Après lui avoir raconté que j’aimais beaucoup les animaux, que j’habitais tout à côté et que je pourrais sans aucun doute accueillir son chien le temps de lui trouver un foyer, je lui laissai le temps d’assimiler toutes les données et de terminer sa cigarette.

«Ben, y a un monsieur qui la voulait. Si la veut pas, j’vous téléphonerai. Est ben fine pis est opérée. A jappe un peu par exemple, mais est ben fine. Je l’ai ça fait 6 ans.»

Pendant que la femme me parlait, je regardais la pauvre petite chose tremblotante qui peinait à marcher. Elle vint vers moi, le corps étrangement tordu. Doucement, elle se souleva et mit ses pattes antérieures sur mon genou et se laissa caresser la tête. Sous mes doigts je pouvais sentir le poil feutré en boules dures. Pour me remercier, la chienne me lécha la main puis s’en retourna se coucher. Lorsqu’elle me tourna le dos et que je vis son arrière-train, je compris… Une masse brune et compacte s’était formée juste sous sa queue et le pelage de ses fesses s’y était collé.

Je retournai chez moi, le cœur aussi lourd que le sac de victuailles qui me sciait l’épaule. De toute la soirée, je ne pus effacer l’image de la petite chienne souillée et souffrante. Ce que j’avais observé me faisait craindre le pire. N’y tenant plus, je fis une recherche rapide sur internet avant de laisser un message sur une boite vocale, priant le destinataire de me rappeler le plus tôt possible.

C’est vers 8h30 ce matin que l’appel que j’attendais arriva, ravivant ma détermination. À 10h00 je me stationnais chez le vieil homme où sa fille m’accueillit.

«Ouin, vous la voulez vraiment, hein?», me dit-elle sur le pas de sa porte.

«Avez-vous eu des nouvelles de l’homme qui désirait adopter votre chien», lui demandais-je.

«Non, c’est un ami de mon père, pis y a pas donné de nouvelles» me répondit-elle.

Je sortis alors de ma poche 2 billets de $20 et lui tendis.

«Je vous donne $40 à la condition que je puisse partir avec le chien tout de suite. J’ai pris rendez-vous avec un toiletteur et il peut me recevoir immédiatement. Le reste de la semaine, je serai à l’extérieur. C’est à prendre ou à laisser», débitais-je d’une traite, mentant à demi.

À 10h10, je poussais la porte de l’Académie canine des Laurentides sans m’être annoncée et fis la connaissance de Michel Leduc qui ne fut pas surpris de me voir arriver, tenant à bout de bras un chien qui faisait peine à voir et qui dégageait une odeur épouvantable.

C’est vers 15h00 que je retournai à l’Académie. Michel m’apprit que pendant la tonte, il avait dû s’interrompre pour laisser un répit au chien. Qu’il avait même cru, à un certain moment, que la bête allait mourir tant sa souffrance était grande. Qu’il lui avait donné un massage pour faire baisser la tension. Que sous le feutre des poils, il avait découvert un énorme abcès sur la cuisse interne droite. Que les organes génitaux étaient recouverts d'excréments et que l'anus était obstrué par une masse de matières fécales durcies. Que les jours de Sibelle étaient comptés lorsque mes pas m’avaient menée sur sa rue hier.

«Vous lui avez sauvé la vie… », répéta Michel Leduc.

Pendant que j’écris ces lignes, Mimi, alias Sibelle, dort sous ma table de coupe, étendue sur une couverture prêtée par Jules. Si elle a semblé apprécier la maison et le jardin cet après-midi, ce soir elle est exténuée et n’en mène pas large.

Demain sera un jour meilleur…








Merci Michel… pour ton professionnalisme, pour ta disponibilité, ta générosité et pour ta compassion.
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Vous trouverez les coordonnées de l’Académie canine des Laurentides juste ICI.
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Sur Facebook (en attendant la page officielle), c’est juste .
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mardi 14 septembre 2010

Triploreil, le retour ...

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On est content de te revoir, mon vieux!
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lundi 13 septembre 2010

La Fille d'en haut...

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C'est ainsi que j'avais surnommé ma locataire, mon amie HabsfanDan, celle à qui madame Lafleur avait loué le logement du premier étage, peu avant que je n'emménage dans ma nouvelle maison.
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La Fille d'en haut et moi avions rapidement sympathisé et pris l'habitude, le mercredi au début de l'après-midi, d'aller occuper une table de la Brûlerie des Monts, elle pour déguster un thé au jasmin ou un Mokaccino glacé, moi pour siroter un Jour-blanc.
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Au fil des semaines, nous sommes devenues amies; j'aimais son rire qui éclatait sans retenue, elle voyait en moi la soeur qu'elle n'avait pas eue.
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Au début de l'été, HabsfanDan et son époux m'avaient annoncé leur désir de retourner vivre en Saskatchewan, là où ils avaient passé plusieurs années de leur vie et où trois de leurs enfants s'étaient établis. Ils avaient envie de vivre près d'eux et de voir grandir leurs petits enfants.
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J'étais heureuse pour eux; je sentais que c'était tout ce qui manquait au bonheur de mon amie, la Fille d'en haut. Malgré son chagrin de quitter Saint-Sauveur, le logement qu'elle aimait tant et ses amis, Nicole, Jujules et moi, la Fille d'en bas, je la sentais fébrile à l'idée de retrouver les siens.
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C'est aujourd'hui que HabsfanDan entassa ses biens et tous ses souvenirs dans un camion trop petit et qu'en compagnie du Gars d'en haut, elle prit la route en direction de Prince Albert en Saskatchewan.
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Bientôt, je le sais, des pas retentiront à l'étage. J'entendrai à nouveau les planches de la galerie geindre et la porte claquer. Les futurs locataires apprécieront sûrement la lumière qui pénètre dans le logement au-dessus du mien et tomberont peut-être sous le charme de Jules.
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La vie reprendra son cours, de nouvelles habitudes se créeront et des amitiés naîtront.
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N'empêche, tu me manqueras HabsfanDan, mon amie, la Fille d'en haut.
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Sally Fée, la Fille d'en bas...
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jeudi 9 septembre 2010

Dépendance affective ...

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Malgré sa mémoire qui flanchait, sa lenteur désespérante, ses longs silences et ma patience qu'il mettait à l'épreuve, je n'ai jamais cessé de l'aimer.
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Si j'ai soupiré lorsqu'il ne me répondait pas, tourné ma langue 7 fois plutôt que de l'invectiver et lui ai pardonné ses faiblesses, toujours j'ai souhaité qu'il redevienne celui qu'il était lorsqu'il est entré dans ma vie.
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La semaine dernière, je dus me rendre à l'évidence: il devait partir. J'allai moi-même le reconduire là où on prendrait soin de lui, où on allait fouiller son âme et ses tripes pour tenter de le débarrasser de ses démons intérieurs.
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Ce matin, lorsque le téléphone sonna, j'eus du mal à en croire mes oreilles:
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"Madame Fée? Ça y est, vous pouvez venir le chercher; il va beaucoup mieux maintenant."
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Sylvain de chez Noritech avait raison... mon portable va mieux, beaucoup mieux.
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