samedi 22 décembre 2007

Joyeuses Fêtes!


De retour le 1er janvier!

mardi 18 décembre 2007

Retour au bercail

Ça y est. Dans 2-3 jours j’embarquerai dans l’autobus qui me ramènera dans mon Abitibi natale. Un long périple de 11 heures, de nuit. A ce temps de l’année, c’est bondé. Pas la moindre petite chance d’espérer prendre 2 bancs pour s’étirer, pour se rouler en boule. Il arrive souvent qu’un second véhicule doive être ajouté pour répondre à cette ruée vers le Nord.

Depuis quelques années, c’est mon frérot qui vient me chercher au terminus lorsque j’arrive à destination, le lendemain matin vers 7h30. Nous avons pris l’habitude d’aller déjeuner ensemble à un casse-croute de la place; cette petite heure nous permet de nous retrouver seuls tous les deux. De nous mettre à jour. Il me raconte les bons et mauvais coups de ses filles, son dernier tournoi de quilles, sa future excursion de pêche avec sa douce. J’aime ces courts moments où malgré le «pain doré» des plus ordinaires et le thé étrangement insipide, je me retrouve face à cet homme qui, malgré ses 5 pieds et 11 pouces, restera toujours mon petit frère.

Cette année, exceptionnellement, je séjournerai chez ma mère. Son nouveau logement comporte une 2e chambre où je pourrai m’installer. Ceci multipliera les occasions de nous parler de tout et de rien. Pour qu’elle ait le temps de prendre son temps pour me raconter son quotidien. Les derniers visiteurs qui sont allés la voir. D’entendre ce qui s’est passé de nouveau depuis ma dernière visite. Constater la santé qu’elle recouvre, sa bonne forme revenue. Redevenir la fille de ma mère.

Pendant mon séjour, je pourrai aussi revoir mes amis(es). Il me tarde de retrouver ma belle Lina. A chaque fois, c’est comme si nous nous étions vues la veille. Sauf qu’elle a toujours plein de potins, parfois croustillants, à me raconter! Je passerai du temps avec mon vieux chum Dan, le solitaire, que je tenterai de convaincre de m’accompagner au dîner de Noël qui se donnera chez ma mère. J’essaierai de voir mon ami Marco, mon complice des années de discothèque. Et Gilles qui, nouveau grand-papa, devient gaga lorsqu’il me parle de ses jumeaux. Tout ce beau monde que je vois 1 à 2 fois par année, toujours avec autant de plaisir.

J’aurai aussi la chance de revoir plusieurs anciens collègues de travail du centre d’accueil où j’ai travaillé avant de quitter l’Abitibi. Un souper-retrouvailles a été organisé et c’est ainsi que nous nous retrouverons, plusieurs je l’espère, à l’incontournable restaurant-bar de la place, le 27 décembre prochain. Ce sera un plaisir de revoir ces hommes, ces femmes que j’ai côtoyés durant 7 ans. D’apprendre ce qu’ils sont devenus.

Mais il y a aussi les absents. Entre autres, mon ami d’enfance Ubald. Qui nous a quitté trop rapidement. Une sale maladie l’a emporté avant que je n’aie le temps de lui dire aurevoir. Celui chez qui j’aimais aller prendre un « p’tit caf » bien corsé. Il me racontait de sa voix rauque de grand fumeur, ses dernières excursions à son camp dans le bois. Il me montrait les derniers travaux qu’il avait faits à sa maison, construite de ses mains. Cet ami que j’ai connu au primaire. Complice de mes nombreuses absences non-motivées au milieu du secondaire. Avec qui, à 15 ans, j’ai fait du pouce jusqu’à Montréal. Celui qui m’a hébergée au début des années 1990 alors que je cherchais un logement. Celui qui était comme mon frère. Il aurait eu 50 ans le 20 décembre. Et il me manque.

En avançant dans la vie, on réalise la place qu’occupent les membres de notre famille, nos amis(es). On se dit, en voyant partir les uns, qu’on doit prendre du temps pour les autres. Leur faire savoir combien ils comptent pour nous. Qu’ils nous font du bien. Pour leur écoute, leur rire, leurs blagues, leur excellent café. Les remercier d’être là simplement. C’est pour toutes ces raisons que j’ai préféré revoir les miens à Noël au lieu d’aller marcher sur les plages brûlantes du Mexique, trop loin de ceux que j’aime. Merci quand même Michel…

dimanche 16 décembre 2007

Blanc de neige

J’ai écourté d’une journée mon séjour chez un ami. J’avais songé y passer le week-end, mais l’annonce d’importantes chutes de neige, combinée à un emploi du temps pour le moins bien rempli de cet ami, ont fait que je me suis retrouvée au terminus de Montréal un jour plus tôt que prévu.

Deux heures plus tard, le temps de passer à la garderie récupérer le chihuahua extrêmement heureux de revoir sa maîtresse, je prenais la route vers la maison. Une petite demi-heure de trajet dans un véhicule glacial qui s’est réchauffé une fois rendu à destination.

J’eu cependant une très agréable surprise à mon arrivée. La personne qui s’occupe de déneiger le chemin mitoyen qui mène à la maison de ma voisine derrière chez-moi, avait gentiment passé la gratte sur presque la moitié de mon stationnement. Wow… surtout que le contrat qui nous lie à ce déneigeur, ma voisine et moi, ne comprend que le déblaiement du chemin, rien de plus.

Récemment, je disais justement à un ami qui habite « la grande ville » combien j’appréciais vivre dans un tout petit village. Les gens se connaissent de vue. Se font confiance. Cherchent à se rendre service.

Je lui racontais que lorsque je prenais rendez-vous avec mon garagiste pour la mise au point de mon véhicule, je n’avais qu’à laisser les clés sur le contact et mon voisin mécanicien venait chercher ma voiture dans mon stationnement.

Je lui disais aussi qu’un soir, voulant allumer un feu dans mon poêle et ayant épuisé ma réserve de bois d’allumage, j’avais traversé chez mon autre voisin, quincaillier, pris un sac de bois dans la pile laissée dehors et n’avais eu qu’à griffonner un petit mot sur le calepin qui est fixé à côté de la porte pour qu’il ajoute cet achat sur mon compte.

Que l’hiver dernier, après la grosse tempête de neige, une amie et moi étions à déneiger mon entrée devant la maison lorsque le conducteur d’un gros tracteur qui passait dans la rue, et qui se rendait ouvrir une cour plus loin, ralentit, recula et d’un coup de sa gratte gigantesque, enleva plus de la moitié de la neige qui bloquait mon entrée!

J’adore ce petit patelin. Au fil des ans je m’y suis fait une place. On me reconnaît. J’aime revoir ces visages devenus familiers, sur lesquels je peux la plupart du temps mettre un prénom. Que ce soit la maître de poste, Wendy. La propriétaire de cette galerie d’art, Jeannine, celle de cette magnifique boutique et du café, au-dessus, Madeleine. De Charlène, Daniel, Céline, Peter, Ron. Ceux à qui on s’adresse rarement mais qu’on salue à chaque fois. La «madame aux chiens», le «gars de la Ville», le «p’tit mécano d’à côté», la «petite souris d’en face». Tous me font sentir chez-moi. En sécurité. Entourée.

La neige peut continuer de neiger…

mercredi 12 décembre 2007

Nouveau départ

Ma mère avait dû se résigner à quitter sa maison et à abandonner sa ferme. Un huissier était venu frapper à sa porte pour lui remettre un avis de saisie. C’était il y a 25 ans. C’est moi qui ai pleuré comme une Madeleine lorsque je l’ai aidée à empaqueter, à trier. Maman, elle, n’a rien montré de son désespoir.

Toute ma jeunesse, j’ai eu l’exemple d’une femme acharnée au travail, qui se levait à l’aube et se couchait après nous tous. Qui parfois se rendait à l’étable, la nuit, pour assister une vache qui vêlait. C’est elle qui mettait le pain sur la table, au sens propre comme au figuré. Elle aussi qui réparait les clôtures. Qui dégelait l’écureur de fumier à coup de masse, l’hiver, lorsque ça gelait dur à 30 sous zéro. Qui a abîmé ses poumons à respirer la poussière de l’ensilage des silos.

La vie de cultivateur était difficile en ce temps là, comme encore aujourd’hui. Mais ma mère avait une famille à nourrir. Et pour elle, pas question de demander la charité ni d’aide à l’état. Mon père était commerçant et avait un garage où on y faisait la réparation et la vente de machinerie agricole. Il connut quelques bonnes années. D‘autres furent catastrophiques. Baisse du marché? Malchance? Toujours est-il que la ferme de ma mère avait été donnée en garantie à une banque pour financer le commerce de mon père. Elle signa sa perte.

De la grande maison de ferme de 9 pièces, mon père et ma mère furent contraints d’emménager dans un tout petit logement de 3 pièces un peu à l’extérieur de la ville voisine. Une petite bâtisse mal isolée qui servait jadis de bureau. Construite dans la cour d’une entreprise, à une dizaine de kilomètres du centre ville. Heureusement, le montant du loyer était ridiculement bas. Ils y entassèrent leurs meubles, souvenirs mais durent se résigner à en abandonner beaucoup derrière eux.

Mon père quitta ce monde en 1998 et ma mère continua de mener sa vie. Victime d’un ACV il y a 4 ans, elle s’est vue retirer son permis de conduire. Cette épreuve fut très difficile. Elle perdait son autonomie, elle si indépendante. Les visiteurs se firent rares. Elle perdit le goût de vivre, de se battre. Elle attendait, presque impatiemment, la mort. Elle, jadis si en forme, n’était plus que l’ombre d’elle-même. Elle respirait difficilement. Il lui restait à peine assez d’énergie pour se rendre à sa boite aux lettres dehors. Plus question de prendre des marches comme elle le faisait quelques années auparavant. Nous nous aperçûmes, qu’en plus de la dépression dans laquelle elle sombrait, que le logement qu’elle habitait la rendait malade. A cause des tapis partout. Des moisissures l’été, et de l’air trop sec l’hiver. Et les poils que perdait son chat n’aidaient pas.

Nous essayâmes de la convaincre de déménager. Dans un logement sans tapis. En ville. Mais il lui en aurait coûté 3 fois le prix. Elle refusa catégoriquement. Après avoir travaillé si fort pour gagner son argent, qui aurait pu l’en blâmer?

Et vinrent les vacances d’été, en août dernier. Ma sœur qui vit en Angleterre pris 2 semaines pour les passer en famille. C’était la première fois que nous nous retrouvions seules, elle et moi, pour plus de 48 heures. Nous avons beaucoup parlé. De maman. Des soucis que nous causaient son état de santé et son moral.

Ma mère a 81 ans, bientôt 82. A cet âge, il arrive que les enfants songent à placer leurs parents en institution. Pour leur propre sécurité. Ma sœur, elle, eu une idée complètement opposée. Qu’elle mis à exécution sans tarder.

C’est ainsi qu’en octobre dernier, mon frérot, aidé de son beau-fils et d’un ami, organisèrent le déménagement de ma mère. Ma sœur et son époux firent l’acquisition d’un duplex situé tout près du centre-ville. Le logement du bas, lumineux, sans tapis, serait occupé par ma mère et son chat. Le prix de son loyer? Le même qu’elle payait à l’endroit précédant, à quelques dollars près.

Ma belle-sœur, épouse de frérot, souffre d’une maladie oculaire dégénérative. Qu’à cela ne tienne. Elle s’occupa de tout laver, de tout ranger. Bibelots, draps, serviettes, linges à vaisselle, tout y passa. Maman n’eut qu’à donner ses instructions quant à l’emplacement qu’elle préférait pour sa vaisselle, ses chaudrons.

Depuis, ma mère a retrouvé sa belle humeur. Elle respire mieux. Elle peut maintenant s’occuper toute seule de son ménage. Elle a même recommencé à prendre des marches. Elle s’est rendue toute seule, à quelques reprises, au centre ville faire des courses.

C’est une nouvelle vie que lui a offert ma sœur et son mari. Alors qu’ils auraient pu utiliser cet argent pour finir de rénover leur maison, pour voyager, ils ont choisi de redonner une qualité à l’existence de ma mère.

Alors qu’à 81 ans certains terminent leurs jours, ma mère, elle, commence une nouvelle vie.

Je suis fière des miens.

Retrouvailles

Depuis 2 jours, ça n’arrête pas. Je retrouve des amis, des complices. Avec qui j’ai passé de merveilleux moments. Dans certains cas, ce ne fut qu’une brève rencontre, quelques heures tout au plus. Souvent, c’était les plus passionnants. Ceux qu’on n’arrive plus à quitter. Même s’il faut sacrifier une partie de sa nuit.

Ils sont tous différents, à part bien sûr ceux qui sont frères. Chez ceux-là, on ne peut nier une certaine ressemblance. Mais ils ont chacun un petit quelque chose d’unique.

Je n’avais pas vu certains depuis quelques années, d’autres depuis des mois. Nous nous sommes retrouvés comme si nous nous étions vus hier. Les souvenirs refaisaient surface, presque intacts. Que ce soit des histoires d’amour, d’aventure ou de celles qui finissent moins bien. Je ne pourrais me résigner à ne plus les voir, à tourner la page définitivement.

Aucune jalousie entre eux; ils ont chacun leur petite place bien à eux. Ils se côtoient, se touchent. Aucun préjugé… que ce soit un petit mince, un beau grand ou même un gros épais.

Mes livres, compagnons fidèles, ont enfin quitté les boites et ont repris leur place dans ma bibliothèque. Pour mon plus grand bonheur.

dimanche 9 décembre 2007

Pôles ...

Comme je l’ai déjà mentionné, ma maison subit des rénovations depuis les 15 dernières années. C’est un peu une histoire sans fin. M’enfin…

Récemment, j’ai fait remplacer toutes les fenêtres du premier étage. Les anciennes dataient de la construction de la maison quelque part en 1945. Elles fermaient mal, avaient besoin d’être doublées de châssis l’hiver et de monstrueux moustiquaires tout rapiécés, l’été. Et les fameuses contre-fenêtres étaient tellement lourdes que je devais demander de l’aide pour les enlever et les installer. J’avais développé une tactique ingénieuse : j’invitais des amis (les couples étaient admis, mais il devait y avoir au moins 1 gars avec des gros bras) au mois de mai et à la fin octobre et, innocemment je mentionnais qu’il me faudrait très bientôt enlever ou remettre les contre-fenêtres. Ça fonctionnait à tout coup.

Mais aussi jolies que pouvaient être ces vieilles fenêtres, elles ne fermaient plus (sauf à coup de marteau), devaient être recouvertes de grandes feuilles de plastique transparent dès l’automne et contribuaient à refroidir la maison et à faire grimper mes factures d’électricité. J’ai alors choisi d’investir dans mon nid plutôt que dans Hydro-Québec, et me voilà aujourd’hui avec des fenêtres toutes neuves (et propres!!!), hermétiques, jolies quoiqu’ en PVC … rien n’est parfait.

Je n’avais donc plus aucune bonne raison de reporter la fabrication des rideaux et l’installation des pôles. J’avais tenté de me convaincre que je devais attendre d’avoir des cadrages, mais je n’en pouvais plus de voir des panneaux de tissus cloués devant les fenêtres. Et j’avoue que de penser que j’aurais bientôt un vrai salon, a été plus fort que ma costaude procrastination. C’est tout dire.

Fébrile, je me mis donc à la recherche de la boite qui contenait les fameuses pôles à rideaux achetées il doit bien y avoir 2 ans. Je trouve la boite, l’ouvre et déballe une pôle. Mmm… curieux… elle me semble bien courte. En vérifiant sa longueur étirée au maximum, je me suis rendue compte que ça n’allait pas. Pas du tout. Elle mesurait 48 pouces alors que j’avais besoin de 54 pouces minimum. Et j’en avais 8 comme ça. Je ne répéterai pas ici les quelques gros mots qui me sont passés par la tête, nous sommes trop près de Noël pour que je prenne une telle chance. J’ai un ami très « haut placé » qui lit mon blog.

Je me voyais tenter de récupérer les anciennes tringles à rideau et d’essayer de trouver un moyen pour les faire tenir car évidemment, les attaches murales étaient égarées depuis des années! Je calculai mentalement ce qu’il m’en coûterait pour acheter des pôles, jolies, pour ces 8 fenêtres. Ouch…

Chassant ces pensées pour le moins désagréables, je décidai d’utiliser les 2 dernières pôles du même modèles, mais celles-là beaucoup plus longues et qui étaient destinées au rez-de-chaussée, pour les installer aux 2 fenêtres du salon qui donnent vis-à-vis celles de mon voisin, au nord. Dans le salon, les 2 autres sont camouflées par les arbres qui entourent ma maison et pourraient bien attendre un peu.

En quête de ces 2 pôles que j’avais aperçues précédemment, que vois-je? Une autre boite. Je l’ouvre et… surprise! Elle contenait plein de pôles pivotantes! Je me suis souvenue que nous avions acheté ce modèle à cause des vieilles fenêtres du haut qui étaient à battant! (note à moi même : « recommencer à prendre du Ginkgo Biloba »). Elles sont juste de la bonne longueur. Et super jolies! Il y en a 8 paires. Quant aux 8 pôles de 48 pouces, si je calcule les petites fenêtres encore nues au rez-de-chaussée, il m’en reste 7. Ha bon!

Une véritable histoire de pôles à en perdre le Nord!!!

vendredi 7 décembre 2007

Ema

J’échangeais quelques mots au clavier avec mon ami Cœur de Lion lorsque le téléphone a sonné. C’était Ema.

Vivant en banlieue de la métropole, elle est originaire de la même région que moi, dans le nord du Québec. Nous avons fait connaissance il y a une trentaine d’années et avons toujours gardé contact même si nous sommes parfois plusieurs semaines sans nous donner des nouvelles. Elle est mon amie.

Ema a traversé une immense épreuve il y a plus de 4 ans. Une blessure profonde qui, même si elle est cicatrisée, lui fait encore mal. Surtout lorsqu’arrive le mois de septembre. Car c’est à la fin de ce mois là, il y a quelques années que son ami, son complice, le père de sa fille, décédait subitement. Lorsque Ema a été mise au courant et qu’elle a pu le rejoindre à l’hôpital, il ne subsistait qu’un peu de chaleur dans le corps de son bien-aimé. Elle s’est étendue à ses côtés, mais il était déjà parti. Elle n’a pu lui faire ses adieux.

J’étais surprise de recevoir un appel d’Ema en ce vendredi après-midi. Habituellement, nous nous téléphonons le soir ou la fin de semaine. Ce devait être important.

"Je viens d’enterrer mon petit papa…" furent ses premiers mots. Ema revenait tout juste de l’Abitibi où elle s’était rendue précipitamment. Son père, âgé quoiqu’en assez bonne santé, a attrapé un virus et son corps affaibli n’a pas réussi à combattre l’assaillant. Il a rendu les armes. Ç’aurait été son anniversaire le 15 décembre prochain et une grande fête était organisée. Il ne fêtera pas ses 80 ans.

Cette fois-ci mon amie Ema a pu accompagner cet être qu’elle aimait tant. Ce père, de qui elle était très proche. Elle lui a tenu la main. Elle était à ses côtés. Le temps d’une larme sur la joue d’un vieillard, qui regrette de ne plus avoir la force de continuer à lutter. Et il s’en est allé, tout doucement.

Et Ema revit la douleur du départ, de l’absence, du deuil. Ce grand chagrin se mêle à l’ancien, encore présent. Elle devra l’affronter, continuer à travailler, à faire les gestes quotidiens. L’apprivoiser aussi en espérant le dompter un peu, le faire taire parfois, le temps d’apprécier un rayon de soleil. De rire avec des amis. De profiter d’un petit bonheur fugace.

Cependant avec les festivités de Noël qui sont à nos portes, c’est la nostalgie qui sera au rendez-vous. Au fil des ans, les absents se font plus nombreux. Les souvenirs s’accumulent. Profitons de chaque moment passé avec ceux qui nous sont chers. Tenons leur la main, disons leur combien ils comptent pour nous. Prenons le temps de rire avec eux, de leur parler, de les écouter. Parce que ces instants précieux se transformeront en autant de doux souvenirs qui, un jour, mettront un baume sur note cœur meurtri.

jeudi 6 décembre 2007

Chère Fée...

Merci pour ton dernier message. C’est toujours agréable d’avoir de tes nouvelles. Ainsi tu as pu venir à bout de cette commande de dernière minute? Je ne m’attendais à rien de moins, surtout que tu es supportée de manière extraordinaire par ton équipe de sous-traitants. Je vous félicite, tous.

J’ai bien ri en lisant ton dernier billet. Je ferai comme si je n’avais pas lu que Sylvie avait dit quelques gros mots! Ho! Ho! Ho!

Ici c’est l’effervescence comme tu peux l’imaginer. Mais nous serons prêts pour la nuit de Noël. D’après les messages que m’ont fait parvenir mes confrères des autres pays, eux aussi prévoient encore cette année terminer à temps pour la grande nuit.

Contrairement à ta mésaventure, ici tout s’est bien passé et aucun incident majeur n’est venu perturber notre préparation. Enfin, si je fais abstraction de Théodore qui, le pauvre, a trébuché en transportant un gros contenant de teinture végétale rouge. Tu devineras qu’à son habitude, il n’avait pas cru nécessaire de remettre le couvercle! Nous avons bien tenté de ne pas rire mais tu aurais dû voir sa tête lorsqu’il s’est relevé! Ses cheveux, habituellement blancs, dégoulinaient de rouge comme son visage et tout le haut de son corps. Nous avons tellement ri que nous en avons eu mal au ventre. Et pendant tout ce temps, Théo nous regardait, bouche bée, les deux pieds dans l’énorme flaque rouge qui s’étendait tout autour de lui. Nous avons réussi à nettoyer le dégât mais Théodore passera Noël coloré d’une jolie teinte rouge qui, ma foi, va plutôt bien avec ses yeux verts!

Chère amie, cette année tu m’avais fait une demande très particulière. Et je t’avoue bien honnêtement que je n’étais pas persuadé de pouvoir faire quelque chose pour toi. Tu sais, dans certains cas, même avec mes nombreux contacts, il arrive que je reste impuissant face à des demandes délicates. Mais cette fois, je crois avoir réussi, sauf pour la distance, ça je n’ai rien pu faire. Je sais, 2 heures de route ça peut sembler énorme mais il faudra que tu t’en accommodes. Après tout... je suis le Père Noël, pas Dumbledore!

Quant à la demande de ton ami Cœur de Lion, on m’a dit qu’elle est en voie de réalisation. Il se peut toutefois que son bonheur soit progressif, car c’est une petite chose bien fragile qui prend d’avantage de temps à fabriquer. Mais son voeu sera exaucé, très bientôt.

Je te souhaite de joyeuses festivités auprès des tiens, de belles retrouvailles avec tes amis(es) ainsi que mille et un petits bonheurs reçus et offerts.

Au plaisir de te lire à nouveau,

Avec toute mon affection,

Ton ami le Père Noël
XOXOXO

mercredi 5 décembre 2007

Mission accomplie

Ça y est. Nous avons réussi à relever le défi. Ce sont 16 boites qui ont été ramassées hier : 8 à mon atelier et autant chez Sylvie. 331 vêtements. Le tout sera livré cet après-midi chez mon client dans la métropole. Les boites seront ouvertes, tous les vêtements seront étiquetés, repliés et remis dans les boites pour être distribués dans chacune des 8 boutiques. A leur tour de "rusher"...

Nous n’avons pas compté les heures pour arriver à livrer le tout à temps. De mon côté, pas trop de pépins, enfin rien de grave.

C’est Sylvie qui a écopé. Et pas à peu près. Le dernier lot qu’elle avait à finir (poser les œillets, repasser et lacer) était composé de jupes. Un modèle très simple, pas compliqué à coudre. Qui se fait presque les doigts dans le nez (au sens figuré, bien entendu). Mais, malheureusement, il y a une couturière qui a réussi à saboter le lot au complet …71 jupes. Toutes les jupes (oui, toutes …) ont dû être décousues en partie et corrigées. Car même avec beaucoup de vapeur (qui fait souvent des miracles) il était impossible de livrer ces jupes sans au préalable réparer ce gâchis.

Pourtant, quiconque doté d’une intelligence moyenne, un juste milieu entre Einstein et Frankenstein… aurait dû voir que quelque chose ne fonctionnait pas, que ça clochait, que c’était pas normal. Ou encore, cette personne aurait dû dire à mon sous-traitant qu’elle ne se sentait pas capable de faire la production ou que sa machine à coudre fonctionnait mal. Il est "i-m-p-o-s-s-i-b-l-e" qu’elle se soit dit que le résultat était satisfaisant. Je dis pas, 1 jupe sur le lot, mais 71!!! Toutes les coutures étaient froncées (plissaient) comme si elle avait utilisé le pied fait exprès pour faire des fronces. Presque tous les ourlets au bas des jupes ont dû être coupés et recommencés pour la même raison.

Ainsi, Sylvie, aidée de Belle-maman (la sienne), à passé 3 jours à découdre, couper, corriger, recoudre. Elle a fait preuve d’une patience d’ange. Bon, elle a dit quelques gros mots de circonstance, mais pas tant que ça (et je le dirai pas au Père Noël). Elle a tout réparé, parce que pour elle, il était primordial que les vêtements qui allaient être livrés dans les boutiques soient à la hauteur de la griffe qui leur est apposée. Elle a sacrifié toute sa fin de semaine, ses soirées, son dos. C’est une professionnelle, dans tous les sens du terme.

Ici, l’atelier a repris ses airs d’avant le « rush ». On dirait même qu’il est plus grand. Tout est dégagé, rangé. Il me reste quelques trucs à terminer avant la période des Fêtes. Entre autres, je veux poursuivre le développement de modèles pour le printemps, même si mes clients attendront jusqu’en février avant de passer leurs commandes. Je veux aussi travailler sur un patron dont ma coiffeuse m’a fait un croquis lors de ma dernière visite. Mais rien d’urgent.

Quant à Sylvie, il lui reste une petite commande à produire qu’une cliente de Chicoutimi veut avoir à la fin de cette semaine (évidemment). Une trentaine de chandails d’un modèle que nous produisons très souvent et qui fait partie des « classiques ». Une vingtaine d’heures en tout, de la confection, en passant par la finition, jusqu’à la livraison. Ce sera la dernière production de 2007.

Ce sera à moi maintenant de jouer, d’avoir l’inspiration pour dessiner quelques nouveaux modèles qui idéalement deviendront à leur tour des classiques. De trouver les bons tissus, dans les bonnes couleurs et espérer qu’ils soient disponibles au moment où j’en aurai besoin pour une production. Dans mon métier, c’est ce que je préfère, la création et le développement. C’est un mélange de planification et d’improvisation. D’abstrait et de concret.

Dans un monde idéal, je ne ferais rien d’autre, que ce soit en mode, en littérature, en décoration. Le processus de création est le plus beau, le plus intense. On oublie tout autour de nous, le temps s’arrête, on puise dans les trésors que sont nos souvenirs, nos expériences, nos rêves, notre folie, les barrières tombent, tout est possible. En attendant cet idéal, je poursuis ma route et nul doute que j'aurai d'autres missions, à première vue impossibles, à accomplir.

lundi 3 décembre 2007