jeudi 28 juillet 2011

Drôles de semaines ...

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J'aurais voulu vous raconter ces drôles de semaines.  Vous décrire les fous-rires de Fitzsou et moi pendant que nous tentions de nous retrouver parmi les dizaines de documents qui avaient une longue série d'étapes à franchir, de l'approbation du patron qu'il fallut déranger pendant ses vacances, à l'envoi à la traduction anglaise, puis inuite, des vérifications finales qui nous mettaient sous le nez une parenthèse oubliée, un point manquant.

J'aurais aimé partager avec vous les dizaines de photos prises lors de mes randonnées en solitaire ou entre amies.  Vous montrer combien une région nordique peut receler d'espèces de plantes et de fleurs, plus  jolies les unes que les autres.






J'aurais aimé que vous assistiez aux leçons de bienséance que GrosseFille inculqua à son rejeton, Ptitom, le seul chiot qu'on lui permit de garder.  Vous auriez souri en voyant la petite canaille sauter au cou de sa maman, feignant une attaque puis, se coucher sur le dos en signe de soumission sous le regard intéressé de Clopinette qui, je crois, prenait des notes.

 



J'aurais adoré vous faire saliver en vous décrivant les plats que ma collègue Su avait préparé pour un 5 à 7 auquel s'était jointes Fitzsou et Janet.  Vous auriez été tout ouï pour écouter les voyages de l'une, l'avant-Kuujjuaq de l'autre et les rêves de chacune.


J'aurais voulu voir votre étonnement en découvrant cette serre, fruit des efforts d'une poignée de passionnés de jardinage qui n'hésitent pas, les fins de semaine et même après les heures de bureau, à y passer du temps pour semer, désherber, arroser, composter, allant même jusqu'à jouer les bons samaritains envers leurs partenaires procrastinateurs.




J'aurais voulu vous faire découvrir le fameux Repaire de l'Ange qui se trouve sur les berges de la rivière Koksoak.  Fitzsou vous aurait raconté sa découverte, son attachement pour cet endroit auquel on accède après avoir traversé le lieu d'amarrage de l'imposante barge et longé une longue plage parfois rocailleuse, parfois sablonneuse.  Vous auriez été étonné de constater la hauteur de la marée qui nous obligea, au retour, à marcher sur un lit de gros rochers instables.




Finalement, j'aurais voulu vous confier à quel point Mimi et moi avons hâte à nos vacances, lesquelles ont débuté ce soir à 17h.  Il nous tarde de retrouver nos paysages, nos voisins et notre Jules.


Mais, le temps me manque et, après une indisposition qui a un très mauvais sens du timing, me faisant passer une nuit blanche et m'empêchant de me rendre au travail cet avant-midi, l'heure est venue de préparer ma valise et de prendre encore du repos pour être en mesure, demain, de faire le vol Kuujjuaq-Montréal.

N'empêche, j'aurais vraiment aimé vous raconter, en détail, ces drôles de semaines...

À bientôt!

lundi 25 juillet 2011

Un taxi pour nulle part ...

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Pour mon ami Taximan;  bonnes vacances PL!

vendredi 22 juillet 2011

lundi 18 juillet 2011

Parfums de vacances ...



À Kuujjuaq, depuis deux semaines, ça sent les vacances! Au travail, il faut voir les bureaux déserts de ceux qui sont en "annual leave" et l'effervescence des autres qui mettent les bouchées doubles afin de terminer des rapports ou de finaliser des comptes rendus de réunion avant de partir en congé.

Ceux qui n'ont pas encore quitté pour le "sud" comptent les dodos, certains en biffant les jours sur leur calendrier, d'autres en enlevant, chaque soir, un des nombreux fins bracelets glissés à leur poignet.

Les "tea-parties", les "potlucks" et les invitations se multiplient, comme les "Request for an authorization absence" de dernière minute et les réservations de billets d'avion.

Vendredi, emportée par cette odeur d'été, j'ai même succombé à la tentation d'accompagner Fitzsou et quelques autres collègues au Kuujjuaq Inn pour prendre la bière qui marque la fin de la semaine.

Puis, samedi, ce fut le "Summer Party" organisé par notre très dynamique compagne l'Ange Aérien. Alternant entre l'anglais, le français et les fariboles, les 5 convives et l'hôtesse eurent un plaisir évident à apprendre à se connaître dans un autre cadre et à déguster des plats tous plus délicieux les uns que les autres. Pendant plus de 4 heures, nous nous sommes prêtés au jeu de profiter de la vie.


Dimanche, malgré un temps incertain, j'ai demandé à Mimi si elle avait envie d'une balade du côté de son repaire. Elle n'a pas hésité bien longtemps et c'est sous un vent juste parfait que nous avons pris la direction de "la grosse maison sur le cap".

Deux surprises nous attendaient au bout de la rue. La première, enjouée, nous conduisit à la seconde, nettement moins agréable.



Après en avoir presque terminé avec la destruction de la petite forêt derrière chez-moi, laquelle est en voie de devenir un nouveau lotissement pour des logements sociaux, il semble que la municipalité ait jeté son dévolu sur ce bout de lande par laquelle on accède au Repaire de Mimi.  Il y a de bien étranges décisions qui se prennent ici.



Comme je n'y peux rien, j'ai détourné les yeux et, devancées par GrosseFille, Mimi et moi avons emprunté le sentier qui longe le cap, bien décidées à en profiter avant que l'endroit ne soit envahi de pelles mécaniques et de camions.


Nous n'avions pas fait la moitié du parcours que le vent nous laissa tomber, donnant le feu vert aux nuées de mouches noires et de maringouins qui se jetèrent sur nous comme sur le dernier des chiens hommes. Mimi en eu vite marre et tira sur sa laisse de façon non équivoque: il était temps de rentrer. Pour suivre mademoiselle à qui les bibittes avaient donné des ailes, il me fallut me mettre au pas de course.

C'est à ce moment qu'un coup de semonce résonna au-dessus de nos têtes auréolées de diptères. En levant les yeux au ciel, je compris qu'il ne tarderait pas à se déverser sur nous. Vite Mimi!


En s'engageant dans la rue, tout près de chez Fitzsou, nous avons croisé une copine qui passait par là et lui avons fortement conseillé de rebrousser chemin.


Ma caméra cachée sous les pans de ma veste et Mimi sous le bras, je fis les derniers mètres à grands pas. Après une sempiternelle bataille avec la serrure, je réussis à nous mettre à l'abri au moment même où la pluie s'abattait sur Kuujjuaq et sur GrosseFille et Clopinette.

Les deux amies trempées poursuivirent leur petit bonhomme de chemin, sans se presser, à la recherche sans doute d'un autre humain avec qui partager un bon moment, un bout de vacances.

PS: Vous me pardonnerez d'utiliser des termes anglais, ce que j'évitais par choix dans mes billets d'avant-Kuujjuaq. Saviez-vous qu'ici la Loi 101 n'est pas appliquée? Si la langue maternelle des Inuit est l'Inuktitut, la seconde est l'anglais; peu de mes concitoyens Kuujjuamiut comprennent le français. Ainsi, dans une assemblée, s'il y a un seul Inuit parmi des francophones, les échanges se feront nécessairement en anglais.



Cliquez sur les photos pour voir les détails.




vendredi 15 juillet 2011

Une bien Bell surprise ...


Ce matin, au lieu de quitter l'appartement à 8h30, je pris la route à 8h15.

Tout juste avant d'arriver au bureau, je traversai la rue et entrai dans l'édifice dont la porte était grande ouverte.






Trois hommes s'y trouvaient.

"Bonjour!", dis-je au premier, "est-ce qu'un Robert travaille ici?"

"Oui, c'est lui", répondit-il en me désignant celui qui parlait au téléphone.

Je n'eus pas à attendre bien longtemps et, lorsqu'il eut raccroché, le Robert s'avança vers moi.

"Quesque j'peux faire pour vous?"

"Vous laisser prendre en photo", lui dis-je en sortant l'appareil de mon sac à dos.

"Quoi?" rétorqua le Robert, visiblement étonné.

"Votre épouse se nomme bien Bernadette?" ajoutai-je pour le plaisir de voir la confusion dans ses yeux.

"Euh… oui?"

Afin de mettre fin au suspense et surtout d'éviter d'être en retard au travail, je lui expliquai qu'un confrère blogueur était un de ses vieux chums et que, pour lui faire un petit clin d'œil, j'avais pensé prendre une photo de son pote qu'il n'avait pas vu depuis quelques lunes.

"Aye! Ça fait longtemps! On roulait dans c'temps là! C'était dans les années '70! Asteure, on déroule!!!", me dit Robert tout sourire.

Pour toi, Crocomickey, avec les salutations de ton chum Robert, en direct de son "Bell office" de Kuujjuaq.



PS.  Pour respecter le désir de Robert de ne pas "voir sa face sur internet", je t'enverrai sa photo par courriel.

lundi 11 juillet 2011

Randonnée au lac Stewart ...


Samedi dernier, la température fut parfaite pour une randonnée. J'acceptai avec enthousiasme l'invitation à me joindre à Fitzsou et à 2 collègues de travail pour une balade qui allait nous mener au lac Stewart, à l'ouest de Kuujjuaq.

Nous nous étions donné rendez-vous à l'entrée du chemin près d'un joli petit plan d'eau.



D'un bon pas, tout en devisant sur le temps qu'il faisait et sur les vacances qui n'étaient plus loin, nous pûmes profiter du peu de circulation pour marcher côte à côte ou deux par deux en savourant la chaleur du soleil sur nos bras nus et en bénissant l'absence de maringouins. 


Au bout d'une bonne heure, à une intersection,  Fitzsou nous indiqua la direction à prendre pour accéder au lac.  


Nous découvrîmes une vaste étendue bleue et limpide, image rassurante lorsqu'on sait que ce lac est la source d'eau potable de la ville.  

  

Une croyance locale veut que ceux qui touchent à l'eau du lac soient condamnés destinés à passer 10 ans à Kuujjuaq. Aussi, lorsqu’une des copines plongea sa main dans l'eau, j'ai vivement reculé… une éclaboussure est si vite arrivée!
 
  


Le temps de prendre quelques photos,  nous avons repris la route pour nous diriger vers la base d'hydravion, lieu qu'affectionne particulièrement l'amie Fitzsou qui se sent dans son élément près de ces grands oiseaux de tôle.





Plutôt que d'emprunter la même route, il fut décidé que nous allions poursuivre sur celle qui nous amènerait à l'extrémité est de la ville.

En quittant le chemin bordé de vert où arbres et arbustes exhalaient un parfum délicieux, le paysage changea radicalement; il était clair que nous arrivions en ville, dans la zone industrielle.








C'est aussi dans ce secteur que se trouvent la station-service et l'hôpital.



À proximité de la réputée boutique d'art Tivi Gallery, deux copines manifestèrent le désir de retourner chez elles et d'aller reposer leurs jambes endolories.  Avant qu'elles ne nous quittent, Fitzsou consulta son podomètre et nous apprit que nous venions d'accomplir une randonnée de 13 kilomètres.



Pas étonnant, après les avoir mis 17,563 fois l'un devant l'autre, que mes pieds n'aient eu qu'un seul désir… s'arrêter à la Tivi Gallery où une amie de Fitzsou offrit gentiment de nous faire monter à bord de sa voiture et de venir nous reconduire tout en haut de la ville.  Mes pieds n'auraient pas supporté ces 4600 pas supplémentaires.

mercredi 6 juillet 2011

2310 pas ...


Cinq fois par semaine, soir et matin, je fais le même trajet pour aller au travail et en revenir.  J'ai alors envisagé de vous décrire le paysage qui le borde, de vous parler des amis que j'y rencontre ou de vous faire part de mes impressions face à ce monde si différent.

Puis, une idée m'est venue.  Pourquoi ne pas m'accompagner?  Juste une fois. Allez, pas d'excuse!  Les maringouins, dont la saison n'est pas encore vraiment commencée, sont tolérables et ça ne vous prendra qu'une vingtaine de minutes.  Ça y est? Vous avez mis vos chaussures de marche? C'est parti!

Tout d'abord, en sortant du 1860-A sur Nasivik Road...  


...plutôt que d'aller rejoindre l'Aopik Road par la rue à gauche…



…nous prendrons un raccourci en "piquant à travers" la cour du voisin BenDi.  Ici, comme vous le constaterez, la "propriété privée" n'existe pour ainsi dire pas.  Les chiens, les piétons, les VTT et même les voitures passent chez vous puisque… ce n'est pas vraiment chez vous.  On s'habitue vite…
 

Vous voyez tout au fond, à droite? On peut apercevoir la majestueuse rivière Koksoak qui s'étire d'est en ouest.  Et juste à vos pieds, un exemple de ce qu'on retrouve malheureusement trop souvent à Kuujjuaq… une nature malmenée et négligée. Mais, à ça aussi, on finit par s'habituer…



Tiens! C'est Poilufrisé, un ami qui habite juste ici, à votre gauche. C'est un chien très gentil, même s'il est parfois un peu trop enjoué.



Nous voilà arrivés à la rue asphaltée,  seul axe est-ouest qui descend vers le centre de la ville et qui monte jusqu'à la marina ainsi qu'au "Canadian Tire", nom donné au dépotoir.





À votre gauche se trouve le rocher au drapeau, l'un des premiers endroits que j'ai explorés.  Il repose sur une large bande sablonneuse où les amateurs de motocross et de VTT se donnent rendez-vous pour s'amuser, courser ou se donner en spectacle.


 Le long de la rue, les maisons se suivent et se ressemblent.  Celles-ci sont doubles et se partagent un réservoir d'eau potable, un autre pour les eaux usées et un dernier pour le mazout.  Vous voyez les pilotis qui les supportent?  Tous les bâtiments nordiques sont érigés de cette façon.



Voici Groschien.  Il mène une bien triste vie: toujours attaché, il a peu d'amis, car tous le craignent, hommes et bêtes.   Tous les matins, je le salue et, un jour, je lui ai apporté un biscuit qu'il a accueilli en balançant la queue.  Dites… vous n'en auriez pas un, par hasard, dans vos poches?


 Avec l'été qui s'installe lentement, le paysage a vite verdi.  Vous voyez, cette herbe sur le bord de la route? Elle n'y était pas il y a 3 semaines.
 

Lorsqu'on emprunte cette rue, il faut redoubler de prudence;  elle est inégale et bien étroite par endroits surtout lorsque l'on croise des gros camions.


Il arrive aussi que l'on rencontre des confrères de travail.  Justement!  Je vous présente collègue Kinée et son amoureux!


Parfois d'autres am…  Non Clopinette!  On ne saute pas!!!


Et tu ne me suis pas… Reste Clopinette… Bon chien!


Après avoir dépassé Trapper's Line, un des quartiers résidentiels…


… nous arrivons à la série de quadruplex.  Ils semblent surtout occupés par des familles…


… ce qui est pratique lorsque la garderie est juste en face.


Comment?  Vous vous demandez ce qu'ont ces camions-citernes à sillonner sans arrêt les rues?  Ce sont eux qui livrent l'eau potable et leurs semblables qui vidangent les réservoirs septiques de chaque maison.  Mais non!  Ce ne sont pas les mêmes!  Euh… j'espère!


Nous y sommes presque.  Encore quelque cent mètres ... 


...et nous arriverons à l'intersection où il faudra tourner à gauche.


Suivez-moi, nous allons prendre un autre raccourci!
 

Ce que vous voyez à  gauche c'est le bâtiment Kuujjuamiut qui abrite aussi la station de radio locale, tandis qu'à droite, c'est l'édifice de Bell. Et puis devant, et bien c'est … un souvenir? Une pièce de collection?



Voici maintenant le moment de faire un dernier effort!  Vous verrez, une fois arrivés en haut de la côte...
 
 
... vous aurez Kuujjuaq à vos pieds.


Puis, après avoir dépassé l'amoncellement de gros cailloux qui ressemblent aux pierres à vœux de Fitzsou...


...nous arriverons enfin à l'édifice de la RSSSN.  Vous avez remarqué que les drapeaux flottent à mi-mat? 


 On m'a dit qu'il était de coutume de les mettre en berne lorsqu'un décès survenait à Kuujjuaq.


Allez, suivez-moi, c'est par ici…


Bon matin collègue Jumeau!  Quoi? Mais non! Ce n'est pas mon frère!  Nous sommes arrivés à Kuujjuaq sur le même avion, avons monté dans la même camionnette qui nous a fait faire le même tour de ville et nous a amené tous deux faire une visite éclair à notre même employeur avant de …


 … Oups! Vous avez vu l'heure? Bah! Je terminerai un peu plus tard ce soir. Venez, je vais vous montrer mon bureau.  Ça ne prendra que quelques minutes.



Morning Fitzsou!


Bon matin collègue MADO!


Voilà, c'est ici que je passe mes journées…


…avant de faire à nouveau les 2310 pas qui me ramèneront chez moi.

C'est gentil de m'avoir accompagnée!