vendredi 30 avril 2010

jeudi 29 avril 2010

Les songes de Baladine ...

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C'était samedi dernier face au lac Massawippi à North Hatley, peu avant notre souper d'amis au Pilsen Pub.
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mercredi 28 avril 2010

Party pris ...


Ce n’est pas le gosier sec que nous avons passé la soirée de samedi dernier à North Hatley. Autour d’une table qui en avait vu d’autres, mes amis Baladine, Carmen, Céline et Rich ont ri, bu, un peu trop mangé, raconté des sornettes et badiné avec Fred, le serveur sympa du Pilsen.

Rich, visiblement heureux de se retrouver en si bonne compagnie, essaya vainement de placer un mot et de faire le drôle, ce qui lui valut quelques coups de pieds sous la table, particulièrement lorsqu’il tenta de révéler à notre serveur que nous le trouvions assez mignon.

C’était un plaisir d’observer la naissance d’une complicité entre mes copines Carmen et Baladine qui se connaissaient à peine. La seconde écoutait religieusement la première raconter comment et pourquoi elle s’était laissée conquérir par son dernier amoureux en lice. Il s’en fallut de peu que l’une prenne des notes pendant que l’autre dévoilait sans rougir qu’elle avait jadis exposé, sans détour, son désir d’un rapprochement épidermique à un homme qui lui plaisait particulièrement. Lorsque les murmures d’approbation et d’envie se calmèrent, Céline y alla de son anecdote que je connaissais déjà et que mes amis trouvèrent savoureuse: elle relata qu'un jour, elle alla solliciter auprès d’une épouse la permission d’emprunter son mari, visiblement bon danseur, et le plaisir qu’elle eut à virevolter sur la piste toute la soirée dans les bras d’un homme qui n’était pas le sien.

Quant à Rich, il profita d’un très bref silence pour clamer qu’il considérait que le client qui avait osé poser ses lèvres sur celles de Carmen, alors que toute jeune mariée elle travaillait comme vendeuse dans un magasin, prétextant qu’il voulait goûter à son rouge à lèvres, était «pas correct». Personnellement j’aurais employé le mot gougeât, mais bon, Rich était à son 3e verre de vin, alors…

«Comment ça, pas correct?», objectèrent mes copines. «Audacieux, impertinent et peut-être un brin téméraire, nous voulons bien, mais «pas correct», t’exagères! Tu ne serais pas un peu jaloux, par hasard?» lui demanda-t-on en l’accusant de manquer de romantisme. Le pauvre homme allait répondre quand Fred arriva, tenant à bout de bras une assiette contenant une tranche de gâteau qu’il déposa devant moi. Ce fut lorsqu’il entonna le «Chère amie, c’est à ton tour de te …» que le feu de Bengale piqué dans la pâte glacée s'essouffla, m’évitant d’avoir à trouver, in extremis, un souhait fantaisiste. La chanson sitôt terminée, mes émoustillés compagnons ne se laissèrent pas émouvoir ni prier d'ailleurs, pour brandir cuillères et fourchettes et ainsi faire honneur à mon gâteau d’anniversaire qui ne fit pas long feu.

Ce fut une soirée délicieuse où la joie, les rires et l’amitié nous firent l’honneur de leur présence. Mon vœu, sans être le plus original, fut néanmoins exaucé: revoir des amis sincères, les redécouvrir et partager avec eux des moments de bonheur tout simples.



Merci à chacune et chacun de vous pour vos souhaits, vos mots gentils et votre présence, qu’elle soit réelle ou virtuelle. Vous nourrissez mon âme, vous égayez mon cœur et êtes la flamme qui éclaire mon clavier.
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mercredi 21 avril 2010

L'intention qui Conte ...



Ce soir, j’avais l’intention de vous entretenir de cet endroit unique et Fée-rique où je séjournerai à la fin du mois de mai. D’ailleurs, cet avant-midi, après avoir effectué une livraison à deux clientes qui travaillent au Salon Brillantine, j’avais bifurqué vers la Brûlerie et, profitant du soleil qui réchauffait la terrasse, griffonné les grandes lignes du billet que je prévoyais publier.

Mais voilà qu’après m’être remise au travail pour finaliser les trois derniers contrats, passé un long moment, accroupie dans la cave de service avec «Monsieur à tout faire», à discuter de la façon et du meilleur endroit pour installer le nouvel aspirateur central, préparé la chambre d’ami pour Emma qui arrivera demain, fait imprimer les «e-Ticket Receipt(s)» reçus de RedTag et rangé l’atelier, le courage m’a manqué pour m’atteler à la rédaction prévue.

Et puis, honnêtement, je trouvais que certaines de mes amies, pour ne pas nommer Baladine, Emma et HabsfanDan, avaient été pour le moins paresseuses avant-hier, en ne cliquant pas sur le «ICI» pourtant visible à la fin de mon dernier billet. Si la première avait compris que j’allais visiter Grande-Sœur et les têtes couronnées de l’Angleterre, la seconde croyait que les 27 Britanniques apparentés à Bôf-Adoré s’apprêtaient à débarquer à Saint-Sauveur. Quant à la dernière, elle s’imaginait que mon cadeau était réellement un cours d’anglais, d’où son offre, tout de même généreuse, de m’aider en ne m’adressant plus la parole en français.

Alors, j’ai décidé à mon tour d’être paresseuse et ce soir, au lieu d’apprendre comment diable j’en suis arrivée à me faire offrir dix jours de vacances au Château Marouatte, en Dordogne dans le Périgord vert, vous devrez vous contenter d’une brève visite … de mon jardin.








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PS : J’ai l’intention de prendre congé pour quelques jours; c’est en Estrie que j’irai célébrer mon anniversaire ainsi que celui de Baladine, et à mon bien aimé Pilsen que nous nous retrouverons pour festoyer entre amis.

À bientôt!

lundi 19 avril 2010

Être de la fête ...



Lorsque j’étais enfant, au tout début d’avril, j’écrivais à mes grands frères et à ma grande sœur qui vivaient alors à Montréal dans le but de leur rappeler, pas du tout subtilement, que mon anniversaire de naissance était pour bientôt.

Pendant des années, cette méthode fonctionna parfaitement et, le 25, je recevais des cadeaux de ma fratrie. En grandissant, j’ai peu à peu cessé cette pratique, ce qui n’a pas empêché les miens, malgré la distance géographique qui nous sépare, de se souvenir de chacun de mes anniversaires.

Si je m’attends, d’année en année, à recevoir une carte virtuelle ou réelle de Grand-Frère, des souhaits chantés au téléphone par Frérot, Lady Dy et mes nièces ainsi que des appels de quelques amis(es) et de Maman, cette fois-ci c’est Grande-Sœur et Bôf-Adoré qui ont été les premiers à souligner mon anniversaire en m’envoyant pas moins de dix courriels juste aujourd’hui. Wow!!!

C’est tout?

Hum, non, pas tout à fait. C’est que leurs souhaits s’accompagnaient d’un cadeau très très original dont je jouirai à la fin du mois de mai : un cours intensif en langue anglaise! Cool!

Ainsi, comme l’a fait l’Ange Aérien, moi aussi, pendant une semaine, je ne parlerai et n’entendrai que la langue de Shakespeare. Toutefois, contrairement à mon amie, je ne logerai pas dans un charmant et centenaire gîte du passant en milieu urbain; l’endroit qu’a déniché Grande-Sœur semble en pleine campagne et ma foi, en regardant les photos sur le web, on a l’impression que la décoration n’a pas été refaite depuis des siècles!

Comme mes Anglais préférés ne font jamais les choses à moitié, j’aurai 27 professeurs, la plupart étant issus du même arbre généalogique que Bôf-Adoré. Ça promet! Enfin, c’est ce qu’a laissé entendre Grande-Sœur.

Comment? Si mon immersion anglaise, comme celle de mon amie l’Ange, se fera dans une région anglophone comme les Cantons de l'Est?

Étrangement, non. J’ai même l’impression que la «minorité audible» ne sera pas celle qu’on pourrait croire. Parce que mon séjour, durant lequel je serai entourée d’une horde de Britanniques, dont Grande-Sœur et Bôf-Adoré, se déroulera juste ICI.

Aurais-je pu rêver d’un cadeau d’anniversaire plus «gorgeous and amazing» que celui-là?
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Décidément, ce sera vraiment ma fête!!

samedi 17 avril 2010

Le choix ...


Les larmes coulaient sur mes joues sans que je ne tente de les réfréner; à quoi bon d’ailleurs? J’étais seule et personne n’était là pour voir mes paupières gonflées.

«Comme la vie peut parfois être cruelle» soliloquai-je. Il arrive, lorsque tout semble couler comme l’eau d’un calme ruisseau, que le destin se prenne les pieds dans le tapis de malheurs, faisant tout chavirer.

Ce fameux choix dont il était question depuis le départ n’aura pas, semble-t-il, été celui que j’avais cru. Et je ne sais pas encore de quel côté penchera la balance puisque dès le commencement, j’avais tout faux… ou presque.

C’est la sonnerie du téléphone, à la fin de l’avant-midi, qui m’arracha à mes réflexions. Une voisine, ne tenant pas compte que c’était samedi et alléguant qu’elle avait besoin de son nouveau jean demain puisqu’elle partait pour Boston, m’informa qu’elle s’apprêtait à passer chez moi afin que je lui raccourcisse.

Essuyant mes yeux rougis, je soupirai en grommelant refermant le roman de Nicholas Sparks, The Choice. Dans 64 pages je saurai le fin mot de cette histoire qui raconte les balbutiements de l’amour entre Travis et Gabby. Nouvellement voisins, leur amour prit 219 délicieuses pages pour germer tout doucement, sans rien précipiter afin que dans le cœur de Gabby il ne subsiste aucun doute sur le choix qu’elle allait faire, ce qui l’amènerait un jour à cette page 253 où ni elle ni moi ne sait encore celui, terrible peut-être, qu’aura à faire Travis…



jeudi 15 avril 2010

Dégrif-Fée ...

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D'un pantalon, que ma cliente Julie s'était lassée de trop avoir porté ...
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... j’ai fait une jupe à taille froncée, laquelle sera bientôt accompagnée...
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... d'un pantacourt plutôt olé-olé, qui bien des têtes fera tourner!
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mardi 13 avril 2010

Faire ses classes ...

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Ça y est, c'est terminé. J'ai assisté, aujourd'hui, à la dernière leçon de peinture de la saison. Il y avait dans l'air comme un parfum de vacances de fin d'année scolaire. Certaines, penchées sur leurs oeuvres, étaient entièrement absorbées par leur travail, tandis que d'autres se promenaient d'un chevalet à l'autre pour admirer la progression des tableaux.
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Ce fut pour moi l'occasion ou jamais d'expérimenter une nouvelle technique: celle du fond de couleur. Ma voisine de droite, avant de dessiner son cheval, avait enduit sa toile de rouge. Une autre, pour un paysage marin, l'avait peint en rose. Pour ma part, j'eus envie d'essayer le noir. Je ne savais trop ce que j'allais ensuite peindre lorsque je vis le tableau qu'avait réalisé une des "anciennes"; ce fut le coup de foudre!
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Pendant que la couche de peinture acrylique noire séchait sur ma toile cartonnée, je tentai de griffonner quelque chose qui s'inspirait de l'oeuvre de ma consoeur sans toutefois la copier.
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Pour cette réalisation, m'apprit mon professeur Johanne Martel, j'allais procéder à l'inverse de ce que j'avais fait précédemment. Ce n'est qu'après avoir peint les éléments de la composition que j'appliquerai la teinte de l'arrière plan. Ainsi, où les couleurs ne se toucheront pas, on pourra apercevoir une mince ligne noire qui donnera du relief au tableau.
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Une fois terminé, ça pourrait avoir une certaine classe, non?
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lundi 12 avril 2010

Règne animal ...

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Pendant que la Fée s'amusait à réparer les affres qu'un carosse avait fait subir à la tenue d'une Cendrillon qui n'avait vu l'heure passer,
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le Prince Jules se remettait d'une éprouvante journée passée à observer ses sujets, à conquérir la terrasse et à méditer sur le confort de la causeuse.
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dimanche 11 avril 2010

Régime de terreur ...


À mes voisins, je n’ai jamais eu à reprocher quoi que ce soit. Arrivée dans les Laurentides à la fin de septembre dernier, j’ai constaté que, dans le quartier, chacun vaquait à ses occupations sans déranger les autres.

Dans ma rue, la circulation automobile est fluide et il arrive rarement que l’on soit ennuyé par le hurlement de pneus ou le rugissement de moteurs alimentés à la testostérone. C’est un secteur de piétons retraités, de maman trottant derrière les poussettes, de jeunes enfants ou d’adolescents à bicyclette et de chiens promenant leur maître. Même les écureuils et les chats semblent bénéficier d'une espérance de vie plus longue, sans doute grâce à la limite de vitesse qui est fixée à 30 km/hre.

Les méfaits sont chose rare, on ne verrouille pas nos râteaux ni nos chaises de jardin et, discrètement, les voisins ouvrent l’œil. Même le silence, rare visiteur des quartiers urbains, semblait s’y plaire, se croyant à l’abri des déchirures tonitruantes.

Ce jour-là, l’été venu faire un clin d’œil au printemps m’avait incitée à m’attabler dehors. Malgré les longues semaines qu’il faudrait attendre avant qu’il ne fût vraiment là, je l’imaginais ensoleillé, parfumé, calme et, entre deux pépiements des convives qui fréquentaient les mangeoires de mon jardin, je rêvais déjà aux petits matins sur ma terrasse. Je me voyais, au saut du lit, pratiquer la salutation au soleil pendant que sur la table, une théière fum …

«*%/(?%*» !!!

Saisie, j’essayai de localiser le cri perçant qui se répercutait dans la quiétude brisée. Il fut rapidement suivi de plusieurs autres, son auteur ne semblant pas gêné par ma présence, ni par celle de mes voisins.

«Peut-être n’est-ce qu’un visiteur!» ai-je pensé tandis que les cris se répétaient inlassablement. L’oreille tendue, j’essayai de deviner s’il s’agissait d’invectives ou de louanges, mais le langage utilisé m’était inconnu. Déjà que la langue de Shakespeare m’apparait parfois comme du chinois…

C’est ainsi depuis deux semaines : si le soir nous retrouvons le silence, le jour n’est que cacophonie. J’espère que l’énergumène n’est que de passage, car s’il a élu domicile dans le coin, c’en sera fait de la tranquillité et j’en ai bien peur, de la sécurité de quelques habitants du quartier.

À vrai dire, ce n’est pas tant son chahut qui me gêne, mais plutôt le régime auquel il se soumet:
«Le menu de ce petit faucon est fort varié (…). Mange surtout des mammifères et des oiseaux au début de la saison de reproduction (…). Capture parfois des oiseaux aux mangeoires en hiver.»

C’est ce que je pus lire à la page 251 de mon Guide nature Quintin sur la Crécerelle d’Amérique, mon nouveau voisin qui sèmera, je le crains, la terreur dans mon jardin.

vendredi 9 avril 2010

À bout de souffle ...


Rien ne laissait présager ce qui arriva, rien sauf l’âge et l’usure du temps.

C’est souvent ainsi; les jours passent et nous oublions combien sa présence nous est chère. Pour reprendre l’expression populaire, il finit par «faire partie des meubles».

La semaine dernière pourtant, il commença à avoir un comportement étrange. Le souffle court, lui habituellement si gourmand, il refusa d’avaler quoi que ce soit. Inquiète, je tentai de poser moi-même un diagnostic. La première chose que je soupçonnai, c’est qu’il avait ingéré un truc qu’il ne fallait pas. L’ombre d’une occlusion vint planer au-dessus de sa tête. Un voisin qui avait déjà vu un cas semblable me conseilla de consulter un spécialiste. Selon lui, le son rauque qui provenait de ses entrailles au lieu du vibrant ronronnement coutumier n’était pas de bon augure. Honnêtement, je craignis le pire. Il n’y avait plus de temps à perdre; c’est aussi ce que pensa mon amie HabsfanDan qui habite à l’étage. N’ayant pas la force de le faire seule, je lui demandai, cet après-midi, de m’accompagner; sans hésiter, elle accepta.

Ma fourgonnette chargée de sa précieuse cargaison, nous nous dirigeâmes vers Saint-Jérôme où un professionnel avait accepté de me recevoir sans tarder. Dès que je pénétrai dans la place, je me sentis en confiance. En jetant un coup d’œil autour de moi, je sus que j’avais cogné à la bonne porte. Soudain rassurée, j’eus la conviction que tout n’était pas perdu.

Après l’avoir déposé délicatement sur une table, le spécialiste m’informa qu’il allait le garder quelques jours afin de procéder à un profond examen. Il ajouta qu’il serait en mesure de me faire part de son diagnostic au début de la semaine prochaine. Remplie d’espoir, je m’accrochai à la phrase qu’il me lança, comme une bouée, avant que je ne referme la porte derrière moi:

«Bon, il est pas jeune-jeune mais c’est la meilleure marque d’aspirateur central qui soit. Neuf, ça vaut environ $1000 tandis qu’un moteur coûte autour de $200. Ça devrait pouvoir se réparer. En plus, l’estimation est gratuite.»

Ouf!

D’ici là, c’est ma petite Shop Vac portative qui fera le boulot, alternant entre le logement de ma locataire HabsfanDan et le mien. Depuis le temps qu’elle aspirait à faire autre chose que de croupir dans la cave!

mercredi 7 avril 2010

Personn-âge ...


«Mais, vous êtes toute jeune!», s’exclama l’élégante dame lorsqu’elle m’aperçut, alors que je m’avançais à sa rencontre cet après-midi.

Sa fille, une cliente régulière, l’accompagnait. Elle m’avait téléphoné plus tôt dans la journée afin de prendre rendez-vous pour sa mère qui, ayant perdu du poids depuis l’été dernier, désirait faire ajuster quelques jupes à son nouveau tour de taille.

Des séquelles d’une vilaine chute lui rendant la démarche incertaine, je lui suggérai qu’on procède aux essayages à l’entrée de l’atelier, là où un grand tapis demeurait plus sécuritaire que le bois du plancher. J’étais à fermer les rideaux devant les portes-patios pour un minimum d'intimité lorsque :

«Oh! Mais ça ne me dérange pas! Je ne suis pas pudique!», déclara-t-elle en laissant tomber sa jupe de laine sur ses chevilles, non sans s’appuyer solidement sur mon bureau heureusement lourd et stable.

Durant les trente minutes pendant lesquelles je l’aidai à enfiler les 5 jupes qui nécessitaient des ajustements, elle me raconta que c’était elle qui les avait confectionnées, il y a plusieurs années. Qu’elle avait cousu jadis des manteaux, des pantalons et des chemisiers. Le terme «cousu à la main» avait tout son sens alors et je me rappelai un vêtement que sa fille m’avait confié, il y a quelques semaines, dont les coutures avaient été entièrement bordées à l’aiguille.

Avant qu’elle ne reparte, je l’assurai que mon travail serait à la hauteur de ses talents en couture et cela la fit sourire.

«Je vous fais confiance!» s’exclama-t-elle en me tapotant le bras.

C’est après l'avoir aidée à franchir la marche qui donne accès à la sortie et alors qu’elle s’apprêtait à remonter l’allée, sous l'oeil vigilant de sa fille, que je l’interpellai :

«Dites-moi, quel est votre prénom?»

«Marthe», me répondit-elle avant de me demander le mien.

«Ce fut un plaisir de vous rencontrer Marthe. Nous nous reverrons bientôt pour l’ajustement de vos jupes d’hiver.», lui assurai-je en songeant que c’était beaucoup plus un souhait qu’une certitude.

Car ma nouvelle cliente, Marthe, fêtera ses 95 ans quelque part en juillet.
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PS 1 : Ce sont 36 chandelles qu’a soufflé mon ami Martin le Scarabée aujourd’hui. Pffff, espèce de jeune, va!

PS 2: Mon Ange : Tu as fait bonne route? Merci pour tes vœux, à la blague, de «journée ensoleillée» alors que la pluie tambourinait le toit de Petit Escape stationné devant chez moi: j’ai eu droit à deux magnifiques éclaircies en avant-midi!

dimanche 4 avril 2010

De haut en bas ...

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Merci à DansfanJack pour ce délicieux souper et la coupe de blanc ainsi qu'à HabsfanDan pour être descendue me les porter.
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Bon, d'accord, je vais le renouveler votre bail!
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:O)
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xxx
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Bon dimanche de Pâques à tous!

jeudi 1 avril 2010

Pas appât ...



Je ne sais quelle mouche piqua mes voisins aujourd'hui, mais tous, sans exception, brandirent pelles et râteaux et, comme mus par un même élan, se mirent frénétiquement à pelleter, jetant sur la chaussée la neige qui persistait sur leur pelouse. Ce furent les bruits de raclement qui me firent mettre le nez dehors alors que je taillais les corsages destinés à deux copines.

Étonnée par la vue de toutes ces têtes blanches ou grisonnantes qui, tels des galériens, semblaient suivre un même rythme, plantant leur pelle, la soulevant en ahanant, en lancer le contenu au loin avant de recommencer, encore et encore, je décidai d’aller questionner l’un d’entre eux.

- Bonjour! Dites, vous faites quoi au juste?

Ne recevant pas de réponse, je répétai un plus fort :

- Vous avez drôlement hâte à l’été, on dirait!

- …

- C’est une coutume? Vous faites ça tous les ans? Je vous dérange?

Tout autant de questions qui demeurèrent sans réponse. En lui parlant, j’avais bien remarqué que les autres voisins me jetaient des regards désapprobateurs, presque hostiles. Me souvenant à temps que chacun d’eux était un client potentiel, je n’insistai pas et me contentai de leur faire mon plus beau sourire avant de retourner chez moi.

J’avais beau tenter de me concentrer sur le patron que je dessinais pour l’amie virtuelle Petit-train-va-loin, je n’y arrivais pas tant l’image de toutes ces femmes et de ces hommes pelletant à l’unisson me hantait.

N’y tenant plus, j’abandonnai mon équerre ainsi que ma règle courbe et enfilai en vitesse un vieux legging, mes bottes de randonnée et un coupe-vent. Dans la remise, je choisis la pelle en plastique la plus légère et dont le manche était suffisamment long pour ménager mon dos fragile. Puis, sans un regard aux compères qui pelletaient toujours, je m’y mis également. Au départ, je trouvais un peu ridicule de me démener ainsi, surtout que la météo annonçait une température extraordinairement chaude pour le week-end à venir. Cependant, je crus que c’était là l’occasion idéale de me faire accepter des contribuables de mon quartier.

Au début, je me concentrai sur mes mouvements : plier les jambes, éviter les torsions, respirer, garder le rythme. Après quelques minutes, mon esprit devint léger et exactement comme lorsque je m’adonne à la peinture, le vide se fit en moi. Exit les corsages à coudre, les factures à payer, l’aspirateur à faire réparer et le raclage que j’allais devoir faire seule. Planter, soulever, lancer … planter, soulever, lancer … Je perdis la notion du temps, complètement. Planter, soulever, lancer …

Pok! Le bruit de ma pelle heurtant quelque chose fit éclater la bulle dans laquelle je m’étais réfugiée. Jetant un coup d’œil autour de moi, je vis que la lumière avait changé; au-dessus de ma tête, le ciel avait pris une teinte bleutée comme si le soleil s’était couché. Soudain, à mes pieds, je sentis quelque chose frémir. Du bout de ma pelle, je grattai le sol et, sous une petite couche de terre, j’aperçus quelque chose qui ressemblait à un tissage de paille ou de jonc. Je plantai ma pelle de biais pour le déloger lorsqu’un cri déchira le silence:

- Aille! Ouille!

Au fond du trou, la paille s’ébroua, et abasourdie, j’entendis :

- Sapellipopette, Honolable Fée! Votre lespectable pelsonne a lien de mieux à faile que de peldle son temps à éclile des balivelnes qui, sauf le vénélable lespect que je lui dois, se telminent en vulgaile queue de Poisson d’Avlil???
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