dimanche 29 novembre 2009

Gagner du temps ...



Tout à l’heure, j’essayais de me rappeler depuis combien d’années je n’avais pas eu du temps à dilapider comme d’autres, de l’argent. Par là, je n’entends pas la possibilité de choisir, pour une journée ou deux, de reporter des tâches jusqu’au lendemain. Non, ce que je veux dire, c’est d’avoir vraiment du temps pour la simple raison que rien dans les petits travaux à faire, n’est urgent. Malgré ma longue liste de trucs que j’aimerais accomplir un de ces quatre, rien n’est absolument impératif. Bon, disons presque rien. Il y a bien les fenêtres du solarium que j’aimerais laver puis, avant Noël, deux nappes à confectionner. Sinon, le placard de l’entrée pourra bien n’être repeint qu’au printemps, l’absence de décoration dans la chambre d’invités ne les empêchera pas de dormir et personne ne se doutera que le rideau de la chambre de Jules ne tient à la tringle que par des épingles au lieu d’une couture.

Ce temps libre est nouveau pour moi car, depuis 1995 alors qu'avec Ex j’avais acquis la petite maison rouge à North Hatley, les travaux s’étaient succédés année après année. Malgré certains qui furent exécutés au fil du temps et plusieurs durant la dernière année, il m’en restait encore beaucoup à faire au moment où je la vendis à Paule.

Dans ma nouvelle maison à Saint-Sauveur, rien de majeur n’était à faire mis à part la peinture intérieure et ce fut fait par une équipe de professionnels sans quoi, ma foi, j’y serais encore. Il n’y a aucun cadrage de fenêtre ou de porte à tailler et à fixer, aucun plancher à sabler et à vernir, aucune isolation à refaire, ni autre rénovation fastidieuse à entreprendre. RIEN mais absolument RIEN n’est à réparer ou à retaper. Vous savez quoi? Cela me fait un peu étrange et j’avoue que je ne suis pas encore habituée à tout ce temps libre. Bien sûr, dès que la clientèle fera le pied de grue devant la porte de mon atelier, il m’en restera moins, mais n’empêche, j’en aurai encore davantage que je n’en ai jamais eu depuis 1995. Cool hein?

Alors, d’ici les prochains mois, entre les ratures que je ferai sur ma liste de choses à faire, je devrais trouver le temps de poursuivre mes études en création littéraire, de tailler mes crayons de couleur, de brancher mon imprimante photo et celui de continuer à venir vous raconter ce qui se passe dans l’univers de mes Contes de Fée.

N’est-ce pas ce qui s’appelle prendre du bon temps?

vendredi 27 novembre 2009

Parlez-moi d'amour ...


Invariablement, lorsque nous nous retrouvons entre copines, la conversation finit par glisser sur LE sujet qui rend intarissable même la plus secrète. Celui dont on ne se lasse jamais, sur lequel il y a toujours à dire et à redire. Celui dont les rêves nous font gravir les plus hauts sommets et nous donne envie de devenir une héroïne adulée.

Comment ça l’argent? Mais vous n’y êtes pas, mais alors pas du tout! C’est de l’amour dont il est question. Celui avec un authentique grand A, un M magique et monumental, un O comme une oasis, un U unique et non utopique et un R résolument romantique et ravissant.

Mes amies célibataires et moi ne manquons pas une occasion de nous vautrer dans d’interminables et délicieux palabres qui finissent immanquablement par l’imagination de scénarios tout aussi exaltés, qu’improbables. Comme des fillettes, nous nous enflammons en dressant la liste des qualités que possédera, sans aucun doute, notre futur amoureux.

Pour l’une, il devra être réservé, l’homme d’une seule femme, avoir ou pas de cheveux, pourvu qu’ils ne soient pas blonds, être intense et intègre, mais ne pas avoir les jambes trop longues (je sais, c’est assez étrange …). Pour une autre, ce devra être un monsieur avec de belles bouclettes poivre et sel, tendre et passionné, aimant communiquer et ayant déjà volé… en tant que pilote, pas comme cambrioleur! Pour celle que je surnomme mon petit volcan, nous imaginons un homme cultivé, curieux, affectueux et complètement fou … d’elle. Quant aux autres, celles qui ont trouvé chaussure à leur pied, elles ne semblent pas trop intéressées qu’on les leur casse avec nos fantasmes d’adolescentes attardées et fleurs bleues.

J’en parlais tout à l’heure avec mon ami Dan: les célibataires ont beau rêver, ouvrir grand les yeux, solliciter la coopération des copains, de la famille et des connaissances, s’inscrire sur des sites de rencontres, joindre les clubs de marche, de bridge ou de bingo, il n’est pas aussi facile qu’on pourrait le croire de troquer son statut de disponible, pour celui d’engagé.

Et dire qu’une fois en couples, la moitié d’entre eux ne parle plus d’amour et ne rêve que de célibat…


mardi 24 novembre 2009

Jeu d'enfant ...


Dans un mois précisément, ce sera la veille de Noël. Chez Frérot, les filles doivent déjà tenter de deviner ce qu’elles recevront en cadeau, et leurs parents se demander ce qu’ils pourront bien leur offrir qu’elles n’ont pas déjà.

Si leur sapin n’est pas encore installé, Lady Dy m’apprenait qu’elle et Frérot avaient commencé à préparer leurs desserts des Fêtes et ce sont huit douzaines de beignes qu’ils ont fait cuire aujourd’hui. J’étais bigrement impressionnée! Alors j’eus une idée qui allait m’éviter de rallonger ma liste de trucs à faire avant Noël: je dis à ma belle-sœur que je ne savais pas comment faire des beignes et que je n’en avais pas mangé depuis plus de vingt ans. Résultat? Elle promit de m’en apporter au Jour de l’An! Je sais, je suis drôlement futée!

Ainsi, pendant qu’à Amos une odeur de friture s’imprégnait dans chaque recoin de la maison de Frérot et de Lady Dy, la mienne se remplissait d’un doux parfum qui me rappelait les balades en forêt que nous faisions, enfants. En effet, ce matin je me suis levée avec une envie de m’amuser. Comme ma liste de tâches à faire ne comprend que des trucs barbants et que le plus excitant est de repeindre ma table de cuisine, je décidai de l’ignorer pour me consacrer à quelque chose de vraiment divertissant. Et j’y passai de délicieuses et longues heures.

Je commençai par regrouper les matières premières que mon généreux jardin m’avait procurées. J’eus besoin d’une pince coupante, d’une autre pointue et, faute de trouver mon sécateur, j’utilisai le ciseau à métal. Il me fallut ensuite plusieurs longueurs de fil de laiton et autant de celui à pêche. Comme base, j’avais trouvé tout ce qu’il me fallait dans le placard de l’entrée. Si j’avais une vague idée de la façon de commencer, pour la suite j’allais devoir improviser. En cours de route, je fis quelques essais plus ou moins convaincants et finalement, je décidai de m’en tenir strictement à ce qui était naturel.
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Pendant que je m’amusais comme une enfant, bien au chaud dans mon atelier, Monsieur-fait-tout était grimpé dans son échelle pour hisser dans le pignon du devant, l’imposante décoration de Noël que Madame Lafleur a laissée dans la remise.

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N’est-ce pas là une journée couronnée de succès?

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dimanche 22 novembre 2009

Pièce de résistance ...


Habituellement, de ma liste de tâches à accomplir, je commence toujours par celle qui me rebute le plus, qui me plaît le moins. Une fois cette corvée exécutée, celles qui restent me paraissent moins pénibles, à la limite, plus faciles.

Malgré cela, depuis des semaines je déroge à ma propre règle en tentant d’ignorer ce qui apparaît en première position de l’impressionnante série de trucs à faire, les uns tout simples, d’autres assommants et quelques-uns vraiment fastidieux.

- Juste ciel! Qu’y a-t-il donc d’écrit tout en haut de cette fichue liste? Se demanderont Grand-Frère, Carmen, Sylvie, l’Insulaire, Isabelle, Diane, Francine et peut-être même Lise, Emma, Zoreilles et le Taximan, mais sûrement pas Grande Soeur, Dan ni Martin.

Ce qu’il y est écrit? Ceci : «Trier et ranger vêtements / chambre».

Oh! Je devine. Vous vous dites qu’il n’y a pas de quoi fouetter un chat ni même téléphoner à sa mère, surtout que la mienne m’a clairement laissé entendre que je devais le faire moins souvent.

Mais ce que vous ignorez, c’est que depuis mon déménagement, mes valises au contenu quasi intact n’avaient pas bougé des commodes où je les avais déposées le 28 septembre dernier. Quant à ces dernières, elles étaient remplies à craquer des sacs de vêtements que j’y avais entassés en quittant North Hatley. Par conséquent, lorsque je désirais un morceau, je devais essayer d’entrouvrir un tiroir sans qu’il ne bascule et, à tâtons, tenter de deviner si c’était bien la laine de tel chandail ou le tissu de telle jupe.

Après quelques semaines, j’en eus assez de chercher à l’aveuglette. C’est ainsi que deux gros sacs quittèrent les tiroirs pour se retrouver par terre au pied de mon lit. Ils furent bientôt rejoints par des paniers à lessive remplis de vêtements venant d’être lavés, par une boite débordant de cintres, trois autres de chaussures et enfin, par une autre très grosse, pleine de choses qui auraient dû être rangées dans la salle de bain si, sur ma liste, cela n’avait pas été écrit tout en bas. N’empêche, cette boite fut diablement pratique, car je pus y déposer le contenu propre des paniers à lessive pour remplir ces derniers de vêtements à laver. À moins que ce ne soit l’inverse? Euh… ce n’était donc pas le nouvel assouplisseur qui donnait cette odeur étrange à mes chaussettes???
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Finalement, il fallut huit semaines à ma patience pour atteindre ses limites et avoir raison de ma procrastination qui, je l’admets, commençait à se dégrader. C’est ainsi qu’hier je surlignai en jaune fluo la première ligne de ma liste des choses à faire ce dimanche.

Je mis trois heures pour trier ce qui n'était plus à ma taille et ranger ce que devais conserver même si je ne l’aimais plus, ce qui était tout juste bon à porter pour faire des travaux de peinture et ce qui allait constituer ma garde-robe pour les prochains mois, que je le veuille ou pas.

Si je suis satisfaite de ma journée? Et comment! D’autant plus que sur ma liste, il ne reste que vingt-cinq choses à faire toutes plus captivantes les unes que les autres, comme laver les fenêtres intérieures, repeindre la penderie de l’entrée, confectionner des housses pour les chaises, installer...

J’y pense, peut-être auriez-vous envie de briser la monotonie de votre quotidien? De vous dépasser? De réaliser quelque chose d’extraordinaire, que dis-je, quelque chose de grand, ma foi, de très grand même (attendez de voir mes fenêtres…)?

Étrange... je sens quelque chose, comme une certaine résistance…

vendredi 20 novembre 2009

Couper le cordon avec des gants blancs...



- J’ai quelque chose à te demander, me dit Maman, hier soir.

- Ah! Oui?

- Oui et je ne sais pas ce que tu vas en penser.

- Ce que j’en penserai?

- Oui et dépendamment de ce que tu vas répondre…

- Allez-y Maman, je suis certaine que peu importe ce que c’est, ça pourra se faire.

- Bon… est-ce que ça te dérangerait de me téléphoner moins souvent?

- … ah! mais bien sûr, répondis-je un peu surprise. Je pourrais appeler aux deux jours et …

- Ou aux trois jours? me coupa Maman.

- … mais oui, pourquoi pas aux trois jours. Et ça ira? Vous ne serez pas inquiète?

- Mais non! répondit ma mère, comme si cette question était complètement farfelue.

C’est ainsi qu’il fut décidé que je ne téléphonerais plus à ma génitrice chaque soir vers 18h00. J’avais pris cette habitude il y a un peu plus d’un an. À cette époque, Maman nous avait fait une peur bleue en ayant un malaise causé par une tension artérielle beaucoup trop élevée. Par conséquent, lorsque Frérot m’annonça qu’il partait à la pêche dans le Nord avec sa petite famille, nous avions cru plus prudent que je téléphone à ma mère chaque jour, ce qui me permettait de vérifier comment elle se portait.

Ainsi, depuis plus de 15 mois, jour après jour je lui pose les mêmes questions sur la température, sur ce qu’elle a fait de sa journée et ce qu’elle a mangé au souper. De mon côté, je lui raconte mon quotidien et, pensant la distraire, lui décris les contrats que j’ai obtenus, les travaux effectués dans la maison. J’ai bien l’impression qu’elle trouvait cela plus assommant que divertissant!

À 83 ans, Maman n’aime pas beaucoup parler au téléphone. De plus, comme elle est foncièrement indépendante, il ne lui vient sans doute pas à l’esprit que ses enfants pourraient se faire du souci pour elle. Je souris en l’imaginant chercher comment me dire, même avec des gants blancs, qu’il était grand temps, à mon âge, que je coupe le cordon…

mercredi 18 novembre 2009

Par où commencer?


- Par le commencement, direz-vous.

D’accord, mais ne trouvez-vous pas que ce soit trop facile? J’ai plutôt envie de commencer par le milieu. Le début viendra ensuite et je terminerai par la fin, bien entendu. Évidemment, je pourrais débuter par la fin, revenir au début qui serait suivi du milieu, ce qui expliquerait la fin du début de l’histoire.

Mais voilà, pour mon examen 3 du module 3 en création littéraire, j’ai la consigne suivante :
Rédiger une histoire en choisissant de la commencer soit par l’ordre chronologique, soit par le conflit principal (lequel se situe souvent au milieu).

Je ne vous cacherai pas que j’ai du mal à m’y mettre. J’avais écrit une dizaine de lignes dans un cahier, quelque part entre mon départ de North Hatley et celui de Saint-Jérôme. Voulant inventer une histoire d’amour pour mon amie l’Ange Aérien, mon récit débutait par la mise en situation suivante :

En pleine forêt, sur un chemin peu fréquenté, une voiture était stationnée et l’occupante, une mince jeune femme aux boucles brunes, ne voyait d’autre solution que de poursuivre à pied. La jauge du réservoir d’essence confirmait la panne sèche et son cellulaire était inutilisable, comme l’indiquait l’écran noir.

La jeune femme, appelons-là, Angélique, se demandait si elle était sur la bonne route. Selon les indications qu’elle avait griffonnées sur un bout de papier, elle devait tourner à gauche immédiatement après avoir aperçu une vieille cabane délabrée au toit peint en bleu. Se pouvait-il qu’elle l’ait manquée? Ou qu’elle ne l’ait pas encore croisée? Et comment diable avait-elle pu oublier de faire le plein en quittant la ville?

Angélique fut tirée de ses réflexions par le bruit d’une voiture qui roulait vers elle.

J’en étais là dans l’ébauche de mon histoire, lorsque je dus me consacrer tout entière à mon déménagement.

Deux mois plus tard, cet examen commence à me hanter et j’aimerais bien le soumettre à ma correctrice avant Noël. Toutefois, mon récit inachevé ne m’enflamme plus autant. Bien sûr, je pourrais l’actualiser et transposer l’aventure dans le Grand Nord, disons à Kuujjuaq. Mais voilà, depuis la première neige tombée au début du mois, j’ai d’avantage d’inspiration pour une histoire de Noël. Alors, la semaine dernière, je me mis au travail et imaginai une saga qui, elle aussi, débutait par le conflit principal.

Mon récit commençait ainsi :

Lorsqu’un voyant rouge, de ceux qui indiquent qu’il se passe quelque chose de très alarmant, se mit à clignoter sur le tableau de bord, le sourire béat de l’homme se mua en un rictus crispé où pouvaient se lire l’étonnement le plus grand et une inquiétude encore plus grande …

L’histoire se poursuit en 250 mots approximativement mais devra en comporter entre 1000 et 1500. Si j’ai déjà une idée du déroulement, il me manque l’élan pour continuer et, à moins d’une autre chute de neige inspirante, j’ai bien l’impression que le voyant continuera à projeter une inquiétante lueur rouge sur le visage blafard du pauvre homme ou encore que la chère Angélique ne saura, qui du braconnier psychopathe, du séduisant médecin ou du mystérieux anachorète, s’amène sur cette route perdue au milieu de nulle part…

Bon, c’est quand même un début…

lundi 16 novembre 2009

Je n'irai plus au Bois ...

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- Parlez-moi de vous.

C’est toujours par cette phrase qu’il m’accueille lorsque nous nous retrouvons. Ses yeux rivés aux miens, il écoute attentivement pendant que je me raconte.

Nous nous sommes rencontrés le mois dernier. On m’avait parlé de lui, de sa gentillesse et de sa grande douceur. Au téléphone, lorsque j’entendis sa voix pour la première fois, je fus conquise par la bonté qui en émanait.

Dès notre premier rendez-vous, j’ai su que le courant passerait entre nous et que nous allions faire un bout de route ensemble. Ce qui m’a séduit chez lui, c’est son calme et la passion qui l’habite. Jamais il n’est brusque et malgré tout, il craint toujours de me blesser.

De tous ceux que j’ai rencontrés, il est le seul qui ait voulu m’aider à y voir plus clair afin que je ne refasse pas les mêmes erreurs. Sans me bousculer ni vouloir me contrôler, il m’a conseillée sur ce que je devais faire, sur ce qu’il valait mieux que j’abandonne et sur ce que je devais éviter à tout prix.

Toutefois, comme je le pressentais et, à vrai dire l’espérais, nous mettrons bientôt fin à ces rencontres. Ce n’est qu’une question de semaines, peut-être même de jours. C’est moi qui, la première, abordai le sujet ce matin:

- Je vous aime beaucoup et c’est un plaisir de passer du temps avec vous, mais puis-je espérer qu’à Noël nous ne nous verrons plus?

Avec un sourire très gentil, mon bon docteur en chiropratique, un jeune homme de 72 ans, m’a annoncé que tout portait à croire qu’après deux autres traitements, il aurait fait tout ce qu’il pouvait pour remettre en place ce que, l’an passé, le sablage de trois planchers de bois avait détraqué.

Avant que je ne quitte son bureau, le docteur Bois a ajouté très doucement que c’était à moi de décider si nous allions nous revoir souvent ou seulement au besoin. Si j’allais terminer le raclage du terrain et déneiger moi-même le stationnement une fois l’hiver venu, ou choisir de laisser là les aiguilles de pin et faire appel à un déneigeur.

Il faut l’admettre, ce cher docteur sait faire flèche de tout bois…
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dimanche 15 novembre 2009

samedi 14 novembre 2009

Sujet d'inquiétude...


C’est connu, les parents s’inquiètent constamment pour leurs enfants. Lorsqu’ils sont des bébés, ils se rongent les sangs à la moindre fièvre, au plus petit bouton. Plus grands, c’est à les voir traverser la rue, grimper aux arbres ou caresser un chien inconnu. Rendus à l’adolescence, ils sont obsédés par leurs fréquentations, la drogue, leurs résultats scolaires mais ne se soucient plus tellement de leurs boutons. On pourrait souhaiter, qu’une fois leur marmaille devenue adulte, les pauvres parents épuisés cesseraient de s’en faire et pourraient enfin dormir sur leurs deux oreilles.

Et bien, il semble que lorsqu’on se reproduit, on est condamné à s’inquiéter pour la vie. C’est ce que j’ai constaté ce soir.

Vers 17h45, j’étais à l’atelier à coudre un bout de tissu pour agrandir la taille du pantalon d’une cliente, lorsque le téléphone sonna. C’était Frérot. Il devait à coup sûr se passer quelque chose d’important car mon frangin, malgré tout son amour pour sa petite grande sœur, ne me téléphone pas très souvent.

- Maman vient de me téléphoner, me dit-il, et elle est inquiète.

- Ah! Oui?

- Oui. Elle a dit que tu devais lui téléphoner hier.

- Ah! Bon… (Ici, je pouvais sembler indifférente, mais la satanée bande de taille était trop courte pour être cousue au pantalon et je tentais de comprendre où j’avais fait l’erreur…)

- Oui, et semblerait que tu l’as pas fait.

La conversation fut brève : son souper était prêt, il m’avait transmis le message et je l’avais rassuré : dans moins de 15 minutes, soit à 18h00 tapant, je téléphonerais à Maman, comme je le fais chaque jour. Enfin, presque chaque jour puisqu'hier, je ne l'ai pas fait. C'est qu'à l'heure où j'appelle habituellement ma mère, on sonna à ma porte; c’était mon amie l’Ange Aérien qui, de retour d’une semaine d’immersion anglaise en Estrie, atterrissait chez moi avant de reprendre la route vers l’Abitibi, ce matin. Une bouteille de vin et tout plein de choses à se raconter plus tard, il n’était plus l’heure de téléphoner à Maman qui se couche plus tôt que celle des poules.

- Allo Maman! Désolée pour hier! Une amie est venue souper et lorsque j’ai regardé l’heure, il était autour de 22h00 et je ne voulais pas vous réveiller en téléphonant si tard.

- Me réveiller? répondit ma mère. J’étais tellement inquiète, que je n’ai pas dormi de la nuit… D’habitude, si tu ne peux pas me téléphoner, tu m’avertis la veille…

Oups…

Décidément, peu importe leur âge, les enfants demeureront toujours des sujets d’inquiétude pour leurs parents.




- Jules? Juuuuuujuuuules!!! Allez, c’est l’heure de rentrer. Il est tard pour des p’tits minous comme toi. Jujuuuuules! Minou-minou-minou…. Viens voir ta maman… Jujules!!!
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jeudi 12 novembre 2009

Un peu de magie avant Noël...


Ce matin, j’ai reçu un second cadeau de Noël de mon ami le Magicien. S’il m’arrive parfois de lui reprocher gentiment d’avoir peu de mémoire, cette fois-ci je n’ai rien dit. Cela n’aurait pas été gentil de l’asticoter pour si peu.

Si le premier me fut livré par la société de la Couronne avec une série de timbres à l’effigie de sa Majesté, le second m’arriva par téléphone, sous la forme d’une consultation en Tarot.

C’était, pour ainsi dire, mon baptême. Si, entre copines il nous arrive parfois de dépoussiérer les Dés de la destinée ou d’étaler la planche illustrée du Gong Hy Phot Tchoy, jamais je ne m’étais fait tirer aux cartes. Et j’en mourrais d’envie, comme je l’avais confié à Martin la semaine dernière. Si sa mémoire a la faculté d’oublier, son oreille n’est pas celle d’un sourd.

J’imagine que vous aimeriez bien apprendre tout ce que Muriel a vu dans mes cartes? Savoir si ma destinée aura pour toile de fond un château en Espagne? Si ma route sera pavée d’or et ma peau d’albâtre couverte de bijoux? Ou encore si elle a vu mon nom écrit en lettres d’argent telle une étoile dans le firmament de la gloire?

Je regrette mais je ne peux rien vous dévoiler.

Oh! Vous êtes déçus!

Bon, d’accord, mais je ne vous divulguerai qu’un ou deux trucs. Ça vous va?

La première chose qu’a vu Muriel en tournant mes cartes, c’est que j’ai la capacité de mener plusieurs choses de front, que je suis une femme appréciée, qui aura toujours l’air jeune et que j’ai le pouvoir de semer la joie autour de moi. Euh… j’avoue que j’ai brodé un peu autour de ses propos, mais pour vrai, elle a dit que j’étais une femme. Ah! Vous voyez!

Comme je crains que vous ne soyez restés sur votre appétit, je peux ajouter un dernier détail qui est une énigme en soi. Dans les cartes, Muriel a vu de l’eau, beaucoup d’eau et ce, à deux reprises. Mais non, il ne s’agit pas de ma piscine, mes petits comiques! Muriel croit plutôt qu’il pourrait s’agir d’un endroit qui me permettrait de me ressourcer et de changer ma façon de voir les choses.

N’est-ce pas un cadeau de Noël tout à fait excitant?

mardi 10 novembre 2009

Se coucher à pas d'heure ...


J’aimerais bien comprendre pourquoi ce n’est qu’à une heure où la plupart d’entre vous avez déjà enfilé votre pyjama, que l’envie me prend d’entreprendre un de mes nombreux projets de décoration ou d’aménagement.

Ce soir, par exemple, j’avais pris la peine de souper plus tôt. Ainsi, je croyais arriver à me glisser sous mes draps à une heure décente et passer un moment agréable en compagnie des personnages de «Anne dans sa maison de rêve». Utopie!

La dernière bouchée de mon sauté de légumes et tofu à peine avalée, j’étais dans l’atelier à recouvrir de peinture argentée une tringle à rideaux laissée ici par madame Lafleur et qui avait déjà eu meilleure mine. La tringle, pas madame Lafleur. Une fois terminé, j’aurais pu simplement remettre le couvercle sur le pot de peinture et retourner à ma lecture. Eh! Non. À la place, je me suis dit que je pourrais en profiter pour repeindre, en argent, les cinq petits encadrements dorés qui ne vont plus du tout avec mon nouveau décor… Ce que je fis.

Si me m’étais arrêtée là, j’aurais pu me coucher relativement tôt. Mais voilà… j’eus tout à coup envie de «voir, juste pour le fun» quel serait l’emplacement idéal des boutons que je désirais, un de ces quatre, fixer sur les armoires de la cuisine. Ceci entraîna cela… et où Anne avait échoué, ma perceuse complètement à plat, réussit. N’empêche, je me mettrai au lit beaucoup trop tard, encore une fois…

Demain, promis, j’essaierai de ne pas oublier l’heure.
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lundi 9 novembre 2009

Bonne fête Lady Dy...

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Joyeux anniversaire à la plus patiente, la plus douce, câline et mère poule. À la plus amoureuse, persévérante et généreuse. Et surtout, à la plus courageuse.
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Bonne fête ma belle-soeur, ma Lady Dy!
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xxx
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dimanche 8 novembre 2009

Récolte d'automne...


Quel magnifique dimanche d’automne! Le soleil, qui s’était levé du bon pied, passa tout son temps à darder ses rayons sur ma vallée, faisant oublier la terne parure pré hivernale de ses montagnes.

Sans contredit, cela aurait été la journée idéale pour déambuler lentement sur la Principale en se laissant séduire par ses vitrines aguicheuses avant d’aller, pour la dernière fois de la saison, siroter un Jour Blanc sur la terrasse de la Brûlerie. Ou encore, pour emprunter le sentier pédestre et se laisser griser par les parfums d’automne de la forêt qu’il traverse, tout en admirant quelques spécimens récalcitrants qui refusent de laisser choir au sol leurs feuilles flétries.

Oui, décidément, c’était la journée parfaite pour profiter de la douce température avant que le thermomètre n’amorce sa chute inéluctable. Et c'est exactement ce que je fis en ce dimanche…

À midi tapant, alors que les cloches de l’église s’élançaient dans un concerto pour quatre voix, j’entrepris de balayer le dessus du muret qui sépare mon terrain de celui de Grande Sœur et de Bôf-Adoré. Après la pluie d’aiguilles qui changea en or le vert de nos jardins, les pierres étaient recouvertes d’un épais bonnet jaune qui avait la manie, au moindre vent, de déborder dans mon stationnement, ce qui, avouons-le, n’était pas très gentil en plus de lui donner un air négligé. Mue par l’énergie du désespoir de l’astre solaire, j’attaquai ensuite le talus devant la maison qui recela une quantité étonnante de débris végétaux, tellement que ma réserve de sacs verts y passa. Vaincue, je décidai de remettre à plus tard le raclage du côté ouest et celui à l’arrière. Il était 15h30.
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C’est courbaturée et menacée d’ampoules, malgré mes gants de travail, que j’allai ranger le râteau et la pelle. Mais avant de rentrer, il me restait encore une chose à faire. Sous le chaud soleil d’automne, accompagnée d’un Jules heureux de sa vie de chat, je redevins la petite fille que j’étais il y a bien longtemps, enfin, pas si longtemps que ça… Si dans les bois entourant la ferme de mes parents ils étaient rares et tout petits, dans mon jardin et celui de Grande Sœur, il y en avait partout où je posais les yeux. Ce fut toute une récolte…


vendredi 6 novembre 2009

De but en blanc ...


Ce matin, à notre réveil, Jules et moi avons découvert le plus joli des panoramas. Chaque branche, chaque tige et chaque brindille était enveloppée d’une écharpe immaculée. Même la clôture qui enclave la piscine s’était vêtue de blanc et faisait la coquette devant un soleil timide.

Pendant que Jules expérimentait la nouvelle sensation de cette étrange substance laiteuse sous ses petites pattes, je parcourais le jardin afin d’immortaliser les jolies images créées par la toute première neige de la saison qui est également la première à tomber sur mon nouvel univers.








J’aurais pu passer la journée le nez à la fenêtre, à admirer le paysage, à contempler les arbres saupoudrés de poussière de diamant, à guetter le souffle du vent qui faisait tourbillonner, en fine poudre blanche, la neige qui s’était déposée pendant la nuit. J’aurais pu, si je ne m’étais fixé un but : celui d’entreprendre la confection des rideaux du salon et de la salle à manger.

Tout commença hier en soirée, où je réussis, non sans quelques contorsions, à fixer les pôles au-dessus des deux fenêtres dont une m’obligea à utiliser ma baguette magique mon ingéniosité pour transformer un assortiment de tringles trop courtes en une, suffisamment longue pour couvrir la largeur de la fenêtre du salon. Il va sans dire qu’après tous ces efforts, la contemplation, même du plus magnifique des tableaux de dame Nature, me semblait nettement moins pertinente que la réalisation des rideaux.
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C’est ainsi qu’après avoir terminé un petit contrat débuté la veille, je taillai six panneaux de tissu mesurant 250 centimètres chacun. Malgré les quarante-huit mètres de bordures et d’ourlets qu’il me faudra coudre et les imprévus qui risquent de survenir, j’espère en avoir terminé dimanche. Du moins, c’est mon but, car entre nous, plus d’un mois après mon déménagement, il me tarde de voir mes fenêtres habillées de blanc.
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PS: Certaines photos sont "cliquables", cool n'est-ce pas?
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mercredi 4 novembre 2009

Anne et moi ...


Pour avoir fait sa connaissance il y a de cela fort longtemps, je croyais savoir qui elle était. Pourtant, je ne connaissais qu’une petite partie de sa vie et, je m’en confesse, avec le temps mon esprit en avait gommé de grands pans. Il en est parfois ainsi lorsque nos chemins, après s’être croisés, se séparent pendant de longues années.

Avant qu’elle ne réapparaisse, j’avais oublié à quel point nous nous ressemblions. Comme elle, mon imagination est fertile ce qui, enfant, m’amena à construire mille et un châteaux sur la «montagne» qui séparait les terres d’oncle Ernest de celle de Ti-Pierre Beaupré. À imaginer, dans la talle d’aulnes qui poussait près de la source, des pays inconnus où poussaient d’étranges fruits ressemblant aux groseilles et aux gadelles. À suivre les sentiers tracés par nos vaches à travers les bois et, en débouchant sur une clairière, rêver d’y creuser un abri comme celui de mon héros, Robin des Bois.

Comme Anne, les arbres me fascinent, moi aussi. Tout au long de mon enfance et de mon adolescence, malgré le même itinéraire emprunté par l’autobus scolaire jour après jour, je ne me lassais pas d’admirer l’abord des routes où poussaient de squelettiques épinettes, des bouleaux immaculés et des trembles qui, au moindre prétexte, agitaient leurs petites feuilles rondes. Les yeux rivés à la fenêtre, je préférais mes rêveries aux babillages de mes compagnons de banc.

Si Anne était romantique, je l’étais tout autant et, la nuit venue avant de m’endormir, j’inventais de délicieuses histoires dont j’étais l’héroïne. En posant ma tête sur l’oreiller, j’étalais mes cheveux de chaque côté de mon visage puis je croisais les mains sur ma poitrine et souriais gracieusement. Ainsi, je croyais que si un prince charmant venait qu’à passer, il me trouverait tellement jolie qu’il m’embrasserait avant de m’emporter vers son royaume, sur son cheval blanc…

Fillettes, nous aurions pu passer pour des sœurs : les mêmes taches de son sur le nez, les mêmes grands yeux verts et, si nous avions toutes deux une longue chevelure bouclée, la mienne était châtain foncé tandis que la sienne était rousse. Pourtant, à cette époque j’aurais bien aimé avoir les cheveux roux et si la nature m’en avait doté, comme Anne, je n’aurais pas toléré qu’on m’appelle Poils-de-carotte.

J’avais oublié la plupart de ces ressemblances et c’est à la radio que, récemment, j’entendis parler du retour d’Anne. Cent ans après la naissance de celle qui fit la joie de millions de lecteurs, je pus apprendre ce qu’avait été sa vie d’avant. D’avant celle où elle fut adoptée par Marilla et Matthew. Cette histoire, c’est le roman « Anne… Avant la maison aux pignons verts." Ce furent 599 pages de pur émerveillement, d’émotions, de larmes plein les yeux et de rires joyeux que nous avons partagés, Anne et moi…
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Si le coeur vous en dit, vous trouverez ICI la biographie de l'auteur de la série Anne, la Maison aux Pignons Verts, tandis que , vous en saurez un peu plus sur celle qui, avec brio, inventa à Anne, sa vie d'avant...

lundi 2 novembre 2009

Souvenirs du passé...


Comme si c’était mon anniversaire, Noël ou la pendaison de crémaillère inaugurant ma nouvelle demeure, on m’offrit récemment trois magnifiques cadeaux, de réelles surprises, des trésors.

Les deux premiers me furent remis vendredi dernier par une étonnante mère supérieure campée derrière le comptoir de Poste Canada. Face à face dans un nid de caoutchouc-mousse et recouverts de plusieurs épaisseurs de papier Kraft, ils attendaient depuis quelques jours que je les réclame. Si, ayant été atteinte de cécité temporaire, je n’avais pu être en mesure de reconnaître l’écriture sur le colis, la provenance, elle, m’aurait mis la puce à l’oreille.

Dans mon esprit, il ne subsistait aucun doute quant à la nature du contenu du paquet, toutefois j’étais à des lieux de me douter de la surprise qu’il cachait dans ses entrailles de fibres végétales. C’est donc fébrile que je défis l’emballage, m’attendant à quelque chose de mignon comme l’étaient les amusantes peintures de chats ou encore les marrantes corneilles qu’avait peintes pour moi mon amie Josée-Ninon.

Cependant, cette fois-ci, ce n’est pas un sourire qui me vint, mais des larmes, plein les yeux. Cette amie, tatoueuse respectée dans un patelin pas très loin de Montmagny, possède un immense talent que longtemps je lui enviai : elle dessine et elle peint avec une facilité déconcertante.

Si le premier dessin, un portrait de moi, me fit énormément plaisir, c’est le second qui m’émut au plus haut point. Josée-Ninon avait reproduit une photo de notre ami commun, Ubald, qui avait été prise dans le légendaire Bar Amos alors qu’il n’avait pas l’âge d’y être. Ce cliché le montrait tel qu’il fut toute sa vie, heureux, tripeux et confiant… jusqu’à ce qu’un cancer vienne nous l’enlever il y a quelques années.
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Mon troisième cadeau arriva dimanche, à l’arrière de la voiture de ma cousine Diane qu’accompagnait sa sœur Nicole. Elle me l’avait promis, il y a deux ans, lorsque Grande Sœur et moi étions allées souper chez elle. Ce n’est pas qu’elle voulait vraiment s’en départir, car il a une grande valeur sentimentale, mais à cause de l’exiguïté de son appartement, elle avait été contrainte de le placer dans sa salle à manger où il n’était pas à l’honneur.

Son histoire est pourtant semblable à celle de bien d’autres de son époque. Mais ce qui le distingue, c’est qu’il vécut de longues années chez cette tante que j’adorais et qui nous quitta avant que je puisse lui faire mes adieux. En le regardant, on voit à quel point il fut utile, combien il a travaillé. Son corps en garde les marques et l’usure, souvenirs indélébiles laissés par celle que je chérissais.

Chez moi, ce trésor à la patine authentique côtoie maintenant cette gracieuse dame qui, malgré qu’elle n’ait pas son grand âge, a vu, comme lui, le temps passer, les modes se succéder.
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Ces cadeaux aux valeurs inestimables ont amené avec eux tout un lot de souvenirs qu'il me sera doux de faire revivre, le temps d'un regard, le moment d'une caresse...

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