lundi 30 mai 2011

Un samedi à Kuujjuaq ...

Alors que je ne l'attendais plus, le printemps daigna se pointer samedi à Kuujjuaq. Dans le bosquet encore endormi derrière mon appartement,


les oiseaux se mirent à chanter à qui voulaient les entendre pendant que de grosses mouches prenaient langoureusement la pose dans leur robe d'un joli vert iridescent.

Il n'en fallut pas plus pour me donner envie de prendre l'air. Après un bref, mais nécessaire ménage dans la cour arrière qui tient malheureusement davantage du dépotoir que d'un lieu de repos, je proposai à Mimi d'aller explorer les alentours.




En sortant de l'appartement, je jetai un coup d'œil à droite,


puis à gauche,



m'assurant que la voie était libre avant de déposer Mimi par terre. Dans le village, plusieurs chiens se promènent en liberté et je crains constamment que l'un d'eux ne fasse un mauvais parti à ma petite amie.

Je n'avais pas encore atteint la route qu'il me fallut reprendre Mimi; une chienne à l'air patibulaire se dirigeait droit vers nous. Un "non" bien senti la fit stopper et elle retourna d'où elle était venue sans insister. Je décidai de couper à travers champs pour tenter d'atteindre le button rocheux qui fait partie de mon paysage chaque matin lorsque je me rends au travail.

Le champ en question se révéla être une tourbière détrempée. J'y avais à peine posé les pieds que j'entendis derrière moi des ricanements. Deux petits garçons avaient décidé de me suivre et s'interpelaient en inuktitut, la bouche fendue jusqu'aux oreilles. Je décidai de jouer le jeu et leur demandai, en anglais, s'ils connaissaient un passage au sec pour se rendre jusqu'au gros rocher. C'est ainsi que les deux garnements me servirent de guides, jacassant et sautant comme des sauterelles en s'esclaffant sans arrêt. Une fois arrivée sur le terrain sablonneux, je déposai Mimi par terre à la grande joie des petits garçons qui prirent un malin plaisir à l'enquiquiner, à tenter de lui attraper la queue ou de faire mine de lui courir après. Mes remontrances n'eurent aucun effet sur les deux pestes.


"Where do you go?" me demanda le plus grand lorsque je les abandonnai au pied d'un petit escarpement rocheux.



"I want to see the big rock with de flag", répondis-je en pointant du doigt l'horizon.




En gloussant, ils descendirent de leur perchoir et coururent devant moi pour me montrer la route, s'arrêtant de temps à autre pour cueillir des "black berries" déshydratées qu'ils enfournaient avec un plaisir évident.


Je dus porter Mimi pour grimper sur le sommet du rocher où le vent nous gifla pour nous rappeler que le printemps n'était pas encore installé.


De là-haut, le panorama était remarquable: d'un côté le centre-ville de Kuujjuaq et la rivière Koksoak,


de l'autre mon quartier




et, tout au fond, en retrait, un cimetière et ses petites croix blanches.




Les gamins ne se firent pas prier pour prendre la pose une dernière fois avant que je leur signifie que j'en avais assez et que je prenais le chemin du retour.




Ils me devancèrent en riant comme des baleines et en se chuchotant à l'oreille des secrets qui les faisaient s'esclaffer de plus belle.

Ils me laissèrent en plan juste avant la route où une grande plaque de glace devint un prétexte supplémentaire pour laisser aller leur énergie débordante; j'en profitai pour accélérer le pas et disparaître de leur vue, réussissant in extremis à rentrer chez moi incognito.



PS: Comme internet est plus lent que lent ce soir et que j'empêche mon amie l'Ange Aérien de gagner son lit, elle qui revient à peine de la Chine, vous pardonnerez ma mise en page et, peut-être, quelques erreurs ici et là.


Ah oui... vous pouvez cliquer sur les photos pour les voir en plus grand.



vendredi 27 mai 2011

Silence radio ...


Dans mon "nouvel appartement", le service internet partagé avec un voisin ne fonctionne plus; c'est ce que j'ai appris tout juste avant mon déménagement.


Je profite alors de ma pause "syndicable-non-syndiquée" pour venir vous saluer.


Reste à espérer que la lenteur excessive d'internet ne vous privera pas de mes salutations.


À bientôt!




:O)

jeudi 19 mai 2011

Contraste-temps ...

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La première photo fut prise hier à 20h00.
La seconde, ce soir à 20h45.


mercredi 18 mai 2011

Back to the future winter ...

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Photo prise aujourd'hui à 17h30... riez si vous voulez, mais Mimi et moi ne trouvons pas ça particulièrement drôle...
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samedi 14 mai 2011

Kuujjuaq, jour 9 ...


J'ai survécu à ma première semaine de travail au Nunavik. Ce furent 5 journées bien remplies pendant lesquelles je tentai d'absorber ce que celui que je remplacerai prit 8 ans à approfondir. Si les journées passèrent au ralenti, égrenant lentement leurs minutes tel un supplice chinois, les soirées, elles, défilèrent tellement vite que je soupçonnai les horloges d'être truquées.

Ce que je retins de cette semaine est un peu flou: quelques prénoms de collègues, deux ou trois mots de passe, une partie des procédures du "Travel Management System" et pas tellement davantage des instructions concernant le "Travel Expenses Form" ou le "Cheque Request".

Je mentirais si j'avançais avoir eu envie de sillonner les rues de la ville de Kuujjuaq; le court tour guidé lors de mon arrivée m'en montra juste assez pour que j'aie le sentiment de pouvoir attendre que le thermomètre dépasse les 6C et que le vent du nord se réchauffe pour pousser plus loin l'exploration.

Cependant, des fenêtres de la RSSSN, particulièrement de celles de la cuisinette, le panorama laisse deviner quelle pouvait être la beauté de ce lieu, jadis appelé Fort Chimo, avant que le modernisme ne vienne y semer ses carcasses de véhicules, ses déchets le long des routes et ses bâtiments nordiques qui, malgré les efforts notables pour les rendre pimpants, donnent à la ville un air de base militaire.








J'ai néanmoins l'intention de profiter de mon court séjour pour fouler les plateaux rocheux tout autour et pour découvrir les rives de la rivière Koksoak qui, malgré son lourd manteau de glace, me laisse deviner sa grande beauté.


lundi 9 mai 2011

La chair est faible chère ...

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Selon vous, combien ont pu coûter ces deux pains, ce paquet de raisins, ce pot de margarine, ces bananes, ce contenant de yogourt, ce sac de pommes, ces tomates, cette pinte de lait, ces deux paquets de saumon fumé et les deux autres de goberge assaisonné, ce céleri, ce duo de patates douces, cette brique de fromage et cette paire de pamplemousses?


Vous donnez votre langue à Jules? à Mimi-Fée?

$81.88...

dimanche 8 mai 2011

Kuujjuaq, jour 3 ...



J'entame ma troisième journée au Nunavik. Plutôt bien préparée à ce qui m'attendait à la descente de l'avion, je n'eus pas de choc en découvrant la ville de Kuujjuaq. Selon les quartiers, les maisons toutes bâties sur pilotis et arborant un air de famille se dressent à la queue leu leu sur des terrains recouverts de pierre concassée ou de sable. Tout autour où porte le regard, on aperçoit des buttons rocailleux, des regroupements de conifères rabougris et des pans de la rivière Koksoak encore gelée.

En attendant que le logement qui deviendra le mien jusqu'à la fin de novembre se libère, mon amie et future collègue de travail, l'Ange Aérien, a gentiment accepté que j'utilise le sien pendant son absence. Ainsi, pour les deux prochaines semaines, Mimi et moi squatterons sa chambre d'ami. Merci mon Ange…


Hier, samedi, malgré un crachin déversé par un ciel résolument gris, je décidai de faire le trajet jusqu'aux bureaux de la Régie de la Santé et des Services sociaux, histoire de déterminer le temps qu'il me prendrait pour m'y rendre. Je voulais également repérer l'épicerie où m'avait amené le collègue venu me chercher à l'aéroport et faire quelques achats pour compléter ceux faits vendredi.

Premier constat en regardant par la fenêtre: j'aurais dû m'acheter des bottes de pluie avant mon départ de Saint-Sauveur. La rue de ce nouveau développement est une longue mare d'eau boueuse. Par chance, mon amie avait une jolie paire de caoutchoucs qui m'allait parfaitement. Merci encore!






Carte de la ville dans une main, parapluie dans l'autre, je tournai à droite en sortant, puis à gauche et à droite, tentant de graver dans ma mémoire quelques repères utiles pour mon retour, considérant que le quartier où se trouve l'appartement de l'Ange est récent et n'apparait pas sur le plan. Après une quinzaine de minutes et un moment d'incertitude, j'aperçus au loin l'imposant édifice appelé le Forum érigé au sommet d'une colline rocheuse. Je bifurquai à gauche et arrivai dans le stationnement de la RSSS 20 minutes exactement après mon départ de l'appartement. Parfait!


Poursuivant ma route, je constatai que la rue où se trouve le marché d'alimentation qui est également une quincaillerie, un magasin où on peut trouver des vêtements, du tissu, des claviers d'ordinateurs, des laveuses et des sécheuses, n'était pas la première à droite après ma destination initiale, mais la troisième.

À l'intérieur, je ne pus que faire un second constat: à moins de vouloir m'affubler de cuissardes pour la pêche à la mouche, il me faudrait emprunter, pour les deux prochaines semaines, les bottes de mon amie. Car, une fois installée dans mon logement dont le quartier est moins récent et la rue plus sèche, je pourrai me contenter de bottes de marche.

Néanmoins, heureuse d'avoir réalisé une économie substantielle, je décidai d'ajouter à ma liste d'épicerie ce qu'il fallait pour concocter deux soupes aux légumes pour mes dîners au bureau. Si le chou, le navet, les carottes et les pommes de terre affichaient un prix presque raisonnable, je n'avais pas songé qu'avec une boite de tomates, une autre de maïs en crème, un sac de riz, des spaghettinis, un pot de sauce à la tomate et un autre de beurre d'arachides, ils pèseraient lourd dans mon sac à dos. Les 20 minutes initiales de marche pour l'aller se muèrent en 35 minutes laborieuses au retour, où les pentes montantes me donnèrent froid chaud dans le dos. N'eut été des deux sacs supplémentaires de victuailles que je portais à bout de bras, j'aurais pu alléger la charge qui reposait sur mes trapèzes tendus.

Me concentrant sur chaque pas qui me rapprochait de ma destination et qui mettrait fin à mon supplice, je ne reconnus pas la rue où je devais tourner jusqu'à ce que j'aperçoive devant moi un empilage de matériaux de construction que j'étais absolument certaine de ne pas avoir noté comme repère. Le terrain boueux ne me permettant pas de déposer mon fardeau pour me reposer, je songeai un instant à faire demi-tour, faisant la sourde oreille à l'épuisement qui m'avait déjà gagnée depuis la moitié du trajet. Puis, sur ma gauche, derrière les maisons que je longeais, je reconnus une rue derrière, le vert des bâtiments de mon amie. Je me souvins soudainement d'avoir marché avec Mimi le long d'un terrain marécageux où des fermes de toit avaient été déposées. Au lieu de rebrousser chemin, je poursuivis donc ma route et, au bout de la rue, je tournai à gauche où je repérai l'amas de fourrure blonde couchée près d'une cabane, celui-là même que j'avais aperçu l'avant-veille lors d'une balade de repérage. C'est à bout de souffle que je réussis à franchir les 300 derniers mètres et à monter l'escalier de l'appartement de l'Ange.

Troisième constat: lorsque le supermarché de trouve à 25 minutes de marche, au bas d'une colline, vaut mieux y aller plus souvent que de tenter l'exploit de remonter ladite colline en portant le quart de son poids.

jeudi 5 mai 2011

Vol migratoire ...

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... du Sud au Nord.