lundi 7 janvier 2008

Vol de lit...


Ma mère avait ralenti en arrivant près de la maison qui avait brûlé la semaine précédente. Du bâtiment, il ne restait qu’une carcasse noircie dont le toit s’était effondré. Les ruines défiguraient le paysage qui, quelques jours auparavant était d’une douce tranquillité. Rien n’avait résisté au brasier. Sauf le petit hangar, un peu en retrait. Et un vieux lit de fer qui trônait dans la cour.

Nous nous étions arrêtées quelques instants pour observer ce triste spectacle, avant de poursuivre notre route.

Un peu plus tard, lorsque la nuit fut tombée, ma mère me prit à part.

Maman Fée : - Tu sais, le lit…
Fée ado : - Le lit?
Maman Fée : - Celui derrière la maison qui a brûlé…
Fée ado : -Ah, celui-là… Il était vraiment super hein?
Maman Fée : - T’aimerais l’avoir?
Fée ado : - ??
Maman Fée : - Tu le veux?
Fée ado éberluée : - Comment ça?
Maman Fée en levant les yeux au ciel : - …
Fée ado horrifiée : -Tu veux qu’on le prenne???
Maman Fée déterminée : - Allez, monte dans la voiture. On va aller voir s’il est encore là! Faudrait pas qu’il se fasse voler…

Et c’est ainsi que l’été de mes 15 ans, par une nuit sans lune, un vieux lit de fer est entré dans ma vie et dans ma chambre.

Il m’a suivi d’escale en escale. De l’Abitibi jusqu'en Estrie. En passant par Montréal et les Laurentides. Il a vu naître des amours. S’éteindre des passions. Puis un jour, il fut relégué au grenier. Il n’était plus de taille. Il y passa de longues années.

C’est hier que pris fin son exil. Et dans quelques jours, celui qui m’a bercée tant de nuits, reprendra sa place. Il m’accueillera à nouveau, soir après soir. Et au petit matin, il fera tout pour me garder dans ses beaux draps. Il me reverra soupirer, rêver et m’endormir. Et avec lui, je ferai les plus beaux vols de nuit.






1 commentaire:

Mijo a dit…

C'est vrai qu'il est beau avec ses volutes forgées.