lundi 21 janvier 2008

Isa

J’ai fait sa connaissance au début des années 1990, alors que nous venions de mettre sur pied notre entreprise. Isa, mère au foyer de 3 enfants, avait fait un retour aux études en mode. Elle avait manifesté son désir de faire son stage de fin d’année à notre atelier. Stage qui dura quatre semaines.

Ce qui m’avait frappé chez Isa, c’était son attitude positive. C’est pendant cette période qu’elle connu une épreuve difficile: une séparation douloureuse et imprévisible. Au début de la quarantaine, après avoir passé de longues années à prendre soin de sa petite famille, elle se retrouva seule avec ses 3 enfants. Son cours terminé, elle prit des petits contrats de réparation et de confection sur mesure. Elle se retroussa les manches et choisit d’offrir à ses enfants l’image d’une femme forte, alors qu’intérieurement elle était dévastée et se sentait abandonnée, trahie.

Puis, en 1998, la vie nous réunit de nouveau. Ex et moi avions élaboré un projet de boutique coopérative et avions songé immédiatement à Isa. Elle fut une des 6 designers qui exposa ses créations dans notre boutique « Premier Acte ». L’aventure coopérative dura 2 ans à peine et chacun poursuivit sa route.

Au fil des ans, j’ai gardé contact avec Isa. Ses créations ont toujours eu une place dans notre boutique. C’est à elle que je redirigeais les clients désireux de se faire confectionner des vêtements sur mesure. Elle fut constamment pour moi une source d’inspiration. Elle est la douceur incarnée et jamais elle ne porte de jugement. Elle a toujours su, malgré les temps difficiles, conserver son optimisme et la tête haute.

Isa m’a téléphoné aujourd’hui. Elle était à la recherche de « guipure » pour une robe de mariée qu’elle confectionne pour une cliente. Comme à chaque fois, nous avons parlé du travail, de nos clients. Des aléas du métier. Lorsque je lui ai confié mon manque d’enthousiasme, mon absence de motivation et que j’ai évoqué ma flamme qui vacillait, elle a encore su trouver les mots justes. Elle est même allée jusqu’à douter de mon manque de discipline. Elle m’a assuré que c’était « normal » de connaître une période sombre où le boulot nous semble d’avantage une corvée qu’un privilège. Elle m’a rappelé que l’année qui venait de se terminer en fut une de grands bouleversements pour moi. De quoi éteindre n’importe quel flambeau.

Et en cette journée la plus froide du mois de janvier, c’est Isa, travailleur autonome qui trime dur pour tirer son épingle du jeu, qui m’a insufflé l’espoir qu’un bon matin ma flamme brûlerait à nouveau bien haut, bien droite.

Merci Isa.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Comme quoi on dit souvent que l'on reconnait les "ami(e)s" que l'on aille bien ou pas et même lors des petits coups de blues... Alors je pense qu'Isa doit faire partie des perles rares sur qui tu peux compter.

Anonyme a dit…

Tu as tout à fait raison...

Tu sembles toi aussi bien entourée; nous sommes privilégiées.

C'est gentil de te manifester, de l'autre côté de l'océan. J'apprécie!

Sally Fée