dimanche 1 mars 2009

Un amour affranchi ... 3e partie


Il poussait son chariot en parcourant sa liste des yeux, lorsqu’une voix retentit derrière lui.

-Hé! Ainsi, c’est vrai! Tu es revenu!

L’homme se retourna pour découvrir une jolie blonde, presque aussi grande que lui. Son esprit hésita entre trois prénoms avant de s'arrêter sur un.

- Mélanie!

-Depuis quand es-tu arrivé? Tu es revenu pour de bon? Tu es marié? Des enfants? Débita la jeune femme.

L’homme lui sourit tout en fouillant ses souvenirs. Soudain, plusieurs affluèrent… N’avait-elle pas fréquenté quelques-uns de ses amis, à tour de rôle et parfois, en même temps? Il se souvint que cette plantureuse blonde avait été convoitée par plus d’un à l’époque, et que plusieurs en avaient bavé. Après toutes ces années, Mélanie était encore certes très belle, mais elle était à l’opposé de ce qui l’attirait chez une femme.

- Deux mois. Peut-être. Non et non. Répondit l’homme, avec un sourire.

- Fronçant les sourcils, la femme mit un instant avant de comprendre.

- Je suis incorrigible! S’écria-t-elle. Je ne te laisse pas placer un mot. Pardonne-moi, je suis attendue: une réunion importante. Dis, on pourrait reprendre cette conversation? Tu me donnes un coup de fil?

Puis, comme s’ils étaient de bons amis, elle s’approcha et déposa ses lèvres sur les joues de l’homme, avant de repartir en sens inverse en lui envoyant la main. Nimbée de son assurance, convaincue de son charme infaillible, Mélanie ne sembla pas s’apercevoir que l’homme était resté silencieux à son invitation.

C’est à ce moment qu’une silhouette qu’il aurait reconnue entre mille, le dépassa et, après un bref arrêt à la caisse, sortit du supermarché, dans le sillage de la tornade blonde.

Son cœur s’emballa un instant. Et dire que sans cette Mélanie, il aurait croisé sa belle inconnue. Celle qui obnubilait ses pensées depuis des semaines. Peut-être aurait-il eu l’audace de l’aborder? De lui demander son prénom? Au lieu de cela, elle avait probablement assisté au spectacle de la blonde incendiaire qui l’avait embrassé.

Déçu du vilain piège que lui avait tendu le destin, l’homme parcourut les rangées à la recherche des derniers articles qu’il n’avait pas encore rayés de sa liste. Tout à coup, il n’eut plus envie de la soirée qui s’annonçait. Le plaisir de recevoir ses amis et de cuisiner pour eux s’était envolé.

- Allez, secoue toi, se morigéna-t-il. Ce n’est pas grave et rien n’est perdu. Tu la croiseras à nouveau, tu le sais bien.

Et c’est quelque peu ragaillardi qu’il déposa ses achats sur le comptoir. Voilà deux mois qu’il était revenu dans son patelin. S’il avait renoué avec plusieurs de ses amis, il n’avait pas eu le courage d’approcher cette femme qui l’avait ensorcelé dès qu’il l’avait croisée, le lendemain de son arrivée. Ce n’était que la semaine dernière qu’il avait fait un premier geste, empreint de réserve. Il lui avait écrit, mais sans trop se dévoiler. Peut-être avait-elle quelqu’un dans sa vie? Et si elle préférait la solitude? Lui plairait-il?

Depuis maintenant cinq interminables jours, en longeant la petite route qui le menait au chalet de son père, Laurence Dumas guettait la vieille boite aux lettres dans laquelle il avait déposé une enveloppe bleue, espérant qu’un bon matin, le petit drapeau rouge soit dressé à son intention.

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