Claudine n’eut pas besoin d’insister pour que je l’accompagne au Café North Hatley cet avant-midi. J’escamotai les deux-trois petits contrats qui pouvaient bien attendre à ce soir, à demain ou pourquoi pas, à après-demain…
Il va sans dire que c’est notre café préféré. Pour elle, il évoque une oasis paisible où elle prend le temps de s’arrêter. Elle s’assoit toujours au même endroit, à la table pour quatre dont les fenêtres donnent sur la rue Main, dans la section du fond. Il m’est arrivé de la découvrir attablée seule, la tête appuyée sur sa main, le regard tourné vers l’extérieur et ses pensées, vers l’intérieur.
C’est à ce café que j’y rencontre Céline, parfois la semaine, souvent le samedi. Il lui suffit d’entendre claquer mes talons sur le plancher de son atelier de couture, situé au rez-de-chaussée, pour qu’elle délaisse ses travaux d’aiguille et me suive à l’étage. C’est notre rituel. Notre table à nous, c’est celle tout au fond, près de la fenêtre nord. Toujours, Céline s’assoit dos à l’ordinateur et, immanquablement, les feuilles de la plante monstrueuse posée derrière moi me chatouillent la nuque.
Il m’arrive aussi d’y aller seule. Je choisis alors la petite table au fond, loin des fenêtres où il fait bon lire, ou encore celle près du comptoir d’où je peux observer le ballet de Charlène et d’Olivier qui sont les âmes du Café North Hatley.
Ce café fut le témoin de ma rencontre avec l’ami Steeve, au lendemain d’une tempête de neige. J’y fis la connaissance de Lise et de son amie Claudine qui devint, par la suite, aussi la mienne. J’y amenai mes amis de passage, Abitibiens, Campivallensien, Montréalais et même mon unique et très lointain Saint-Pierrais.
J’aime cet endroit vieillot, avec son papier peint qu’on dirait d’origine, avec ses vieux planchers de bois joliment usés par les pas de ceux qui y ont défilé, avec son plafond de lattes blanches et ses larges boiseries. Construit en 1907 pour la Banque des Cantons de l'Est, l’édifice a conservé toute sa splendeur. Loin de l’agitation et du bruit, l’ambiance y est calme et le temps prend plaisir à s’écouler lentement, comme si demain n’existait pas.
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PS: J'ai reçu la Tag-Café d'Un Gars... Tiens, j'ai bien envie de la refiler. Hum... pourquoi pas à un Ange Aérien?
2 commentaires:
Je me vois ouvrir la porte curieux d'entendre le son des planchers craquant pour moi, curieux de sentir l'odeur du bois se mélant à celui du café.
Merci pour ce beau texte emplis d'images et de personnages qui donnent vie à ce café vieillot et certainement beau.
...je réfléchis à ce que je ferai avec ta tag...pas certaine d'être du même calibre que vous deux...
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