Il était écrit que nous ne nous verrions pas. Pour commencer, je faillis oublier notre rendez-vous. Absorbée par la confection de coussins destinés aux chaises de la salle à manger, ce n’est qu’à la dernière minute que je me rendis compte que j’allais être en retard. Je n’eus que le temps d’enfiler mon manteau et d’attraper mes mitaines neuves en faux mouton avant de me mettre en route. En empruntant l’avenue qui menait à la Principale où nous devions nous rencontrer, je hâtai le pas, Fée-brile. Malgré mes craintes, j’arrivai dix minutes d’avance et je me postai au coin de la rue pour guetter son arrivée. Il était 17h50.
Le temps passa et moi je l’occupai à observer les badauds qui, en ce samedi soir, se faisaient nombreux. Bientôt une foule bigarrée envahit les trottoirs et à voir les mines réjouies, ça se sentait que le Père Noël n’allait pas tarder. La ville avait revêtu ses habits des Fêtes et les commerçants firent sans doute des affaires d’or. Pendant que j’attendais, j’examinais ceux qui déambulaient, souvent deux par deux, parfois en groupe. Il y avait des couples et des petites familles, des gens pressés qui slalomaient entre les flâneurs et d’autres qui prenaient leur temps. Je vis également un clown, un renne au nez qui clignotait, un immense poulet et des chiens, beaucoup de chiens. Des petits emmitouflés et portés par leur maître, des gros tout nus qui tiraient sur leur laisse, un labernois enthousiaste et amical ainsi qu’un charmant golden retriever carillonnant sous les nombreuses clochettes de son harnais.
Puis l’attente se prolongea. Le froid s’insinua sous mon manteau, au bout de mes orteils et dans mes mitaines d’imitation. Mais il n’arrivait toujours pas. Patiente, je persévérai en me retenant de demander l’heure aux passants. Soudain, j’entendis une rumeur au loin et je me mis à souhaiter ardemment qu’il arrive, qu’il soit enfin là. Plus d’une fois, je crus reconnaître sa silhouette parmi la foule qui se pressait. Hélas, ce n’était qu’illusion. Il faisait de plus en plus froid et mes pieds, sur le béton, menaçaient de devenir aussi durs que lui. Pourtant, les minutes continuèrent de s’égrener et lui, de se faire attendre.
Après plus d’une heure, j’en eus assez. Assez de sentir le froid me mordre les extrémités, d’avoir les doigts gourds, le nez gelé et surtout … d’espérer qu’il daigne apparaître. Alors je quittai mon poste d’observation et revint chez moi d’un pas énergique pour chasser l’engourdissement qui avait gagné mon corps transi.
Je dois l’accepter; il était écrit que je ne verrais pas le Père Noël cette année. Sa parade s’ébranla vers 18h00, lentement, et n’arriva à ma hauteur qu’à 18h30. Je vis des danseurs, une fanfare, quelques anges, des lutins et autres personnages, mais le char du bon bonhomme, le dernier, était encore très loin lorsque le froid eut raison de ma patience. J’aurais pourtant tellement aimé le prendre en photo comme je le fis pour ceux qui le précédèrent. Bon, vous direz peut-être qu’il faudra que je pratique l’art de prendre des photos la nuit? N’empêche, ne sont-elles pas jolies ces euh… enfin, ces lumières. À moins que ce ne soient des étoiles filantes?
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D’accord, il n’y eut pas que le rendez-vous qui fut manqué…
5 commentaires:
Magnigiques étoiles filantes pour Fitzsou Ange Aérien! J'ai voulu corriger le magnigiques écrit initialement, mais je crois que cette erreur n'en est pas une finalement!
@ Petit train va loin:
Ces étoiles filantes arrivaient directement du Grand Nord, j'en suis persuadée.
Moi aussi je les trouve magnigiques...
:O)
Je dirais même féebuleuses !
...et en un seul mot :p
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@ Anonyme:
Je regrette de ne pas avoir suivi de cours "comment prendre des photos moins féebuleuses" lors de mon passage sur l'archipel.
Je connais un insulaire pas mal fée-noménal avec son "Kodak".
:O)
** *
... je n'en demandais pas tant!...
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