jeudi 13 novembre 2008

Appellation contrôlée…


Lorsque l'entreprise artisanale qu'était "Lambertrand, La mode à travers les temps" devint "Lambertrand, Mode d'expression", PME en croissance dont le nombre de collections se multipliait, je décidai de donner un nom à chaque nouveau vêtement. Ainsi, plutôt qu'une description du type "…vous savez, la robe avec un capuchon pointu, pas celle avec des manches longues mais l'autre qui a un laçage devant au lieu des attaches…", les clients pouvaient sans risque d'erreur commander la "robe Ninon". D'ailleurs n'est-il pas infiniment plus agréable d'endosser la tunique Esméralda que le modèle 01TE002?

Au fil des ans et des inspirations, il y eut des robes nommées Isis et des pantalons, Cléopâtre. Des ensembles regroupés sous l'appellation Croisade et d'autres sous celle d'Amazone. Plus tard apparurent les chandails Tabatha, les robes Mona, les guêpières Lili-Jeanne, sans oublier les manteaux Audrey, les redingotes Hussard et les pantalons Brigand.

Certains vêtements reçurent le prénom de clients ou de leurs proches. Ainsi naquit la chemise Philippe, en l'honneur de la naissance du fils des fondateurs des boutiques Table Ronde. Il en fut ainsi du chandail Héléna qui doit son nom à la propriétaire de la boutique Beau Bonhomme et Dulcinée de Chicoutimi qui m'avait demandé de modifier la manche d'un corsage selon ses souhaits.

Récemment, une cliente m'a contacté pour me demander si je pouvais lui fabriquer un chemisier de la collection Lambertrand. Elle en avait acheté un à ma boutique il y a quelques années, et me disait l'aimer beaucoup. Comme le nom du modèle lui échappait, elle me le décrivit et je devinai qu'il s'agissait de la chemise Bérangère. Ce vêtement avait été baptisé en souvenir d'une chambreuse qui vécut pendant un certain temps sous mon toit. C'était en 1996. C'était tout un personnage.

Il était dans la nature de Bérangère de rentrer aux petites heures du matin. Comme ses amies, elle vivait la nuit et dormait le jour. Au début elle avait été si discrète que c'était comme si elle n'avait pas été là. Mais cela n'avait pas duré. Et un beau matin, alors que le soleil n'était pas encore levé, un bruit étrange m'avait réveillée. L'esprit embrumé, cela m'avait pris quelques minutes pour comprendre ce qui se passait. En moins de temps qu'il ne faut pour hurler "Microchiroptères", je m'étais réfugiée sous la table de coupe laquelle, à l'époque, servait de base de lit la nuit venue.

Profitant de notre sommeil, Bérangère s'était faufilée dans la pièce qui, quelques mois durant, nous avait servi de chambre-salon-cuisine-atelier et s'était mise à tourner en rond comme un chiroptère en cage. Ce fut Ex qui, impassible, avait pris les choses en main en allant ouvrir toute grande la porte à Bérangère, lui signifiant ainsi que c'en était assez. Nous avions cru que notre coloc aurait compris le message. Erreur; elle recommença le même manège le lendemain et les jours suivants.

Il ne nous restait qu'une solution: Laisser la porte qui menait à l'étage entrouverte. Ainsi Bérangère la chauve-souris qui vivait au grenier put, le matin venu, réintégrer son dortoir sans avoir à demander la porte, et moi, à me couvrir de ridicule.


1 commentaire:

Zoreilles a dit…

Excellente idée de baptiser tes créations, elles deviennent ainsi habitées de personnalités uniques, d'histoires parfois rocambolesques, parfois touchantes, mais toutes sont incarnées de quelque chose d'attachant.