Il y avait un peu moins d'un an et demi que la petite famille s'était installée à Malartic, ville alors florissante de l'Abitibi.
Deux garçonnets, âgés de 16 et 27 mois dormaient à poings fermés lorsque le médecin, un petit homme châtain, frappa à la porte d'une des maisons de la 3e Avenue. Une infirmière l'accompagnait. Une toute jeune femme les y attendait, visiblement soulagée de leur arrivée. Son époux était absent: il travaillait à quelques rues de là, à la mine East Malartic. Comme beaucoup d'autres, et malgré les conditions difficiles, il avait choisi de délaisser une terre à défricher pour s'engager dans cette mine d'or qui avait été mise en exploitation en 1936.
La jeune femme aux longues boucles brunes était calme; elle n'avait pas peur. C'est un chemin qu'elle avait parcouru déjà. Elle avait confiance. D'ailleurs, n'était-ce pas un jour spécial?
Les aiguilles de l'horloge ralentirent leur course durant quatre heures, peut-être cinq. La douleur se mit à gonfler, intense et viscérale. Puis, telle une marée, elle reflua pour mieux revenir, encore et encore, laissant chaque fois la jeune femme à bout de souffle, exténuée. C'est alors, au prix d'un effort vertigineux et d'une ultime poussée, qu'une petite tête apparut enfin, suivie d'un corps menu qui ne se fit pas prier pour hurler sa désapprobation d'avoir été expulsé de son nid chaud et enveloppant.
Lorsque le jeune homme émergea des entrailles de la mine, au petit matin, il courut chez-lui. Car c'était un jour spécial. Au moment où il ouvrit la bouche pour lui offrir ses vœux, il rencontra les yeux brillants et remarqua le sourire étincelant de son épouse. Émerveillé, il découvrit aux creux des bras de celle qui partageait sa vie depuis plus de trois ans, un petit être endormi et repus. Il n'eut pas le temps de formuler sa question…
-C'est une fille, l'entendit-il murmurer. Une belle petite fille qui portera ton prénom, ajouta t'elle.
Le nouveau papa, la gorge nouée par le bonheur, enlaça les deux femmes de sa vie. Car c'était un jour spécial.
Ce fut le jour de son 23e anniversaire, que ma mère donna naissance à sa première fille, ma Grande Sœur. Aurait-elle pu souhaiter plus beau cadeau?
Bonne fête Maman!
Happy Birthday Grande Sœur!
Vous êtes les deux femmes de ma vie, à moi aussi.
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