Lorsque j'étais toute petite, avant de fermer les yeux, je tendais le bras entre les barreaux de la vieille couchette de métal qui avait été placée dans la chambre de mes parents, et je demandais à Maman de prendre ma main. C'est ainsi que je m'endormais, confiante et aimée, les doigts chauds et rassurants de ma mère entortillés aux miens.
Mais un jour, quelques mois après avoir fêté mon 5e anniversaire, mon univers fut chamboulé à tout jamais. Une petite chose gesticulante et braillarde fut introduite dans la maison. Tous n'en avaient que pour ce poupon qui, aux dires de mes grands frères, avait un gros nez. Malgré tout, on se pressait autour de lui, tentant de lui arracher une grimace, enfin, un sourire… Mais le pire restait à venir…
Alors qu'une semaine auparavant j'étais encore le bébé de la famille, Maman m'apprit que j'étais maintenant une grande fille, et que dorénavant j'allais dormir dans mon nouveau lit et partager la chambre de ma grande sœur, "en haut".
Ce fut difficile de me faire à cette chambre inconnue; il y faisait sombre et j'avais froid. Aussi, chaque nuit, je me levais et, sans faire de bruit, je tentais de me glisser dans le lit de mes parents. Maman se mit à dormir que d'une oreille, bien décidée à me faire passer cette habitude. La plupart du temps, je n'avais pas fini de descendre l'escalier que ma mère me sommait de retourner me coucher. Rusée, je pris mille précautions pour éviter les marches qui craquaient et pour me déplacer silencieusement. Quelques fois je réussis même à me faufiler sous les couvertures, au pied du lit, sans les réveiller. Mais quatre fois sur cinq Maman me surprenait avant que je n'atteigne mon but.
Une nuit où j'avais réussi à pénétrer dans la chambre, juste au moment où je m'apprêtais à grimper sur le matelas, j'entendis le sommier grincer. Vite! Je m'étais jetée à plat ventre et glissée sous le lit.
-Sally? C'est toi? Avait murmuré la voix de maman.
Et moi, sans hésiter:
-Non, c'est pas moi, c'est Ti-Puce!
Mon subterfuge ayant échoué lamentablement, j'avais dû regagner mon lit où j'avais retrouvé mon chien Ti-Puce, profondément endormie.
Les mois avaient passé et je m'étais faite à cette nouvelle vie avec ce petit frère tout neuf. Ses sourires baveux et ses petites menottes tendues avaient eut raison de mes dernières réserves et j'avais été obligée de reconnaître que c'était vraiment chouette d'avoir une poupée vivante. Puis j'avais appris à remplacer sa couche, à lui donner le biberon et j'avais même accepté de prendre mon bain avec lui.
Lorsqu'il avait commencé à marcher, je m'étais mise à le trimballer partout. L'hiver, Maman m'avait permis de l'amener glisser dans la neige à la condition qu'il soit habillé chaudement… Pauvre Frérot! Je craignais tellement qu'il n'ait froid que je lui enfilais camisole, chandail, pull, veste, collant, caleçon long, pantalon doublé, plusieurs paires de bas et de mitaines, une tuque, un foulard sur le front, un autre sur la bouche. Pour finir, je glissais le petit garçon saucissonné à l'intérieur d'un habit de neige avant de lui enfiler ses bottes d'hiver. Impossible d'avoir froid … ni de se tenir debout! Alors je devais l'asseoir sur ma super soucoupe volante en aluminium et le hisser en haut des côtes avant de m'installer derrière lui pour une descente tourbillonnante. Que de moments heureux ai je passés avec ce petit frère avant que ne nous séparent les remous de l'adolescence!
Il fut difficile pour la petite fille de 5 ans que j'étais alors, de céder sa place de cadette à un frère qu'elle n'avait pas demandé. Mais au fil des ans, chacun prit celle qui lui revenait, lui de benjamin, moi de sœur aînée. Avec ses bons et ses mauvais côtés.
Aujourd'hui, sans le moindre doute, je peux affirmer que mon Frérot, je ne l'échangerais pas pour tout l'or du monde. Enfin, ce n'est qu'une façon de parler. Euh, aux faits, le gros lot de la 6/49 s'élève à combien ce soir? Quoi? 48 millions!!!! Bon, ça demande réflexion ça…
5 commentaires:
Rien de moins que ''FORMIDABLE''.
Et je chercherais davantage une expression avec plus d'impact, un mot arrivant au même niveau.
Bravissimo Signora!
Très belle histoire!!
Merci....
Warff...
J'aboie et je ris à l'anecdote de se faire passer pour le chien !!!
Très belle histoire.
Criant de vérité ma Bonne Fée!
J'aime bien apprendre ses bouts d'histoire te concernant...ça te rend, disons, un peu moins mystique???...
Au fait, et ton "rhuppe"...xoxo
Merci à toutes et tous pour vos commentaires généreux; ils sont mes vitamines soleil!
Sally Fée!
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