lundi 23 février 2009

Un amour affranchi …


Lorsqu'elle s'éveilla, ce matin là, Éva ressentit une étrange fébrilité. Elle ferma les paupières et se laissa envahir par la curieuse sensation. C'était comme si un voile très fin s'était posé sur son cœur durant la nuit, le rendant léger et lumineux....

Pendant que le soleil tentait de couler ses premiers rayons entre les rideaux entrouverts, les oiseaux éclaboussaient le silence de leurs gazouillis joyeux. Éva s'étira et de ses pieds, repoussa les couvertures. Cette journée qui commençait à peine, lui faisait envie. Malgré le réveil qui n'affichait que 6h10, elle sortit du lit et ouvrit toute grande la fenêtre.

Une fois la cafetière en marche, elle attrapa un gros pamplemousse odorant et sorti sur la terrasse. La rosée avait déposé des milliers de diamants sur chaque brin d'herbe, sur chaque feuille. Aux quatre coins du jardin, des toiles d'araignée s'étaient transformées en de précieuses parures de pierres scintillantes. L'air sentait bon l'été, mélange de parfums de fleurs, de celui des arbres et des effluves de la terre que retournaient en silence des milliards d'êtres microscopiques.

Malgré son émerveillement, Éva n'arrivait pas à se défaire de cet étrange sentiment que quelque chose avait changé. Ou allait se transformer. Comme à l'aube d'une métamorphose, à la veille d'un revirement. La sensation était à la fois tenace et insaisissable.

Éva versa du café dans sa tasse préférée, y ajouta un peu de sucre et du lait, puis emprunta le sentier au bout de son jardin. Elle aimait aller flâner au bord du ruisseau qui coulait paresseusement au fond de son lit caillouteux. Lorsqu'elle avait visité l'endroit, deux ans auparavant et qu'elle avait découvert ce cours d'eau, elle avait su qu'elle était arrivée à bon port. Depuis, elle venait s'y recueillir chaque fois qu'elle avait besoin de réfléchir. Le murmure de l'eau l'apaisait; après avoir écouté chuchoter ses cascades, il lui semblait que tout était plus clair, plus simple.

Un coup d'œil à sa montre lui indiqua qu'elle risquait d'être en retard au travail. Éva reprit la direction de la maison en hâtant le pas; elle oublia l'effervescence qui l'habitait.

Ce n'est qu'en revenant chez-elle, ce soir là, qu'elle repensa à l'étrange impression qui l'avait envahie le matin même. Aussi, dès qu'elle emprunta l'allée bordée de pins qui menait à sa propriété, la sensation refit surface, plus intense, plus aiguë.

Elle allait tourner sur le petit chemin défoncé qui menait à sa maison, lorsque quelque chose attira son regard. Elle stoppa la voiture et observa les environs. Ça devenait agaçant à la fin. Tout lui sembla pareil; rien n'avait bougé depuis le matin, depuis des semaines en fait. Puis soudain, elle le vit: un point rouge qui faisait tache parmi la masse végétale qui poussait, sauvage et libre. Éva descendit de son véhicule et s'approcha. Du bout des doigts, elle toucha la forme cabossée qui oscilla sur son pied instable. Une pièce de métal, jadis peinte en rouge, se dressait vers le ciel, évocatrice et silencieuse.

Éva sentit son cœur battre plus vite. Et l'étrange sensation qui s'amplifiait, qui la faisait presque suffoquer. Ses mains tremblèrent lorsqu'elle tenta de faire pivoter la fermeture de la boite aux lettres. A quoi bon, se dit-elle? Le courrier n'était plus livré qu'au bureau de poste depuis des années.

Lorsque la petite porte rouillée pivota sur ses gonds, Éva cessa de respirer. Tout au fond de la boite aux lettres, une marguerite des champs reposait sagement. En tendant la main, les doigts d'Éva rencontrèrent quelque chose d'autre…
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2 commentaires:

Anonyme a dit…

Ça donne le goût de l'Été... et de reprendre contact avec le moment présent... Merci!

Le Scarabée xx

Sally Fée a dit…

Alors j'ai atteint mon but.

Merci d'être là cher Scarabée.

xxx