jeudi 26 février 2009

Un amour affranchi … 2e partie


Éva tourna l'enveloppe entre ses mains; elle était faite d'un beau papier texturé comme elle en avait vu dans la boutique d'artisanat qui avait ouvert ses portes, l'automne dernier. Un timbre y avait été collé sans être oblitéré. Du bout du doigt, elle suivi l'arabesque d'encre noire qui formait deux mots:
Pour vous…

La jeune femme tourna la tête, scrutant la route et le champ qui lui faisait face. L'enveloppe avait été déposée dans sa vieille boite aux lettres; elle lui était destinée, sans aucun doute. Outre sa petite maison cachée dans les arbres, ce rang de campagne n'en comptait que deux autres. Tout au bout, une petite fermette était occupée par un vieux et charmant couple, tandis que le chalet de bois rond, dont le terrain jouxtait le sien, appartenait au facteur retraité qui, durant l'été, venait de temps à autre y passer un week-end.

Éva retourna à sa voiture et déposa l'enveloppe et la fleur sur le siège du passager. Elle allait redémarrer lorsqu'elle se ravisa; en esquissant un sourire, elle alla rebaisser le petit drapeau rouge de la boite aux lettres.

Malgré la curiosité qui la dévorait, Éva retarda le moment d'ouvrir l'enveloppe. Elle prit le temps de se préparer un souper et d'ouvrir une bouteille de vin, un excellent Shiraz 2005. Elle déposa le minuscule vase et sa marguerite sur la petite table de la véranda et apporta son assiette fumante. Puis elle appuya l'enveloppe sur le chandelier et alluma les quatre bougies.

Ce n'est qu'une fois son assiette rincée et déposée dans le lavabo qu'Éva se décida. Délicatement, pour ne pas abîmer les fibres, elle décolla lentement le rabat, prenant mille précautions. Son cœur se mit à cogner plus fort dans sa poitrine lorsque, du bout des doigts, elle saisit la feuille pliée en trois qui avait été glissée dans l'enveloppe.

Des lettres, nettes et fines s'élançaient sur le papier. Éva y lut:

De retour au pays de mon enfance,
Je vous ai croisée plus d'une fois, au fil de mes errances
Alors j'ai attendu, le temps qu'il fallait attendre
Depuis, mon cœur me presse, me vilipende
Me répétant sans cesse qu'un jour de plus, est un jour perdu
Mais si de mes mots, vous n'en avez que faire
Soyez assurée qu'un seul des vôtres suffira à me faire taire

L. D.

Éva souffla les bougies et se cala dans sa chaise; elle renversa la tête et contempla le ciel d'un bleu profond où s'allumaient des milliers d'étoiles…

2 commentaires:

Fitzsou, l'ange-aérien a dit…

Comme tu écris bien, et ne viens pas me dire que je ne suis pas objective...j'ai quand même pas perdu mon jugement!...xoxo

Sally Fée a dit…

D'accord chère Ange,

Alors permets-moi de te remercier pour ton assiduité, pour ton encouragement.

Tu fais aussi partie de mon quotidien et j'en retire beaucoup de plaisir.

:O)