dimanche 11 avril 2010

Régime de terreur ...


À mes voisins, je n’ai jamais eu à reprocher quoi que ce soit. Arrivée dans les Laurentides à la fin de septembre dernier, j’ai constaté que, dans le quartier, chacun vaquait à ses occupations sans déranger les autres.

Dans ma rue, la circulation automobile est fluide et il arrive rarement que l’on soit ennuyé par le hurlement de pneus ou le rugissement de moteurs alimentés à la testostérone. C’est un secteur de piétons retraités, de maman trottant derrière les poussettes, de jeunes enfants ou d’adolescents à bicyclette et de chiens promenant leur maître. Même les écureuils et les chats semblent bénéficier d'une espérance de vie plus longue, sans doute grâce à la limite de vitesse qui est fixée à 30 km/hre.

Les méfaits sont chose rare, on ne verrouille pas nos râteaux ni nos chaises de jardin et, discrètement, les voisins ouvrent l’œil. Même le silence, rare visiteur des quartiers urbains, semblait s’y plaire, se croyant à l’abri des déchirures tonitruantes.

Ce jour-là, l’été venu faire un clin d’œil au printemps m’avait incitée à m’attabler dehors. Malgré les longues semaines qu’il faudrait attendre avant qu’il ne fût vraiment là, je l’imaginais ensoleillé, parfumé, calme et, entre deux pépiements des convives qui fréquentaient les mangeoires de mon jardin, je rêvais déjà aux petits matins sur ma terrasse. Je me voyais, au saut du lit, pratiquer la salutation au soleil pendant que sur la table, une théière fum …

«*%/(?%*» !!!

Saisie, j’essayai de localiser le cri perçant qui se répercutait dans la quiétude brisée. Il fut rapidement suivi de plusieurs autres, son auteur ne semblant pas gêné par ma présence, ni par celle de mes voisins.

«Peut-être n’est-ce qu’un visiteur!» ai-je pensé tandis que les cris se répétaient inlassablement. L’oreille tendue, j’essayai de deviner s’il s’agissait d’invectives ou de louanges, mais le langage utilisé m’était inconnu. Déjà que la langue de Shakespeare m’apparait parfois comme du chinois…

C’est ainsi depuis deux semaines : si le soir nous retrouvons le silence, le jour n’est que cacophonie. J’espère que l’énergumène n’est que de passage, car s’il a élu domicile dans le coin, c’en sera fait de la tranquillité et j’en ai bien peur, de la sécurité de quelques habitants du quartier.

À vrai dire, ce n’est pas tant son chahut qui me gêne, mais plutôt le régime auquel il se soumet:
«Le menu de ce petit faucon est fort varié (…). Mange surtout des mammifères et des oiseaux au début de la saison de reproduction (…). Capture parfois des oiseaux aux mangeoires en hiver.»

C’est ce que je pus lire à la page 251 de mon Guide nature Quintin sur la Crécerelle d’Amérique, mon nouveau voisin qui sèmera, je le crains, la terreur dans mon jardin.

7 commentaires:

Fitzsou, l'ange-aérien a dit…

N'existerait-il pas quelques épouvantails à crécerelle que tu pourrais utiliser dans ton jardin afin d'en préserver la vie de ses habitants?

Sally Fée a dit…

L'autre crainte, c'est que déjà leur nids soit fait; s'ils sont à couver leurs oeufs, je préfère ne pas les déranger.

Je pourrais tenter de bricoler quelque chose qui protégerait les mangeoires pendant que les mésanges et les chardonnerets s'alimentent.

Moi qui voulais très très fort avoir des oiseaux dans mon jardin... je suis servie!

;O)

Anonyme a dit…

Mais que fait Jules ?

Anonyme a dit…

C'est temporaire, un mois je dirais. Mais c'est rien à comparer aux corneilles pour l'iknstant et à la tonne de ménates en août quand on ne peut plus fermer nos fenêtres. Je préfère quand même aux bruits de la ville.

Sally Fée a dit…

@ François:

Pfff... Jules? Il est comme sa maîtresse: il aime toutes les p'tites bêtes mais pas dans son assiette!

Même l'écureuil gris qui habite dans mon jardin ne le craint plus!

@ Anonyme:

Un mois? Ouf!

Quant aux corneilles, il y en a beaucoup dans le coin et je suis de celles qui les aiment; de les entendre s'interpeller d'un arbre à l'autre m'amuse. Oh! que j'aimerais comprendre ce qu'elles se racontent!

Anonyme a dit…

Mais je constate qu'il y a plusieurs oiseaux matinaux à visiter votre site, souhaitons que votre crécerelle n'en fera pas son menu. C'est un des oiseaux très utiles parmi les volatiles, avec le faucon pèlerin. Pensez-y, si cet oiseau n'y était pas, vos économies passeraient en entier à l'achat de graines; mais s'il ne vous déplaît de faire gruger votre gousset, je puis vous suggérer une effigie de hibou à placer dans votre cours- mais là, plus aucun oiseau ne voudra venir :(

Crépuscule, pour avoir entendu roucouler des corbaux en rut ';)

Sally Fée a dit…

@ Crépuscule:

Ah! Mais c'est que je suis fidèle à mes amis, à plumes ou à poils. Et bon, mon portefeuille en a vu d'autres!

Quant à la Crécerelle, elle ne fait peut-être que passer puisqu'en septembre dernier elle était absente de mon ciel.

Ma voisine et amie HabsfanDan vous suggère les bouchons d'oreille. Il semble que ce soit plutôt efficace!

;O0