Lorsque je suis apparue sur cette terre, ma sœur et mes frères avaient respectivement 8, 9 et 10 ans. J’ai peu de souvenirs de ma vie d’enfants avec eux. Mes parents vivaient en campagne, dans un rang qui comptait 4 maisons. Le village auquel nous appartenions était à une dizaine de kilomètres de chez-moi et la ville la plus près se trouvait, elle à 15-20 kilomètres.
J’habitais la maison du milieu, car la 4e, dans laquelle vivaient les deux « vieux garçons » était bâtie de l’autre côté du chemin, face à la dernière maison du rang. Dans notre coin, on disait « un rang qui ne débouche pas » au lieu de « cul-de-sac », expression qui n’était pas encore arrivée dans mon coin de pays. Les fins de semaine, je jouais soit avec les voisins du fond du rang, soit avec ma cousine et mes cousins qui habitaient la première maison. Jamais avec tout le monde en même temps. Ma tante ne voulait pas que mes cousins fréquentent la famille du fond du rang, et cette famille méprisait ma tante et mon oncle à cause de cette interdiction. Moi j’aimais bien tout le monde et personne ne me tenait rigueur de partager mon amitié.
A cette époque, mon père avait un garage « en ville ». Il vendait et réparait des tracteurs. Ma mère y travaillait et y passait ses semaines à vendre des pièces de toutes sortes. Ainsi, j’ai grandi dans ce garage ou je passais mes journées. Les mécaniciens qui travaillaient pour mon père me donnaient de temps à autre des pièces de rechange usagées et … graisseuses avec lesquelles je jouais. J’arrive encore à me souvenir de l’odeur du garage : un mélange d’huile à moteur, de graisse, d’humidité et de bran de scie qu’on saupoudrait sur le ciment pour recueillir l’huile. J’ai en mémoire également la fois ou une de mes tantes, pensant que je m’ennuyais (elle avait tort), était venue me chercher pour que j’aille passer l'après-midi chez-elle. Elle avait regardé avec horreur mes mains pleines de cambouis et mes petits ongles noircis par la graisse de mes « jouets ».
Parfois ma mère me donnait la permission d’aller, toute seule, chez ma grand-mère maternelle qui habitait à 4 ou 5 coins de rue. Je savais que je devais regarder avant de traverser les rues. Je me sentais alors libre, du haut de mes 4 ou 5 ans. C’était pour moi une aventure. Je me souviens des trottoirs ou je prenais garde de ne pas marcher sur les « craques » au risque qu’il ne m’arrive un malheur. D’un certain endroit ou j’accélérais le pas car il y avait un garçon un peu plus vieux que moi qui m’intimidait. Je revois aussi le dépanneur le « Petit Lutin » qui était sur ma route et que tenait la cousine de ma mère.
J’ai donc vécu en toute liberté mes 5 premières années, la semaine en m’inventant des histoires, à examiner des pièces de tracteur, de faucheuse, de « balleuse ». Et les fins de semaine, ainsi que la plupart des soirées j’imagine, je jouais avec mes cousins ou mes autres amis. Nous nous sommes bâtis de multitudes de cabanes sur la petite montagne, avons pêché dans le « p’tit crick », sommes allés en excursion à la rivière qui était à 2 ou 3 kilomètres du rang. Avons grimpé aux arbres, joué « aux noms », dormi dans le foin, cueilli des fraises des champs, des bleuets, des framboises l’été. L’hiver nous allions glisser en « soucoupe volante » ou dans des boites de carton. Creusé les « bink » de neige pour se faire des tunnels. Nous sommes raconté des histoires « épeurantes » aussi. Inventé des citées perdues qui, nous en étions convaincus, devaient se trouver en qq part dans un recoin de notre petite montagne.
J’ai adoré mon enfance. Nous n’étions pas à l’aise financièrement et je me souviens que nous avons traversé des périodes de grande pauvreté, lorsque les affaires de mon père ont périclité. Mais cette liberté, cette nature à notre portée, ces heures passées à nous inventer des jeux, des mondes. Je n’aurais pu rêver mieux.
Maintenant que je suis « grande », je suis encore avide de liberté, de grands espaces, de nature. Et mon imagination est encore celle de la petite fille j’étais.
J’habitais la maison du milieu, car la 4e, dans laquelle vivaient les deux « vieux garçons » était bâtie de l’autre côté du chemin, face à la dernière maison du rang. Dans notre coin, on disait « un rang qui ne débouche pas » au lieu de « cul-de-sac », expression qui n’était pas encore arrivée dans mon coin de pays. Les fins de semaine, je jouais soit avec les voisins du fond du rang, soit avec ma cousine et mes cousins qui habitaient la première maison. Jamais avec tout le monde en même temps. Ma tante ne voulait pas que mes cousins fréquentent la famille du fond du rang, et cette famille méprisait ma tante et mon oncle à cause de cette interdiction. Moi j’aimais bien tout le monde et personne ne me tenait rigueur de partager mon amitié.
A cette époque, mon père avait un garage « en ville ». Il vendait et réparait des tracteurs. Ma mère y travaillait et y passait ses semaines à vendre des pièces de toutes sortes. Ainsi, j’ai grandi dans ce garage ou je passais mes journées. Les mécaniciens qui travaillaient pour mon père me donnaient de temps à autre des pièces de rechange usagées et … graisseuses avec lesquelles je jouais. J’arrive encore à me souvenir de l’odeur du garage : un mélange d’huile à moteur, de graisse, d’humidité et de bran de scie qu’on saupoudrait sur le ciment pour recueillir l’huile. J’ai en mémoire également la fois ou une de mes tantes, pensant que je m’ennuyais (elle avait tort), était venue me chercher pour que j’aille passer l'après-midi chez-elle. Elle avait regardé avec horreur mes mains pleines de cambouis et mes petits ongles noircis par la graisse de mes « jouets ».
Parfois ma mère me donnait la permission d’aller, toute seule, chez ma grand-mère maternelle qui habitait à 4 ou 5 coins de rue. Je savais que je devais regarder avant de traverser les rues. Je me sentais alors libre, du haut de mes 4 ou 5 ans. C’était pour moi une aventure. Je me souviens des trottoirs ou je prenais garde de ne pas marcher sur les « craques » au risque qu’il ne m’arrive un malheur. D’un certain endroit ou j’accélérais le pas car il y avait un garçon un peu plus vieux que moi qui m’intimidait. Je revois aussi le dépanneur le « Petit Lutin » qui était sur ma route et que tenait la cousine de ma mère.
J’ai donc vécu en toute liberté mes 5 premières années, la semaine en m’inventant des histoires, à examiner des pièces de tracteur, de faucheuse, de « balleuse ». Et les fins de semaine, ainsi que la plupart des soirées j’imagine, je jouais avec mes cousins ou mes autres amis. Nous nous sommes bâtis de multitudes de cabanes sur la petite montagne, avons pêché dans le « p’tit crick », sommes allés en excursion à la rivière qui était à 2 ou 3 kilomètres du rang. Avons grimpé aux arbres, joué « aux noms », dormi dans le foin, cueilli des fraises des champs, des bleuets, des framboises l’été. L’hiver nous allions glisser en « soucoupe volante » ou dans des boites de carton. Creusé les « bink » de neige pour se faire des tunnels. Nous sommes raconté des histoires « épeurantes » aussi. Inventé des citées perdues qui, nous en étions convaincus, devaient se trouver en qq part dans un recoin de notre petite montagne.
J’ai adoré mon enfance. Nous n’étions pas à l’aise financièrement et je me souviens que nous avons traversé des périodes de grande pauvreté, lorsque les affaires de mon père ont périclité. Mais cette liberté, cette nature à notre portée, ces heures passées à nous inventer des jeux, des mondes. Je n’aurais pu rêver mieux.
Maintenant que je suis « grande », je suis encore avide de liberté, de grands espaces, de nature. Et mon imagination est encore celle de la petite fille j’étais.
1 commentaire:
J'aime les histoires, j'aime en lire, j'aime que l'on m'en raconte, j'aime entendre "il était une fois..." et mon imaginaire s'envole au fil des mots.
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