mardi 17 juin 2008

L’audience suspendue…

Hier j’ai trouvé un message sur ma boite vocale. Il avait été laissé par la fille d’un homme qui fut l’associé d’Ex. Au début des années 1990, tous deux avaient mis sur pied une troupe de théâtre qui se spécialisait dans les soupers-spectacles médiévaux. Ex était le héraut et son partenaire jouait le rôle du roi Dédale 1er, personnage loufoque, entouré de sa cour. Après la dissolution de la troupe, le roi déchu parti travailler à Montréal et nous ne l’avons croisé qu’une seule fois il y a une dizaine d’années.

Le message indiquait que l’ancien souverain avait été admis à la Maison Aube-Lumière de Sherbrooke, établissement qui reçoit des personnes atteintes du cancer en phase palliative. Dédale avait demandé à sa fille de tenter de rejoindre son ancien ami et partenaire pour lui dire qu’il aurait aimé le revoir avant de quitter ce monde.

J’ai appris la triste nouvelle à Ex et j’ai rappelé la fille du souverain pour l’informer que le message avait été transmis. Nous avons parlé quelques minutes et j’ai cru que mon rôle était terminé. Après tout, Dédale n’avait pas été mon ami, mais une connaissance. Cependant, en soirée, je n’ai pu m’empêcher de l’imaginer dans sa chambre, seul, avec la mort comme invitée. Bien sûr il y a des bénévoles et ses enfants qui, malgré qu'ils habitent à plus d’une heure de Sherbrooke, lui rendent visite, lui téléphonent. Pourtant j’avais envie d’aller le saluer, de lui dire combien je compatissais à ce qui lui arrivait. Peut-être aussi lui tenir la main. Lui demander s’il avait peur. Enfin, quelque chose comme ça.

Mais je n’ai pas pu. Cet après-midi, lorsque je suis arrivée à la Maison, des infirmières, des préposés et un médecin, se précipitaient à la chambre de Dédale car il n’allait pas bien. Pas bien du tout. J’ai attendu dans le corridor en compagnie d’un couple qui venait également lui rendre visite. J’avais la gorge nouée ; eux aussi. Nous avons passé ainsi de longues minutes à attendre et à assister aux va-et-vient du personnel qui ne souriait plus.

Puis une jeune femme est apparue, l’air inquiet. Elle est entrée sans hésiter dans la chambre numéro 7 malgré tout l’effectif médical qui s’y démenait. C’était Pat, l’aînée de Dédale. Lorsqu’elle est ressortie, j’ai lu sur son visage que l’état de son père s’était aggravé. Il ne nous restait plus qu’à souhaiter du courage à sa fille et à repartir avec dans la gorge nos adieux qui nous faisaient comme une grosse boule douloureuse.

L’audience était suspendue …

1 commentaire:

Unknown a dit…

Je comprend l'effet que cela peut faire, le fait que l'on ne se sente pas à l'aise. Je viens de perdre quelqu'un de très très proche d'un cancer foudroyant et c'est très difficile à supporter.

Je te souhaite quand m^me une bonne journée.