mercredi 11 février 2009

Le cœur en berne…



Samedi prochain, par plaisir ou pour éviter de se faire faire la gueule, plusieurs d'entre nous soulignerons la fête de l'amour. L'anniversaire de Cupidon, la Saint-Valentin.

D'autres, comme mon ami Daniel, passera une partie de la soirée au chevet de son oncle mourant. Il l'écoutera, lui tiendra compagnie, tentera peut-être de le faire rire ou du moins, sourire. Puis en le quittant, malgré sa réserve et le chagrin qu'il ne veut pas laisser transparaître, il déposera un baiser sur le front du vieux monsieur qui attend patiemment que la mort vienne le chercher, étonnamment lucide malgré les doses massives de morphine qu'on lui injecte.

Je soupçonne qu'une amie essaiera de ne pas songer à ce qu'aurait pu être cette fête si elle n'avait pas mis fin à sa relation, l'été dernier. Elle doutera, elle regrettera et elle aura sans doute du chagrin. Puis, au fil de la soirée, si par chance elle se retrouve entre amis, elle se souviendra de ce qui l'a amenée à cette difficile mais nécessaire décision. Elle pourra alors reprendre confiance, cesser de se culpabiliser et sourire à l'avenir qui se dessine.

Un autre de mes amis tentera peut-être de maquiller son désenchantement. Son histoire d'amour n'a pas fait long feu. Une trop brève fréquentation suivie d'une cohabitation hâtive avec son amie de cœur et les enfants de cette dernière, ont transformé l'idylle naissante vécue à distance, en un quotidien où le bonheur ne semble pas vouloir s'installer.

Ma belle amie, quant à elle, cherchera à se convaincre qu'elle est heureuse. N'a-t-elle pas tout ce qu'elle désire? Un amoureux dans les bras duquel elle se sent tellement en sécurité, un projet commun qui, s'il lui a fait mettre un doigt dans l'engrenage, a le mérite de les attacher l'un à l'autre. Son cœur dans tout ça? Il se serre et il saigne parfois lorsqu'elle croise celui qui lui a fait trois beaux enfants. Cet amoureux jadis éconduit plus d'une fois, n'espérait plus le retour de celle qu'il avait épousée vingt-sept ans auparavant. Il a donc décidé de refaire sa vie. Depuis, ma belle amie essaie courageusement de braquer les yeux droit devant, mais par moment, elle ne peut s'empêcher de regarder dans le rétroviseur de son existence et de regretter celui qu'elle aime toujours.

Je crains qu'une de mes douces amies ne passe un samedi difficile. Son amour l'a quittée il y a plus de cinq ans pour une contrée d'où on ne revient jamais. Elle pensera à lui, à ce qu'était leur vie, leur amour discret mais profond. Elle aimerait tant rencontrer un homme qui lui ressemble, qui a ses qualités de cœur. Elle doute de pouvoir aimer à nouveau. Comment le pourrait-elle sans avoir l'impression de tromper celui avec qui elle a vécu pendant vingt-cinq années? Serait-ce pour cette raison que le seul homme qui ait réussi à faire battre son cœur depuis, ne soit pas libre? L'intégrité de mon amie l'empêche de faire le pas qui transformerait l'idylle platonique en liaison consommée. Et en attendant que le seul homme à qui elle aurait pu se donner à nouveau, fasse son choix, elle met son cœur en berne.

Samedi prochain, cet autre ami songera peut-être à ce qu'aurait pu représenter cette soirée si la seule femme qu'il n'ait jamais aimée, avait partagé ses sentiments. Il en était tombé éperdument amoureux alors qu'il n'était qu'un adolescent. A ce moment, il n'avait pas osé lui déclarer son amour. Les années avaient passé, il s'était marié, sans pour autant aimer celle qui allait lui donner un enfant. Le couple s'était séparé et quelques années plus tard, il avait rencontré une autre femme. Comme si c'était la seule issue, ils avaient fini par cohabiter. Pas très longtemps, car l'amour refusait d'éclore. Encore une fois mon ami s'était retrouvé seul. C'est à cette époque que le hasard remit sur sa route la femme qu'il aimait depuis toujours. Prudent, il n'offrit que son amitié à celle qui faisait battre son cœur si fort. De café en bière, de parties de pool en marches autour du Lac des Nations, ils avaient refait connaissance. La belle avait quelqu'un dans sa vie mais la relation était boiteuse. Mon ami prit son mal en patience et le jour où elle lui apprit qu'elle avait rompu définitivement, il se décida à lui déclarer ses sentiments. Il lui apprit qu'il l'aimait depuis toutes ces années; que son cœur lui avait toujours appartenu. Malheureusement, la jeune femme ne fut pas enthousiasmée par cette révélation. Cela lui sembla tellement étrange… Peut-être eut-elle peur d'un si grand amour? Ils cessèrent de se voir. Et depuis, mon ami tente de panser son cœur, en essayant de ne pas rêver à ce qu'aurait pu être sa vie auprès d'elle.

La Saint-Valentin célébrera les amoureux. Ceux qui se sont enfin trouvés, parfois après de longs détours. Samedi, les restaurants seront bondés. Les fleuristes et les chocolateries feront de bonnes affaires. Des milliers de bougies seront allumées pour créer une atmosphère romantique, propice à l'amour et à ses épanchements.

Le 14 février sera un jour sans joie pour ceux qui sont seuls. Pour ceux qui ont connu l'amour avant de le perdre, à tort ou à raison. Pour ceux qui l'espèrent encore, qui l'ont laissé partir sans avoir tenté de le retenir, ou qui l'auront sabordé, le sachant perdu d'avance.

Le jour de la Saint-Valentin, alors que plusieurs d'entre nous soulignerons la fête de l'amour, d'autres auront le cœur en berne…

5 commentaires:

Zoreilles a dit…

La Saint-Valentin me fait le même effet qu'à toi, je ne peux m'empêcher de penser à ceux et celles qui ont le coeur en miettes cette journée-là, qui auront du chagrin, des regrets, des attentes, des déceptions, des souvenirs douloureux de ce qui fut, ce qui aurait pu être, ce qui a été perdu...

Anonyme a dit…

Toujours le bon mot au bon moments. Comme plusieurs je serai seule pour la fête des amoureux. Mais une chose est sur, j'aime mieux etre malheureuse une journée par année qu'être en couple et se sentir pas épanouie et ni heureuse a l'année. C'est dur de prendre la décision de partir mais moi j'amais je ne le regretterai.

Anonyme a dit…

Moi j'aimerais bien dire au sale petit bonhomme avec sa flèche à quel endroit de son anatomie il peut se l'envoyer !!!

Sally Fée a dit…

@ Zoreilles:

Pour ma part, cette fête de l'amour, je la vivrai de l'intérieur. Le coeur rempli de souvenirs en ayant une pensée pour ceux qui ont le leur serré.

@ Anonyme 1:

Je suis entièrement d'accord. Le véritable bonheur commence par l'amour de soi.

@ Anonyme 2:

Euh... dans le coeur?


Bonne fête de l'amour, que ce dernier soit partagé ou à soi-même prodigué!

Anonyme a dit…

Quel beau texte, si vrai, si juste et qui colle à ma réalité...Tu saisis bien les gens... La psycho après ton cours de création littéraire, ça ne te tente pas???
Je t'aime beaucoup xoxo