- J’ai quelque chose à te demander, me dit Maman, hier soir.
- Ah! Oui?
- Oui et je ne sais pas ce que tu vas en penser.
- Ce que j’en penserai?
- Oui et dépendamment de ce que tu vas répondre…
- Allez-y Maman, je suis certaine que peu importe ce que c’est, ça pourra se faire.
- Bon… est-ce que ça te dérangerait de me téléphoner moins souvent?
- … ah! mais bien sûr, répondis-je un peu surprise. Je pourrais appeler aux deux jours et …
- Ou aux trois jours? me coupa Maman.
- … mais oui, pourquoi pas aux trois jours. Et ça ira? Vous ne serez pas inquiète?
- Mais non! répondit ma mère, comme si cette question était complètement farfelue.
C’est ainsi qu’il fut décidé que je ne téléphonerais plus à ma génitrice chaque soir vers 18h00. J’avais pris cette habitude il y a un peu plus d’un an. À cette époque, Maman nous avait fait une peur bleue en ayant un malaise causé par une tension artérielle beaucoup trop élevée. Par conséquent, lorsque Frérot m’annonça qu’il partait à la pêche dans le Nord avec sa petite famille, nous avions cru plus prudent que je téléphone à ma mère chaque jour, ce qui me permettait de vérifier comment elle se portait.
Ainsi, depuis plus de 15 mois, jour après jour je lui pose les mêmes questions sur la température, sur ce qu’elle a fait de sa journée et ce qu’elle a mangé au souper. De mon côté, je lui raconte mon quotidien et, pensant la distraire, lui décris les contrats que j’ai obtenus, les travaux effectués dans la maison. J’ai bien l’impression qu’elle trouvait cela plus assommant que divertissant!
À 83 ans, Maman n’aime pas beaucoup parler au téléphone. De plus, comme elle est foncièrement indépendante, il ne lui vient sans doute pas à l’esprit que ses enfants pourraient se faire du souci pour elle. Je souris en l’imaginant chercher comment me dire, même avec des gants blancs, qu’il était grand temps, à mon âge, que je coupe le cordon…
4 commentaires:
Ah ben c'est pire... C'est pas à moi que ça arriverait, ça!
Fée,
pour ajouter au commentaire de Zoreilles, ça ne risque pas de m'arriver non plus.
Et l'inquiétude pour ma mère est le moteur, le centre de ma vie, étant donné qu'elle est en résidence, et que certains changements récents sont plus qu'inquiétants.
J'essaie de m'occuper d'elle le mieux possible, mais il paraît que ce n'est pas encore assez. Il faut envisager un changement de résidence.
Je considère sérieusement l'option de prendre soin d'elle en permanence (puisque les aidants naturels sont considérés par le gouvernement comme étant moins que rien), et de profiter d'un chèque mensuel, que je ne nommerai pas.
J'ai perdu un emploi déjà, trop souvent absente au goût de mon employeur, devant accompagner ma mère pour des rendez-vous médicaux, alors...
Amertume et colère, même si j'aime ma mère, de tout mon coeur.
Fée,
je dois préciser que la colère n'est pas dirigée contre ma mère, mais envers moi-même à cause de mon sentiment d'impuissance et d'inutilité. Mais je n'aurais pas dû exprimer tout ça ici, à la suite de ce si beau billet. Ce n'était pas l'endroit pour le faire, désolée...
@ Zoreilles:
Je sais bien... c'est le monde à l'envers!
@ Lise:
Nous avons beaucoup de chance d'avoir une mère qui, malgré un AVC, a conservé une bonne santé et la capacité de vivre chez-elle, seule. Avec Frérot qui la visite fréquemment et ma belle-soeur qui lui envoie souvent des petits plats, Maman pourra, nous l'espérons, continuer de vivre sa vie de vieille dame plutôt solitaire.
Vous n'avez aucunement à être désolée... ne sommes-nous pas entre amis(es)? Je comprends et compatis à votre colère; il y a beaucoup d'injustice, c'est désolant et très triste.
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