Samedi je n'ai pu me défiler; il me fallait vraiment revisiter mon passé. Oh, ce n'est pas que j'en avais envie! D'autant plus que je savais que ce serait ardu. Au début j'avais naïvement cru qu'un jour suffirait, mais je l'avoue, après quelques heures je ne savais plus trop où j'en étais et je dus m'arrêter. Par conséquent je me vis contrainte de m'y remettre dimanche, puis aujourd'hui. J'eus des moments de découragement mais une fois le processus commencé, je ne pouvais plus reculer…
Si Nicolas Boileau, un jour de 1674 déclara: "Vingt fois sur le métier, remettez votre ouvrage.", moi aujourd'hui je proclame: Vingt fois dans l'atelier, réorganiser devient inévitable…
Encore? Penseront mes amis! Eh oui, il me faut encore une fois réaménager mon espace de travail! A l'été, ce fut pour faire place aux nombreux rouleaux de tissus rapportés de chez mon sous-traitant. Cette fois-ci, ma réorganisation vise à caser deux tables, idéalement trois, sur lesquelles mes futures étudiantes en couture pourront travailler. En effet, faute de recevoir des commandes suffisantes de mes clients en mode, j'ai décidé d'offrir des cours de couture privés et semi-privés pour débutants(es).
Le réaménagement consista entre autres, à déplacer les boites de ce qui reste des vêtements de mon ancienne boutique. Une fois bien à l'abri dans de grands sacs en plastique transparent, ils prirent le chemin de la cave où je les remis dans leur boite respective bien identifiée. Puis ce fut le tour des cartons de garnitures peu utilisées. Comme certaines boites étaient trop lourdes, je dus répartir le contenu dans de plus petites que je glissai à leur tour dans de grands sacs qui les préserveront de la poussière et de l'humidité. Quoique long, cette étape ne me rebutait pas trop.
Non, ce qui m'horripilait avant même de commencer c'était ces quelques boites avec l'inscription: A TRIER Et ce n'était pas mon écriture; c'était celle d'Ex. Et ça ne me disait rien qui vaille. Ces fameux cartons avaient été empilés le long d'un mur dans mon atelier en décembre 2006 et n'avaient jamais été ouverts. Je pouvais m'attendre à tout… Bien sûr, j'aurais pu tout aussi bien les descendre à la cave tels quels, mais cela n'aurait que remis à plus tard cette corvée. Ainsi je décidai de vérifier le contenu et, comme le suggérait l'inscription, de le trier. Ce fut long, très très long…
Tels des matriochkas, ces cartons recelaient des boites plus petites dans lesquelles je découvris des choses sans importance qui en cachaient d'autres, tout aussi inutiles…
Je découvris: des vieux mémos datés de 2001, une multitude d'affichettes de rabais pour le Boxing Day, la Fête des Mères, la Vente Trottoir. D'autres pour la promotion de l'arrivée en boutique d'une nouvelle collection, pour l'instauration de cartes privilèges, annonçant le changement des heures d'ouverture. Je trouvai aussi de vieux certificats-cadeaux, une liste de clients, des pochettes de plastique remplies d'étiquettes cartonnées pour identifier les vêtements. Dans la même boite, avait été rangée une lampe de poche dont une pile avait coulé à l'intérieur la rendant inutilisable. Je vis des sacs pour la balayeuse à tapis, des chemises de suspension et plusieurs cœurs découpés dans du carton rouge.
Chaque découverte me fit faire un bon dans le passé, remuant un lot de souvenirs, les uns agréables, les autres nettement moins. C'est donc avec une certaine hâte que je remplis un énorme sac qui prit le chemin de mon bac bleu, et un plus petit qui se retrouva aux ordures.
Malgré ces trois jours entrecoupés, il est vrai, d'occupations plus jouissives comme la lecture du dernier roman de Guillaume Musso, je ne réussis pas à terminer ce qui sera le dernier réaménagement de mon atelier avant très longtemps. Mais je suis confiante: jeudi tout devrait être fin prêt pour recevoir ces élèves à qui il tarde d'apprendre à coudre… sans trop en découdre!
3 commentaires:
Parfois faire des retours vers le passé est nécessaire mais cela n'est jamais vraiment très agréable quand cela concerne certaines relations. Mais je suppose que là c'était pour la bonne cause.
Bises
Introspection et souvenirs marécageux remontant à la surface, jamais très agréable de jongler avec le passé...
Mais ici, le résultat semble avoir été constructif, avec une belle petite lumière qui brille au bout du tunnel.
Je reconnais tellement ces sentiments... pour les avoir souvent vécus.
Ça fait mal un peu mais d'un autre côté, après la nostalgie, les regrets, les histoires qui remontent à la surface, le triage, l'effort de poursuivre, on a une impression de grand ménage intérieur et ça fait de la place pour du neuf.
C'est ce matin (jeudi) qu'arrivent tes nouveaux « élèves », je te souhaite de vivre avec eux, « du tout neuf ».
Enregistrer un commentaire