samedi 18 octobre 2008

Soleil d'octobre ...


C'était un vendredi ensoleillé. L'automne était exceptionnellement doux et donnait un répit aux abitibiens habitués à des températures plus fraîches en ce mois d'octobre.

Une jeune femme était allongée dans le salon de la maison de son père. Elle avait le visage en sueur, ses longs cheveux bruns et bouclés lui collaient aux tempes et on pouvait voir dans ses grands yeux noisette, l'inquiétude qui l'habitait. Sa mère était à ses côtés et la réconfortait du mieux qu'elle pouvait. Son père, quant à lui, faisait les cents pas dans la pièce et la douceur de son visage contrastait avec son masque sévère coutumier. Le docteur Dion avait été appelé au chevet de la jeune femme; ce n'était pas la première fois qu'il se rendait dans cette solide maison à quelques milles d'Amos. Il y était venu quelques mois plus tôt pour un cas semblable.

La maison était calme; les enfants avaient été expédiés chez leurs grands parents et les plus âgés s'étaient vus assigner des tâches qui allaient les tenir occupés jusqu'au souper.

Dehors, un jeune homme de 23 ans attendait, étendu sur l'herbe. On lui avait gentiment suggéré d'aller prendre l'air car son anxiété ne faisait qu'ajouter à celle de sa compagne dont les cris parvenaient jusqu'à lui. Que pouvait-il faire d'autre que de se ronger les sangs et se sentir impuissant?

Au milieu de l'après-midi, sous un soleil d'automne resplendissant, un long cri se fit entendre, différent des autres. Le jeune homme sauta sur ses pieds et s'élança vers la maison. Ému, il s'approcha lentement de la jeune femme dont il était follement amoureux; il l'avait fait sienne devant Dieu et devant les hommes l'année précédente. Ils avaient d'ailleurs souligné leur 1er anniversaire de mariage quelques jours plus tôt. Épuisée mais rayonnante, elle murmura: "-C'est un garçon…". Le jeune époux s'avança timidement vers sa belle-mère qui lavait avec des gestes tendres une petite chose toute rouge et fripée.

C'est ainsi qu'en ce beau vendredi d'automne, le 18 octobre 1946, naissait mon grand frère, premier enfant de mes parents. Ma mère tenait à lui donner un prénom peu commun; elle choisit celui de Gilbert. D'origine germanique, il signifie "brillant". Elle ne pouvait mieux choisir…

Cher Grand Frère, je te souhaite une merveilleuse journée d'anniversaire. Malgré la distance, malgré parfois des silences, sache que je pense à toi très souvent et que je t'aime GROS comme ça…

Ta soeurette.

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