mercredi 22 octobre 2008

Se retrousser les manches …


Samedi dernier, en revenant de la bibliothèque municipale où j'avais emprunté deux bouquins dont l'excellent "Lili Klondike" écrit par la plus que talentueuse Mylène Gilbert-Dumas, je m'arrêtai à l'atelier de mon amie Céline.

C'est toujours agréable de nous retrouver devant un café. Nous parlons littérature, travail, projets et il nous arrive aussi de refaire le monde. Cette fois-là pourtant, nous n'avons pas prolongé notre entretien plus qu'il ne le fallait. Le boulot nous attendait. Moi, c'était la finition de la robe de mariée de Sonia T. qui était venue en faire l'essayage il y a quelque temps. Céline, quant à elle, avait une multitude de réparations, certaines simples et d'autres compliquées, qu'il lui fallait livrer au cours de la prochaine semaine. Entre autres, elle me disait avoir quatre vestons qui lui "pesaient"; toutes des manches à raccourcir ou des épaules à rétrécir.

Outre les fermetures Eclair sur les pantalons ou les manteaux, les manches de veston sont parmi les réparations les plus longues à faire et les moins faciles. Mais moi, j'aime lorsque c'est un peu plus difficile, lorsque qu'il faut utiliser son système "D" et faire preuve d'ingéniosité. Car la clientèle qui désire faire modifier ou réparer ses vêtements veut que ce soit impeccable et surtout, surtout, que ça ne coûte pas cher…

Je suis donc revenue chez-moi avec les fameux vestons et c'est ce matin que je me suis mise à la tâche. Cela devait bien faire 15 ans que je n'avais pas fait des modifications ou des ajustements sur des vêtements que je n'avais pas moi-même conçus; par conséquent, je décidai de commencer par les moins compliqués, histoire de me réchauffer en prévision de ceux qui me donneraient du fil à retordre.

Hum… il faut se méfier de ce qui nous semble à première vue évident! La seconde veste à laquelle je m'attaquai fut celle qui fut la plus complexe, qui me prit le plus de temps et qui me fit m'interroger de très longues minutes (les cogitations ne sont pas facturables…). Vous avez déjà remarqué comment est fait l'ourlet d'une manche de veston pour homme? Non? Ça vaut la peine que vous regardiez ça de plus près… Pour ma part, je n'avais jamais eu à en raccourcir de ce genre là. Ma perplexité atteignit un sommet lorsque j'eus décousu et séparé la doublure du tissu principal. J'aurais eu besoin d'un café bien fort et de 2-3 gélules de Ginkgo Biloba mais je n'osais interrompre le travail de mon cerveau qui faisait des plans, les défaisait, élaborait une nouvelle stratégie pour aussitôt la rejeter. Finalement, il me fallut 80 longues mais Fée-briles minutes, pour que les manches soient raccourcies de 4 cm, recousues, dont une partie à la main, repassées et que les boutons qu'il m'avait fallu retirer, aient repris leur place. Le résultat? Bien, très bien même!

Fière de mon exploit, il ne me restait plus qu'à me retrousser les manches pour les deux dernières vestes qui, elles aussi, révélèrent de truculentes complexités…

C'est Céline qui sera soulagée demain; elle avait promis à sa cliente que les vestons seraient prêts vendredi matin!




"Vous ne sauriez croire avec quelle facilité l'impossible se fait dès qu'il est nécessaire."
Anatole France (1844 – 1924)

1 commentaire:

Zoreilles a dit…

C'est drôle comme nos métiers sont différents et pourtant, il y a des similitudes vraiment frappantes quant à l'attitude qu'il faut adopter parfois pour passer au travers!

Après un travail particulièrement complexe, la fierté que l'on ressent est aussi la même.