vendredi 29 janvier 2010

Introduction sans effraction ...


«Il y a quelqu’un?» lançai-je par la porte entrouverte?

«Y a-t-il quelqu’un?», répétai-je un peu plus fort en m’avançant dans l’embrasure. Ma voix résonnait entre les murs de l’appartement vide. Mais l’était-il vraiment? Sincèrement, je l’espérais. J’hésitai à entrer, mais d’un autre côté, il fallait que j’en aie le cœur net. Comme il n’y avait pas de carpette, je déposai le pied sur les lattes de bois et retirai une botte neigeuse, puis la seconde avant de refermer la porte.

«Hou! Hou!», fis-je en m’avançant dans la grande pièce qui faisait office de salle à manger et de salon, mes chaussures dans une main. Un poste de radio était allumé quelque part. Je jetai un coup d’œil dans la minuscule cuisine à ma droite: personne.

Je retournai dans le salon et empruntai le corridor qui menait vraisemblablement aux chambres.

«Ho! Il n’y a personne?”, dis-je d’une voix de moins en moins assurée, regrettant de ne pas avoir apporté mon cellulaire, un bâton ou ma poivrière remplie de Cayenne.

En face de moi, une porte vitrée était fermée et, au travers, je ne vis rien de suspect. Au bout du corridor, à droite, j’aperçus une baignoire ancienne dont le contour avait été repeint en brun. Elle était heureusement vide tout comme la pièce. Puis soudain, un bruit me fit sursauter. Je n’eus que le temps de faire un pas en arrière, qu’une forme noire surgissait d’une chambre à ma gauche, pour disparaître dans le salon.

«Y a-t-il quelqu’un?», criai-je une dernière fois avant de rebrousser chemin. J’hésitai un instant et, des yeux, je balayai la table à la recherche d’un bout de papier et d’un crayon. Ne trouvant ni l’un ni l’autre et n’ayant pas trop envie que la propriétaire des lieux me découvre dans sa salle à manger, je sortis précipitamment, sans toutefois verrouiller la porte.

De retour chez moi, et après quelques recherches sur internet, je signalai un numéro et laissai ce message sur une boite vocale.

«Bonjour Madame L., j’habite en face de chez vous. Vers 10h45 j’ai aperçu la porte de votre maison grande ouverte et comme c’était plutôt étrange, je suis allée voir de quoi il en retournait. D'ailleurs, vous remarquerez l’empreinte de mes pas sur votre galerie et, j’en suis désolée, deux petites flaques de neige fondue sur le parquet de votre salle à manger. Ah, oui, j’ai croisé un chat noir dans votre maison ; j’espère que c’est le vôtre…»

Mon esprit fertile avait imaginé un tas de scénarios, passant du cambriolage au braquage à domicile, de l’attaque cérébrale à la jambe cassée et de l’amnésie à la maison hantée. Heureusement, je n’eus à effectuer aucune manœuvre de réanimation, à simuler être ceinture noire en karaté, ni à appeler en renfort un exorciste ou des représentants de la force policière.

Dans cette aventure qui n’en est même pas une, les seules qui en conserveront peut-être des séquelles, sont les pauvres plantes qui ont passé un mauvais quart d’heure, si ce n’est davantage, près de la porte béante qui laissait entrer le froid de canard qui sévissait aujourd’hui.

1 commentaire:

Fitzsou, l'ange-aérien a dit…

Courageuse ma Fée... pas sûre que j'aurais fait l'inquisitrice à ce point...