mardi 9 mars 2010

Peinture dé-figurative ...


Du bout de mon pinceau le plus fin, j’ai prélevé un peu de bleu de Prusse que j’ai mélangé avec beaucoup de blanc Titanium. Il en résulta un blanc bleuté qui, une fois appliqué et ombré aux endroits que je crus judicieux, donna de l’étoffe à la chemise du personnage de mon tableau.

Un autre soupçon du bleu précédent déposé dans du jaune de Cadmium, auquel j’ajoutai du blanc, puis encore du jaune et un peu de bleu de Cobalt finirent par me donner un vert similaire à celui que j’avais conçu il y a plus d’un mois. Je m’en servis pour rétrécir la langue de Caillette, corriger la scoliose de l’agricultrice et faire disparaître ce qu’elle tenait fermement dans la main.

Cet après-midi, je passai trois heures en classe, à retoucher le ciel, à faire pousser la forêt, à peindre une ébauche de chapeau de paille et à concocter la couleur du visage, du cou et des mains de ma fermière. Mais le plus ardu reste à venir : reproduire des traits qui rappelleront, même vaguement, ceux de ma mère ou, du moins, d’un humain.

Malgré tout, j’apprends beaucoup … de mes erreurs. Entre autres, j'ai compris une fois pour toutes, qu’il ne faut jamais mettre la charrue devant les bœufs. Lorsque j’ai commencé ce tableau, impatiente d’en voir le résultat sur le champ, j’en remplis tout un de marguerites qu’il me fallut par la suite contourner. Il en fut de même pour l’hideuse et encombrante fourche, qu’on aurait dit «gossée» à même une épinette, que je décidai de supprimer. Par chance, un allié discret et bienveillant me mit sous le nez de quoi m’inspirer; cela m’aidera sans doute à donner du réalisme au nouvel instrument.

Avec mon talent latent, mes clients n’ont rien à craindre : ce n’est pas demain le jour où je me consacrerai au barbouillage de tableaux, les abandonnant à leurs robes trop longues, leurs boutons décousus et leurs pantalons troués.

À chacun son métier et les vaches seront bien … peinturlurées.



6 commentaires:

Anonyme a dit…

Voilà qui prend tournure !
Amicalement, discrétion et bienveillance...

ClaudeL a dit…

La peinture naîve, c'est un art aussi.
Et pas toujours obligé de faire un métier de nos plaisirs.

Fitzsou, l'ange-aérien a dit…

... suis d'accord avec M.Sobieraj (chez qui je suis allée zieuter d'ailleurs...)
Ce tableau te ressemblera: il aura ta simplicité et ta générosité! xoxo

Zoreilles a dit…

Ouiiiiiii, ce tableau te ressemble déjà et je l'aime!

Tu es une magicienne, toi, tu sais faire pousser la forêt? Je t'envie...

Très jolis, ton tableau et tes mots.

crocomickey a dit…

Je verrais bien cette image si naive dans mon dos !

Sally Fée a dit…

Ce qui est le plus agréable, peu importe le résultat, c'est l'apprentissage.

Celui des couleurs, des effets selon où on les applique et du maniement des pinceaux.

Nul doute que j'aurai envie d'expérimenter de nouvelles techniques et de faire des trucs que désapprouverait mon professeur. Je n'en suis pas à une erreur près!

Merci à chacun de vous pour votre gentil encouragement.