C’est la seconde fois, en l’espace de trois jours, que je chamboule mes habitudes. Après avoir tourné le dos à mon latte dominical, lui préférant une balade en forêt, voilà qu’aujourd’hui je fis l’école buissonnière au profit de la boutique de Chicoutimi qui recevra, à temps pour Pâques, les corsages que sa propriétaire m’avait commandés.
Il s’en est pourtant fallu de peu que je puisse à la fois expédier la boite et assister à mon cours de peinture. La maître de poste était à peser le colis à l’heure où j’aurais dû être installée devant un chevalet; n’eut été de mes pinceaux qui trempaient encore dans le solvant et de mon ventre creux, au sens littéraire hélas, j’aurais eu le temps de me précipiter au sous-sol de la bibliothèque quitte à être un peu en retard.
Mais le léger mal de tête qui menaçait de devenir gros si je n’avalais pas quelque chose et le temps qu’il m’aurait fallu pour regrouper mon matériel d’artiste dont je m’étais servi récemment, me convainquirent de sécher mon atelier de peinture.
Je décidai donc, histoire de ne pas perdre mon coup de pinceau, de m’attaquer à un autre projet que je ne cessais de remettre depuis trois ou quatre jours. J’ignorai le bleu de Prusse et le jaune Cadmium et m’emparai d’un marron foncé que je mélangeai avec une émulsion incolore. En observant la mixture, je me rappelai que la dernière fois, le ton n’avait pas été celui auquel je m’étais attendue. D’une main sure, je saisis un autre tube sur lequel il était indiqué Iroko et en pressai un jet, puis un second. Ensuite, à l’aide d’un large pinceau, je tentai vainement de faire disparaître les grumeaux qui s’étaient formés dans le magma au coloris chaud et inspirant.
Commença alors la longue tâche, qui d’ailleurs ne manqua pas de faire tache, visant à appliquer la couleur sans trop dépasser. Ma foi, c’était presque aussi difficile que l’exercice du «portrait à l’aveugle». Malgré tout, au bout d’une demi-heure, j’avais réussi à couvrir non seulement la surface repoussante, mais également une partie de mon bras droit ainsi que l’intérieur de mes oreilles. Et c’est là, dans la glace chichement éclairée de ma salle de bain, qu’une lueur d’inquiétude s’alluma dans mon regard perplexe … pourquoi diable, l’escompté marron foncé aux reflets cuivrés avait-il cette singulière et alarmante teinte rouge?
Même si trente minutes plus tard, les plus longues de
4 commentaires:
Heu, ...aura-t-on droit à un autoportrait photographique du résultat O:p
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L'insulaire a bien raison il aurait fallu une preuve visuelle de ce désatre. Je me souviens que Van Gogh s'était coupé l'oreille, il ne s'était pas contenté de seulement la maculer de peinture; mais je ne fais pas de proposition ici, simplement une constatation que l'auditoire des «Contes de Fée» se doit d'être nourrit de preuve visuellement agréable de l'artiste peinturlurée ';) juste revanche de la toile accoutumée à recevoir les coups du pinceau.
À la revoyure (à mon étonnement c'est un mot du dictionnaire), et joyeuse Pâque à tous.
Je quitte cet ordi. du café internet un peu tôt, il y a un mecque puant qui vient de s'installer tout à côté :-(
Crépuscule, au nez fin.
Tes expérimentations créatives sont rafraîchissantes, elles nous entraînent toujours ailleurs qu'on aurait pu croire.
T'es drôle, un savoureux mélange entre une fée et un clown!
@ Mon Insulaire;
Oups... j'avions oublié de me prendre en photo... C'est tipas dommage! Bah, je suis certaine que tu as en mémoire des images aussitanpires que celle que j'aurais pu prendre!
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@ Crépuscule;
Hum, solidarité masculine???
@ Zoreilles,
Tu n'avais pas cru aussi bien écrire... un mélange de Fée et de Clown; après le temps passé dehors aujourd'hui, à écrire des balivernes, mon nez en a la couleur!
;O)
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