Ça se passait hier. J’avais enfilé un chandail que je venais de coudre et je me préparais à aller voir ce qu’en disait le reflet du miroir, lorsque j’entendis une voix de femme.
- Hou! Hou!
Revenant sur mes pas, je découvris une inconnue dans ma salle à manger.
- Vous êtes Sally? Me demande-t-elle, avec un petit accent anglais.
Ça commençait bien, je connaissais la réponse!
-Oui, c’est moi. Lui répondis-je.
Et la dame de m’expliquer que c’était Denise, bénévole à la bibliothèque, qui lui avait conseillé de venir me voir pour une robe qui avait besoin d’être ajustée. Que c’était très simple comme réparation, que la robe n’avait pas de manches et que c’était les bretelles qui étaient trop longues. Bon…
Vraisemblablement, la gentille Denise n’avait pas cru utile de suggérer à son amie de téléphoner avant de débarquer chez moi. Heureusement, je ne portais pas mon vieux survêtement et j’avais eu le temps de me coiffer. La maison, elle, était dans un état relativement normal considérant les travaux en cours : des poils de chat jouaient à saute-mouton sous la table, de la poussière de plâtre recouvrait le buffet et l’escabeau de 8 pieds, qui sert à accéder au grenier, était appuyé à l'horizontale sur la chaise berçante près de l’entrée. De quoi mettre en confiance une nouvelle cliente…
Après avoir examiné la robe, j’informai la dame que je lui ferais l’ajustement sur-le-champ et qu’elle pouvait attendre. Pendant que je décousais, raccourcissais, surjetais, repiquais puis repassais le tout, elle me confia que sa fille allait se marier la semaine prochaine. Que son futur époux était d’origine indienne et qu’il y aurait deux cérémonies. Que pour la seconde, les femmes allaient porter le sari traditionnel. Sa fille lui avait offert de splendides pièces de soie et une couturière d’une ville voisine avait pour mandat de confectionner les corsages qui se portent en dessous, pour elle et pour deux invitées. Elle ajouta que c’était dommage qu’elle ne m’ait pas rencontrée avant, car elle aurait aimé me confier ce délicat travail.
Moi, je n’étais pas désolée; réaliser des vêtements sur mesure n’est pas ma tasse de thé. Habituellement, lorsqu’on me le demande, je dirige les gens vers une amie designer dont c’est la spécialité. Je fais toutefois exception pour Gabrielle, ma cliente qui est illustratrice. Avec elle, ce n’est pas une corvée, mais un plaisir.
La dame, donc, repartit heureuse avec sa robe sous le bras. Avant qu’elle ne s’en aille, je lui remis ma carte professionnelle en me disant que, comme elle aurait mon numéro de téléphone, elle pourrait dorénavant s’annoncer avant de venir faire des Hou! Hou! dans ma cuisine.
Et bien non. En fin d’après-midi, qui vis-je se profiler par la fenêtre de la porte principale? La dame à la robe. Je lui ouvris et, d’un air désolé, elle s'empressa de me dire :
- J’ai une panne!
-Oh! Non! Pas vrai? J’allais lui offrir d’utiliser mon téléphone ou, pourquoi pas, d’aller la reconduire chez elle.
Je n’y étais pas du tout! La panne n’était pas mécanique, mais humaine. La dame m’apprit que la couturière qui devait confectionner les trois corsages était tombée malade et qu’elle ne pourrait terminer le contrat. Elle me demanda, pleine d’espoir, si je pouvais m’en occuper; elle ajouta qu’il fallait que les vêtements soient terminés mercredi prochain. Elle était là, à attendre ma réponse, avec au fond des yeux comme une supplication.
Pendant ce temps, je réfléchissais. J’avais prévu partir demain matin pour Québec et ne revenir que dimanche soir ou lundi matin. Et puis c’était du satané «sur mesure», ce que j’aimais le moins faire, pour ne pas dire que j’abhorrais…
Zut… d'un autre côté, je ne pouvais la laisser en plan. Alors, j’acceptai et, par le fait même, reportai mon départ à vendredi.
Ce n’est que vers 11h30, aujourd’hui, que la dame m’apporta les coupons de soie, la doublure et un prototype de corsage commencé par la couturière qui s’était portée blême. Demain matin à 9 h, la dame reviendra, accompagnée d’Invitée-numéro-1, pour essayer la doublure que j’ai assemblée tout à l’heure, après avoir réalisé un patron à ses mesures. Je m’en servirai également pour l’essayage d’Invitée-numéro-2 qui passera sur l’heure du dîner. Il ne me reste qu’à souhaiter qu’il y ait que peu de modifications à faire au patron de la dame pour qu’il s’ajuste aux formes de ses deux amies.
Y a pas que le CAA qui fait du dépannage! Moi aussi, et vous n'avez même pas besoin d’être membres!
4 commentaires:
J'ai un ti trou dans ma chaussette du pied gauche, juste devant le gros orteil. J'arrive...ding dong!!!
Hum, il faudra couper vos ongles d'orteil, sinon vous vous ruinerez en reprisage!
;O)
You...You are pretty good. No, no, your good.
(clin d'oeil a Analyse this and analyse that. Je ne sais si tu as vu ces films.
Mais de l'expression d'un symptome tu sais aller à la source du problème
You are good. ;-)
Savais-tu que "non" en anglais c'est "no"???...
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