Après plusieurs jours passés à l’atelier, à me consacrer à la réalisation des trois corsages sur mesure, ce fut sans regret que j’en sortis. Vers midi, ayant mis la touche finale au dernier vêtement, je pus débrancher le fer, éteindre les lumières et refermer les portes derrière moi. Une autre se serait lancé dans le ménage ce qui, honnêtement, n’aurait pas été un luxe. Mais moi, plutôt, je décidai de m’accorder une pause et de profiter des 19 degrés annoncés. Sur la table, une tasse de thé fumant, mes jumelles et une grille Sudoku donnaient à ma terrasse un petit air de vacances. Le soleil était au menu, me dorant délicieusement les bras et colorant mon nez d’une jolie teinte vermeille.
Le temps, pétrifié, se mit à ralentir et consentit même à s’arrêter. J’en profitai pour observer les tourterelles, les mésanges et les geais bleus venir, tour à tour, casser la graine dans mon jardin. Pour regarder mon Jules, redevenir un chaton et tenter d’attraper des feuilles mortes soufflées par la brise ou grimper aux arbres, comme s’il avait un chihuahua aux trousses. Et pour constater combien la ciboulette avait poussé et le plantain, proliféré.
Cependant, après de longues minutes de flânerie, il fallut me résigner : je devais vraiment m’occuper de choses plus sérieuses, comme du terrain devant ma maison. Je n’en avais pas vraiment envie mais bon, il y a de ces obligations auxquelles il est difficile de se soustraire. Il faut dire que l’herbe y était scandaleusement longue, que des tiges séchées de phlox se dressaient, inélégantes et qu’une multitude de branches cassées jonchaient la pelouse qui donne sur la rue. Alors, je pris mon sécateur d’une main, mon râteau de l’autre et je m’attelai à la tâche.
Ainsi, au lieu de dévorer les six derniers chapitres de la Grotte aux fées de Marie-Bernadette Dupuy, je tondis la pelouse et raclai le terrain. Je dévissai les quatorze équerres fixées aux sept fenêtres et retirai les trois boites à fleurs qui avaient passé l’hiver à agrémenter les vitrines du devant. Je décrochai la vigne à raisin et la clématite de leurs supports afin que le peintre, qui viendra refaire une beauté à ma maison, ait le champ libre. Je déracinai une quantité étonnante de pissenlits, enlevai un amoncellement de feuilles mortes sur la parcelle de potager sauvage et balayai les dalles de l’ancien enclos des chiens, celles qui mènent au stationnement ainsi que les deux galeries. Des mètres de tiges traçantes de lierre terrestre furent arrachées et presque autant de vigne vierge, qui courrait à travers les plants de fraises. Ce n’est que vers 17h30 que je jetai les gants, satisfaite du travail accompli.
Une telle journée ne pouvait que se terminer en beauté : en début de soirée, au moment où je m’apprêtais à jeter des pâtes dans de l’eau bouillante, l’amie Claudine s’annonça. Son prétexte? Une jupe qu’elle voulait faire rétrécir à la taille. En réalité? Une envie de bavarder. Comme par hasard, il me restait une bonne bouteille de Puyfromage. Rien de mieux pour irriguer les conversations. De quoi avons-nous discuté? Mais vous êtes d’incorrigibles curieux! Bon, d’accord, puisque vous insistez. Nous avons parlé entre autres des …, davantage de… mais surtout de nos… Mais ça reste entre nous, promis?
2 commentaires:
Merci pour la visite guidée... le Château Puyfromage fut l'un des cinq vins sélectionnés au fil des ans, pour célébrer la réalisation de mon plan quinquennal de "camp de fille"... Je te défie de venir en déguster un avec moi dans le fin fond du P'tit Nord...
Pffff...
Je relèverai le défi, sois sans crainte.
PS: J'ai très hâte en plusse!
:O)
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