Après quatre jours de repos passés à l’intérieur, la pluie et le vent étant au rendez-vous, j’ai repris le collier hier après-midi. Lentement. Très lentement. Les dernières semaines avant mon départ pour Saint-Pierre et Miquelon avaient été plutôt chargées et j’avais une banque négative d’heures de sommeil à mon actif. J’ai profité du léger décalage horaire de deux heures entre l’archipel et chez-moi, pour réclamer le droit à un « snooze » supplémentaire le matin. Mais bon, hier soir je me suis couchée vers 22h00, heure du Québec alors que j’ai l’habitude de me mettre au lit davantage vers minuit ou 1h00. Donc ce matin je me suis dit qu’il était temps de me mettre au tempo des saint-pierrais et je me suis levée à 7h30, heure locale (oui-oui, 5h30 au Québec!).
J’ai profité que tous avaient pris le chemin du travail ou de l’école pour grimper au second étage et m’installer devant mon ordinateur. Hier après-midi, dans un sursaut de courage, j’avais retranscrit le premier jet de mon examen 5, série A. C’est entre deux autobus, le 15 novembre dernier, que j’avais jeté sur une feuille la base de l’histoire qu’il me fallait imaginer en utilisant 14 mots imposés.
Dans un texte d’environ 1000 mots, devaient se retrouver les suivants : Ours, colline, source, épinette, soleil, campement, fosse, collier, vert, fusil, plaine, bleu, chasseur, photographe.
Pour le plaisir, je m’étais imposée un défi supplémentaire : tenter d’en faire une histoire de Noël. Voici le résultat :
Il y a très longtemps, dans une lointaine contrée où le bleu du ciel était d’une grande pureté, s’était formée une petite communauté aux grands idéaux. Les hommes, les femmes et les enfants qui la composaient avaient adopté un style de vie qui aurait fait l’envie de plusieurs. L’emplacement qu’ils avaient choisi pour établir leur campement permanent ne l’avait pas été par hasard. Les Esquimaux de la région leur avaient appris que jadis, un grand chasseur s’y était installé et y avait vécu de nombreuses années, entouré de sa tribu. Ses exploits avaient été tels, que depuis des générations, on racontait sa légende.
Ce lieu était unique : au nord du cercle arctique, au milieu d’un paysage accidenté, la plaine avait été creusée par d’anciens glaciers. Encastrée ainsi, elle était à l’abri des vents dominants et, durant l’été, le soleil la réchauffait plus rapidement. Mais ce qui rendait le site encore plus exceptionnel, c’était la source qui jaillissait tout près, entre deux gros rochers et qui, l’été venu, colorait précocement de vert l’herbe qui poussait sur ses abords.
Lorsque la communauté avait découvert ce site exceptionnel et décidé de s’y établir, elle avait commencé par creuser une grande fosse au pied d’une colline recouverte d’une forêt de sapins et d’épinettes, afin d’y conserver ses provisions. Des tentes de toile avaient été dressées à proximité et durant les quelques semaines qu’avait duré l’été polaire, tous avaient uni leurs efforts pour ériger un premier bâtiment qui allait leur assurer, pendant les longs mois d’hiver, un abri contre la température glaciale qui pouvait parfois descendre à 32C sous zéro.
C’est en creusant qu’on avait trouvé, emprisonné dans le pergélisol, un collier fait de griffes d’ours, de segments de bois sculptés et de rondelles découpées dans des andouillers de rennes. Cet ornement devint l’emblème de la petite société; il démontrait que la patience et l’amour de l’artisan pouvaient éclore sous toutes les latitudes. C’est d’ailleurs cette découverte qui fit germer dans l’esprit de plusieurs, l’envie d’exploiter leurs talents d’ébéniste, de joaillier, de sculpteur, de couturière ou de modéliste. Celui qu’ils désignèrent naturellement comme leur chef, un homme bon et souriant, les dépassant tous de plusieurs têtes et portant une longue barbe neigeuse, leur soumit une idée qui allait transformer leur vie à tout jamais. Les aptitudes individuelles allaient devenir l’ingrédient principal d’une recette qui allait mener le groupe au succès et à l’autonomie. Les nombreux contacts dont bénéficiait, dans le pays et sur d’autres continents, celui qu’ils nommèrent affectueusement Père Noël, leur permit, pour leur grande joie mais aussi pour leur plus grand étonnement encore, d’obtenir des contrats qui allaient faire de cette communauté la plus reconnue et la plus respectée de la planète.
L’emplacement exceptionnel qu’ils choisirent pour établir leur campement, leur fournit les matériaux dont ils avaient besoin pour ériger les bâtiments et fabriquer tous les meubles nécessaires. Les sapins, les épinettes et les mélèzes qui poussaient à proximité leur procurèrent également une partie de la matière première pour leurs œuvres à venir. À l’aide de traîneaux tirés par des chiens, ils purent transporter les troncs d’arbres jusqu’à l’appentis où les charpentiers et les menuisiers les taillèrent avant de les assembler.
À force de persévérance et de nombreuses heures de travail pendant lesquelles chacun mit le maximum d’efforts, cette petite collectivité réussit à s’installer confortablement. D’ailleurs, à peine un an après son arrivée, une longue annexe fut ajoutée au bâtiment principal. À l’intérieur, on y construisit une immense table de travail autour de laquelle allaient bientôt s’affairer des artisans talentueux et impatients de se mettre à l’œuvre.
Dans cet atelier, on allait fabriquer principalement des jouets qui allaient être distribués aux enfants. Unanimement, on décida que seuls ceux qui étaient sages allaient en recevoir. C’est ainsi que se formèrent des équipes; certaines concevraient des jouets en bois : voiturettes, trains, chevaux, avions et animaux de ferme. D’autres allaient confectionner des poupées, des oursons, des lapins, des chats et des chiens en peluche. On voulut aussi réaliser des trains miniatures, des maisons de poupée et des petits personnages. Des bilboquets, des yoyos et des jeux de quilles s’ajouteraient à la liste. Mais nul fusil, pistolet ni aucune réplique de sabre ou même d’épée.
La compagne du chef, Mère Noël, suggéra qu’on aménage sur la mezzanine de l’atelier, un espace où seraient confectionnés des écharpes, des moufles, des chaussons de laine et aussi des manteaux et autres vêtements bien chauds. Les artisans les plus habiles auraient la tâche délicate de fabriquer les jolies robes qui allaient habiller les poupées.
Le jour où tout fut enfin en place pour que l’équipe puisse commencer la production des jouets et des vêtements qui seraient distribués peu après le solstice d’hiver, en fut un de grande réjouissance. Une fête avait été préparée par ceux et celles dont l’aide n’avait pas été requise pour terminer les travaux. On s’était affairé, des jours durant, devant les grands fourneaux qui laissaient échapper des parfums alléchants. On invita les gens du village voisin et tous arrivèrent bientôt les bras chargés de fourrure, de vin de baies sauvages et de menus cadeaux.
Parmi eux se trouvait un photographe, un étranger un peu excentrique qui était venu de très loin dans le but d’explorer cette région. Il réussit le tour de force, malgré la centaine de personnes et de bêtes présentes, d’immortaliser ce jour mémorable où on soulignait la persévérance, l’effort, l’ingéniosité et les liens qui les unissaient tous dans la réalisation de ce projet commun qui allait faire de leur communauté, un endroit unique et magique.
Depuis ce jour, dans le grand salon du Père Noël, on peut admirer la photo de l’immense atelier, devant lequel posent fièrement Mère et Père Noël, l’équipe des lutins, leurs amis esquimaux, ainsi que Rudolf, Fringant et les autres rennes ainsi que la quinzaine de fidèles chiens de traîneaux. Ainsi, pour toujours, on se souviendra que c’est grâce aux efforts de tous, du plus petit au plus grand, qu’un jour un rêve pu devenir réalité.
2 commentaires:
Enfin un récit anthropologique sur ce fameux ''Père Noël''... C'est beaucoup mieux qu'à la télé....
Magnifique travail ma chère Fée... Grâce à toi, je recommence à croire au Père Noël....
Le Scarabée
@ Le Scarabée:
Hum... attends de lire mon second texte (série B); tu t'empresseras de lui écrire à ce cher Père Noël!
:O)
Merci pour ton gentil commentaire!
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